France

Envoyer plus de jeunes vacances : le «pass colo» d’Aurore Bergé ne passe pas

Après les chèques énergie et alimentaire, la nouvelle ministre des Solidarités Aurore Bergé a annoncé ce 27 juillet la mise en place d’un «pass colo» pour permettre aux enfants de partir en vacances. Une mesure décriée par les oppositions.

Une allocation de 200 à 350 euros par enfant. C’est le budget envisagé par la ministre des Solidarités et des familles, Aurore Bergé, pour permettre aux plus jeunes de partir en vacances. Dans l’émission Télé Matin de France 2, la nouvelle ministre est partie du constat qu’un enfant sur quatre ne partait pas en vacances et a ainsi proposé la mise en place d’un «pass colo» sous condition de revenus.

Cette mesure ne convainc pas les oppositions, qui y voient une nouvelle déclinaison des multiples chèques proposés par la majorité macroniste (chèque énergie, alimentaire…).

Qui aura accès au «pass colo»? Le site d’information Money Vox précise que cette mesure ne concernera que les 10/11 ans et cela à partir de l’été 2024. Une disposition de faible ampleur, donc, que certains n’hésitent pas à comparer aux investissements massifs réalisés pour le Service national universel (SNU), sorte de service civique souhaité par Emmanuel Macron.

Des oppositions pas convaincues et des trous dans la raquette

Jean-Baptiste Malaval d’Europe Ecologie-Les Verts fait ainsi le parallèle entre les 200 et 350 euros envisagés par la ministre et le coût du SNU évalué à 2 200 euros par jeune, avec un seul coût de l’uniforme à 194 euros. Des chiffres corroborés par un rapport législatif consultable sur le site du Sénat.

L’ancien candidat à la primaire de la droite et président du parti Via Jean-Frédéric Poisson interroge sur la nature des «colos» en demandant si le gouvernement envisage d’intégrer «l’éducation au sexe» et des «ateliers avec queers mutants et drag-queens». D’autres voient dans le déclin des colonies de vacances la marque de l’immigration, à l’image du sénateur Reconquête Stéphane Ravier qui interroge : «Colonies de vacances ou vacances colonisées ?»

Le journaliste Guillaume Besnard, d’Omerta, évoque pour sa part les raisons de la perte de vitesse des colonies de vacances en pointant du doigt le rejet de la «socialisation au grand air» et la rémunération des personnels. En outre, la mesure semble entrer en contradiction avec les propos tenus le 13 juillet par Gabriel Attal, encore ministre délégué chargé des Comptes publics, qui annonçait sur les ondes de RTL :«On va mettre fin à cette politique des chèques exceptionnels.»

Des pass et des chèques par à-coups

La proposition de la ministre Aurore Bergé répond à un mécanisme de subvention largement utilisé sous la présidence Macron. En 2019 était ainsi créé le pass culture : il consistait à donner 20 euros aux ados de 15 ans, 30 euros à ceux de 16 et 17 ans et 300 euros aux jeunes âgés de 18 ans. Le dispositif chèque alimentaire annoncé en 2020 et finalement appliqué seulement en 2023 vise lui à aider les ménages les plus modestes face à l’inflation.

Le chèque énergie a lui été créé en 2015 quand Emmanuel Macron était ministre des Finances de François Hollande. Il a été «renforcé» en 2019 après les premières mobilisations des Gilets jaunes. En 2021, le gouvernement a enfin lancé l’idée d’un chèque carburant qui a été effectif en 2023.

Le «pass colo», largement critiqué, fait néanmoins le bonheur de la confédération d’œuvres laïques «La Jeunesse au plein air», qui a salué cette mesure quand 5,6 millions d’enfants ne partent plus en vacances en France chaque année.

En 2017, le ministère de la Jeunesse et des Sports évaluait à 906 000 le nombre d’enfants partant en colonie de vacances, alors qu’ils étaient 1,4 million en 1995. La mesure annoncée par Aurore Bergé devrait elle être effective en 2024.

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