France

Face au manque de soignants, le maire de Nevers mettra en place un «pont aérien» avec Dijon

Confronté à une grave pénurie de personnel au centre hospitalier, Denis Thuriot a choisi de recourir à une liaison aérienne avec Dijon afin d'acheminer des médecins. La mesure est selon lui moins onéreuse que le recours à des intérimaires.

L’annonce pourrait renvoyer à une grave crise humanitaire, voire à un conflit armé, mais concerne pourtant le centre rural de la France.

En annonçant la mise en place à la fin janvier d’un pont aérien entre sa ville et Dijon (Côte d’Or) pour acheminer des soignants, le maire de Nevers (Nièvre) Denis Thuriot a décidé d’employer les grands moyens face à la pénurie de personnel qui touche le centre hospitalier de sa commune, sur fond de crise généralisée du système de santé.

Des personnels en charge de la hotline du Samu à l'hôpital de Pontoise, le 1er juillet 2022 (image d'illustration).

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«Il y a une pénurie, comme malheureusement dans beaucoup d’endroits en France, qui s’affirme», a expliqué l’édile au micro de Sud Radio, justifiant le recours au transport aérien par les attentes «des jeunes médecins, qui veulent rentrer le soir chez eux».

Or, la liaison avec Dijon par la route est beaucoup plus longue avec presque trois heures, et le voyage en train prend également trop de temps, d’autant plus qu’aucun ne circulera entre juillet 2023 et mars 2024 pour travaux, ce que le maire ignorait avant de prendre sa décision, mais «la justifie d’autant plus» selon lui. En comparaison, le vol entre Dijon et Nevers ne prend qu’environ 35 minutes.

«L’idée, c’est de favoriser l’accès aux hôpitaux de notre territoire», avait déjà expliqué sur France Info le maire, élu sous l’étiquette La République en marche, qui a décidé de mettre en œuvre, à compter du 26 janvier, cette idée déjà formulée en juillet dernier, selon Le Journal du Centre. Le centre hospitalier de Nevers manque «d’une cinquantaine de médecins et au moins 35 infirmières», avait estimé auprès de l’AFP Patrick Bertrand, président de la Commission médicale du centre hospitalier de Nevers, d’où le recours à cette solution inédite.

L’élu entend diminuer le recours aux «mercenaires» de la santé

Celle-ci a également un coût, estimé par Denis Thuriot à 5 200 euros aller-retour, soit environ 670 euros pour chacun des huit passagers qui emprunteront le petit avion en provenance de Dijon. «Aujourd’hui, quand je recrute un intérimaire hors conventionnement […] c’est au moins 1 000 euros, voire 2 000 ou 3 000 euros la vacation», a-t-il détaillé, n’hésitant pas à qualifier de «mercenaires» les soignants intérimaires qui viennent chercher des vacations à la journée grassement rémunérées.

Interrogé sur les inévitables critiques des écologistes contre ce recours au transport aérien, Denis Thuriot a affirmé qu’il faut éviter la «démagogie» à ce sujet. «Quand un avion décolle pour transporter une personne gravement blessée […] ou des organes, je n’entends personne râler», a-t-il fait valoir. Il a précisé que son initiative est appuyée par plusieurs autorités de santé et que, si elle concerne dans un premier temps les spécialistes (cardiologues, pneumologues, dermatologues, gynécologues), elle vise à envoyer un message plus large à la médecine libérale, afin de favoriser l’attractivité de la ville de Nevers.

Le département de la Nièvre, essentiellement rural, est comme d’autres sinistré sur le plan de la santé : 15 à 20% des patients n’y disposent pas de médecin traitant, on y compte qu’un généraliste pour plus de 2 000 patients, contre 854 au niveau national. Lemoine, président du Conseil de l’Ordre des médecins du département, a évoqué auprès de l’AFP une situation de «catastrophe sanitaire» susceptible d’entraîner des décès parmi la population, faute de pouvoir recevoir des soins en temps voulu.

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