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En Espagne, la «loi trans» divise la gauche et les féministes

Féministes et socialistes se divisent sur la «loi trans» qui est sur le point d'être entérinée en Espagne. La mesure controversée permettra en autres de faire changer son nom et son genre sur ses papiers d'identité dès l'âge de 16 ans,

Le projet de loi sur les droits des personnes transgenres, soumis le 22 décembre au vote des députés espagnols, a créé une véritable fracture au sein de la gauche au pouvoir et du mouvement féministe.

Projet controversé du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) et du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez (issu du PSOE), cette «loi trans», comme elle est appelée en Espagne, passera ensuite au Sénat.

Si elle est adoptée comme prévu dans les prochaines semaines, elle fera de l’Espagne l’un des quelques pays au monde autorisant une telle autodétermination du genre via une simple déclaration administrative.

Changement de nom et de genre possible sur les papiers d’identité dès 16 ans

«Les personnes trans et la communauté LGTBI ne peuvent plus attendre la reconnaissance de tous leurs droits. Nous n’allons pas accepter un seul recul», avait prévenu en octobre la ministre de l’Egalité Irene Montero, représentante de Podemos, en se disant prête à «laisser sa peau» pour faire adopter ce texte.

Photo d'illustration.

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Destiné, selon ses défenseurs, à «dépathologiser» la transidentité, il permettra concrètement de faire changer son nom et son genre sur ses papiers d’identité dès 16 ans, sans avoir à apporter un rapport médical attestant d’une «dysphorie de genre» ou la preuve d’un traitement hormonal.

Il prévoit également d’ouvrir cette possibilité aux 12-16 ans sous certaines conditions et notamment s’ils sont accompagnés par leurs représentants légaux. Un point qui a fait l’objet de longues négociations au sein du gouvernement.

Avancée majeure ou recul «anti-féministe» ? Ce texte, rejeté dans son intégralité par la droite, a en effet mis à jour des divisions entre partenaires de la coalition, mais aussi au sein du mouvement féministe.

Plusieurs figures féministes reconnues ont ainsi estimé que ce projet de loi portait atteinte aux droits des femmes et pouvait entraîner des problèmes pour les jeunes, suscitant en retour des accusations d’activisme «anti-trans» voire de transphobie.

Avec ce projet de loi, «on introduit un cheval de Troie au sein du mouvement féministe», estime ainsi auprès de l’AFP Lola Venegas, porte-parole de l’Alliance contre l’effacement des femmes, qui craint que l’autodétermination du genre n’entraîne un «recul brutal» des droits des femmes.

Divisions au sein des socialistes

Avec ce texte, des personnes de sexe masculin changeant de genre vont «pouvoir participer à des compétitions sportives féminines», mais aussi «entrer dans des prisons pour femmes» ou «dans des centres pour femmes violées». On ne peut pas laisser «les gens s’autodéterminer», insiste-t-elle.

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Les opposants au texte s’inquiètent également du droit à l’autodétermination octroyé aux moins de 16 ans. Ce dernier nécessite en effet le feu vert de la justice entre 12 et 14 ans, mais pas entre 14 et 16 – au grand dam du PSOE, qui avait introduit un amendement en ce sens, finalement rejeté.

A l’intérieur même du PSOE, le texte a fait débat et donné lieu à des tensions, avec le départ surprise en octobre de la militante LGBT Carla Antonelli, première femme transgenre élue dans un parlement régional en Espagne, qui a claqué la porte du mouvement social-démocrate après des décennies d’adhésion.

«Le socialisme, s’il n’est pas courageux, n’est pas du socialisme», a-t-elle alors écrit sur Facebook, exprimant «une profonde déception» vis-à-vis du parti de Pedro Sanchez face au «cauchemar dantesque» de la «transphobie».

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