En annonçant le 11 février sa volonté de supprimer le droit du sol à Mayotte, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a provoqué de nombreuses réactions à droite, où les principales forces d’opposition se sont prononcées en faveur d’une extension à la métropole.
«Le droit du sol est une pompe aspirante […] Il faut le supprimer partout en France !» Sur le plateau de France 2 ce 12 février, le président de Reconquête Éric Zemmour a réagi à l’annonce, la veille, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de la suppression du droit du sol à Mayotte.
L’ancien candidat à la présidentielle, qui a fait de la question migratoire le thème majeur de son entrée en politique, a par ailleurs assimilé ce droit du sol à «une arme majeure de l’invasion de la France par l’Afrique».
Depuis l’annonce du ministre de l’Intérieur, l’ensemble des partis de droite se sont positionnés. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a ainsi affirmé sur les ondes de France Info qu’il s’agissait d’«un bon début», avant de rappeler que cela faisait 20 ans que sa formation proposait cette mesure «pour l’intégralité du pays». «La situation est extrêmement mal engagée», a-t-il ensuite ajouté. Celui qui est tête de liste aux élections européennes estime par ailleurs que le ministre de l’Intérieur «est allé à Mayotte constater l’échec de sa propre politique», rappelant l’échec de l’opération «Wuambushu» en avril 2023, qui avait vu la destruction de 400 habitations dans les bidonvilles de l’archipel.
«Ce qui se passe à Mayotte risque de toucher demain la France métropolitaine»
Le chef de file des Républicains aux élections européennes François-Xavier Bellamy s’est lui montré critique sur les déclarations d’un ministre qui, «il y a quelques mois» encore, estimait «qu’il n’était pas question» de toucher au droit du sol sur l’île alors que sa formation le demandait, citant notamment le député Mansour Kamardine, élu de la deuxième circonscription de Mayotte, qui s’était prononcé à de nombreuses reprises pour cette disposition. Ce dernier défend par ailleurs l’idée selon laquelle ce changement juridique n’implique pas une modification constitutionnelle.
Aménager l’article 73 de la constitution garantira la constitutionnalité de la suppression du droit du sol à #Mayotte. Pour mémoire le droit de la nationalité relève du droit ordinaire, non du constitutionnel et l’égalité des citoyens s’applique aux citoyens et non aux étrangers https://t.co/siMsVQCqMv
— Mansour KAMARDINE – Officiel (@Kamardine_M) February 11, 2024
Le président des Républicains Éric Ciotti a lui directement demandé la suppression du droit du sol pour l’ensemble du territoire. «Ce qui se passe à Mayotte risque de toucher demain la France métropolitaine», a-t-il argué.
Le parti de droite s’est montré particulièrement actif sur la question. Ainsi, la sénatrice Valérie Boyer a-t-elle dénoncé les annonces du ministre de l’Intérieur qui va «supprimer sur le droit du sol» mais, «en même temps», supprimer les visas territoriaux, donc subventionner les charters de migrants de Mayotte vers la Métropole».
Mayotte ou le nouvel Lampedusa au milieu de l’océan indien … supprimer sur le droit du sol mais « en même temps »supprimer les visas territoriaux donc subventionner les charters de migrants de Mayotte vers la Métropole : encore une folie macronienne
STOP ! https://t.co/rPhH578p8W— Valérie Boyer (@valerieboyer13) February 12, 2024
Quelques voix dissonantes
Si les droites semblent unanimes sur la question, la députée (Liot) de la première circonscription Estelle Youssoufa a de son côté salué la mesure du ministre mais s’est insurgée contre les «querelles politiciennes en extrapolant la suppression du droit du sol à Mayotte sur son hypothétique application dans l’Hexagone»… avant toutefois de supprimer son tweet dans la matinée.
À gauche, le député insoumis Manuel Bompard a lui fait savoir sur le plateau de CNews que «la remise en cause du droit par Gérald Darmanin ne réglera aucun problème. Depuis 2018, la loi sur l’acquisition de la nationalité est déjà différente à Mayotte par rapport au reste de la France, cela n’a rien changé».
Mayotte : tensions sur fond d’évacuation d’un camp de migrants