Le président turc souhaite rouvrir le débat de l'adhésion de son pays dans l'UE, mettant en avant son rôle de médiateur dans la crise ukrainienne. Entamées en 2005, les discussions sur cette question n'ont jamais abouti.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé le 22 mars à l’Union européenne (UE) de relancer les «négociations d’adhésion» avec Ankara. «Nous attendons de l’UE qu’elle ouvre rapidement les chapitres des négociations d’adhésion et qu’elle entame les négociations sur l’union douanière sans céder à des calculs cyniques», a déclaré le président turc au terme d’une rencontre à Ankara avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.
Ces déclarations surviennent alors que la guerre en Ukraine favorise le retour d’Ankara sur la scène internationale en raison des efforts de médiation qu’elle déploie : le 10 mars, les ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba s’étaient ainsi rencontrés en Turquie pour des discussions.
Les négociations sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE, démarrées en 2005, se sont enlisées ces dernières années du fait de tensions parfois vives avec Bruxelles sur de multiples fronts. La Commission européenne avait ainsi estimé, fin 2020, que les chances d’adhésion d’Ankara étaient «au point mort» à cause des décisions contraires aux intérêts de l’UE prises par ses dirigeants. «La Turquie a continué à s’éloigner de l’Union européenne, avec un sérieux recul dans les domaines de l’Etat de droit et des droits fondamentaux», déplorait la Commission dans un rapport sévère.
Les relations entre Bruxelles et Ankara s’étaient très fortement tendues après la tentative manquée de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016 et la répression touchant opposants et journalistes qui a suivi. Le président turc n’a pas été avare, de son côté, de critiques à l’égard de l’UE, l’ayant qualifiée entre autres d’«alliance de croisés» qui serait opposée par principe à l’adhésion d’un pays musulman.
Les chefs d’Etats et de gouvernements de l’UE se réunissent à Bruxelles le 23 mars pour un sommet de deux jours consacré aux conséquences de l’offensive russe en Ukraine, tandis qu’un sommet extraordinaire de l’OTAN doit également se tenir à Bruxelles le 24 mars. Le président turc a reçu, en l’espace d’une dizaine de jours, quatre dirigeants de pays de l’UE et de l’OTAN. Alliée de l’Ukraine et membre de l’Alliance atlantique, la Turquie s’efforce depuis le début de la crise en Ukraine de faciliter une médiation entre Moscou et Kiev, mais a refusé de s’aligner sur les sanctions occidentales visant la Russie.
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