La diplomatie tunisienne a réagi aux propos de Joseph Borrell, lequel redoute un «effondrement» du pays qui entraînerait «des flux migratoires» vers l'Union européenne. Tunis critique des propos «sélectifs» et «disproportionnés».
La Tunisie a rejeté ce 21 mars des propos jugés «sélectifs» et «disproportionnés» du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Le représentant européen avait averti la veille que la situation en Tunisie était «très dangereuse», évoquant même un risque d’«effondrement» de l’Etat susceptible de «provoquer des flux migratoires vers l’UE» et d’«entraîner une instabilité dans la région MENA» [Moyen-Orient et Afrique du Nord].
«Nous voulons éviter cette situation», avait ajouté le chef de la diplomatie européenne, qui parlait à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.
«Les propos prononcés sont disproportionnés tant au vu de la résilience bien établie du peuple tunisien tout au long de son histoire que par rapport à une menace migratoire vers l’Europe en provenance du sud», a réagi le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué.
«Ces propos sélectifs continuent d’ignorer toute responsabilité dans la situation qui a prévalu en Tunisie et ailleurs, notamment depuis 2011 et jusqu’au 25 juillet 2021», soit la période allant de la révolution qui a renversé l’ancien dirigeant Ben Ali à la décision de Kaïes Saïd de suspendre le Parlement et de dissoudre le gouvernement.
La réaction de Tunis survient alors qu’une délégation de l’UE est attendue ce 21 mars en Tunisie pour évaluer la situation dans le pays, en proie à une grave crise socio-économique et où l’opposition dénonce un recul des droits et des libertés et accuse le président de concentrer les pouvoirs.
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