Dans une tribune, le candidat à la présidence du RN souhaite que la proposition de loi constitutionnelle déposée par le député macroniste Sacha Houlié donne lieu à un vote, y voyant l'opportunité d'ouvrir un débat plus large sur l'immigration.
«Chiche !» : Jordan Bardella, candidat à la présidence du Rassemblement national (RN), a publié une tribune dans Le Figaro le 22 août dans laquelle il se dit favorable à un référendum sur le droit de vote pour tous les étrangers aux élections municipales, rebondissant sur la proposition de loi déposée le 2 août par le député Renaissance Sacha Houlié. Ce dernier – d’ailleurs critiqué par une partie de la majorité, dont Gérald Darmanin – avait expliqué vouloir mettre fin à une «discrimination» et propose de donner le droit de vote à tous les étrangers pour le scrutin municipal, alors que seuls les ressortissants de l’Union européenne résidant en France peuvent actuellement y participer.
Un cadeau inespéré fait à tous les communautarismes
Jordan Bardella s’oppose tant à la méthode choisie par l’élu de la majorité, qui illustre selon lui «le mépris de la majorité pour le débat démocratique», qu’au fondement d’une telle mesure, qui symboliserait «parfaitement l’objectif poursuivi par la macronie : déconstruire la nation française». Selon lui, octroyer le droit de vote aux étrangers extra-européens aux élections municipales serait «un cadeau inespéré fait à tous les communautarismes, à l’heure où l’assimilation et l’intégration ne fonctionnent plus», et «conduirait inévitablement à démultiplier les pratiques clientélistes et séparatistes que l’on constate déjà dans ce qu’on appelle pudiquement les “territoires perdus de la République”», notamment en Ile-de-France.
Jordan Bardella préfère pour sa part parler de «Républiques islamiques en miniature», dont il avait dénoncé la constitution en mettant en exergue la ville de Trappes, dirigée par Ali Rabeh, proche de la France insoumise : ces propos lui avaient d’ailleurs valu une mise en examen en février 2022. Reprenant le même raisonnement, le dirigeant du RN s’inquiète d’une multiplication de territoires de ce type : «Demain, combien de Trappes, combien de Roubaix, combien de Sarcelles, si le droit de vote des étrangers extra-européens aux élections locales était approuvé ?», s’inquiète-t-il. Jordan Bardella voit d’ailleurs, dans cette «manœuvre soudaine» d’un député de la majorité, la nouvelle preuve des liaisons dangereuses entre Renaissance […] et le groupe d’extrême gauche Nupes», alors que plusieurs personnalités appartenant à la coalition de gauche ont annoncé soutenir la proposition de Sacha Houlié.
Plus globalement, la proposition lui semble «en complète opposition avec les principes de la République française», qui lient la citoyenneté à la nationalité : les droits civils et politiques sont, d’après Jordan Bardella, associés «au partage d’une culture et d’une identité communes». Dès lors, poursuit-il, «il ne suffit pas de payer ses impôts ou de vivre à un endroit pour en devenir le citoyen: il faut bien plus que cela». Selon lui, la démarche de Sacha Houlié ne fait que traduire une politique «de dislocation méticuleuse» de la République menée par Emmanuel Macron, qui menace cette fois de «déposséder les Français du dernier droit exclusif qu’ils détiennent encore».
Fermement opposé à la proposition de loi, le candidat à la présidence du RN invite néanmoins la majorité et le gouvernement à aller« au bout de la démarche» en organisant un référendum sur le sujet, ce qui permettra d’organiser un débat bien plus large sur la réforme du code de la nationalité. D’après lui, «les chiffres records des naturalisations, qui vont de pair avec les chiffres records de l’immigration dans notre pays, témoignent d’un trop grand laxisme dans la délivrance de la nationalité française», ce qui conduit à intégrer au corps électoral français «des individus qui ne maîtrisent pas nos codes et ne partagent pas notre culture». Un tel débat permettrait aussi de se pencher sur la question du droit du sol, ainsi que le sujet de «la priorité nationale», afin de couper «les pompes aspirantes de l’immigration».
Pour être adoptée, la proposition de loi déposée par Sacha Houlié devrait nécessairement passer par référendum en raison de sa nature constitutionnelle, et du fait que la réunion du parlement en Congrès n’est prévue par l’article 89 de la Constitution que par l’initiative du président de la République, et donc d’un projet de loi.
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