L'ancien directeur de Frontex, l'agence de l'UE chargée du contrôle des frontières, a annoncé le 17 février rejoindre le Rassemblement national pour les élections européennes de juin, sur laquelle il figurera en troisième place.
«Le RN possède un plan concret et la capacité de le réaliser. Nous sommes déterminés à combattre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais plutôt comme un projet: je peux en témoigner», a déclaré Fabrice Leggeri dans un entretien au Journal du Dimanche publié le 17 février au soir.
«Les élections européennes du 9 juin représentent une opportunité unique de remettre la France et l’Europe sur le droit chemin», a-t-il ajouté .
Ce haut fonctionnaire français de 55 ans a occupé de 2015 à 2022 la direction de Frontex. Il était régulièrement accusé par les ONG de protection des migrants de tolérer des refoulements illégaux de candidats à l’immigration et s’était imposé comme un défenseur de l’imperméabilité des frontières européennes.
«Mon objectif est de mettre mon expérience et mon expertise au service des Français. Ayant dirigé Frontex près de sept ans et travaillé pour l’État pendant environ trente ans, notamment dans les domaines de la sécurité et de la gestion de l’immigration, cette décision est très cohérente», dit-il.
Jordan Bardella, tête de liste et président du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, est actuellement en tête de tous les sondages pour ce scrutin européen, autour de 30%, avec une dizaine de points d’avance sur la majorité du président Emmanuel Macron.
L’appoint de ce haut fonctionnaire est un signe de la volonté du RN d’étoffer son réservoir d’experts et de technocrates pour gagner en crédibilité afin d’exercer un jour le pouvoir. Sa leader Marine Le Pen est également en tête des sondages de premier tour pour la présidentielle de 2027.
Leggeri accusé d’avoir été «déloyal vis-à-vis de l’Union européenne»
Fabrice Leggeri avait démissionné en avril 2022 de la direction exécutive de Frontex après l’ouverture d’une enquête disciplinaire de l’Office européen de lutte antifraude, Olaf.
Le haut-fonctionnaire était visé par un rapport non public de cet organisme qui, selon des informations de presse, lui reprochait de «ne pas avoir respecté les procédures, de s’être démontré déloyal vis-à-vis de l’Union européenne» et d’être responsable d’un «mauvais management personnel».
«Concernant ces accusations, il est important de noter que ni le Parlement européen ni le conseil d’administration de Frontex n’ont trouvé de preuves concrètes les étayant», affirme Fabrice Leggeri dans le JDD.
«Le gouvernement français m’a pressé de démissionner»
«En réalité, pour avoir voulu contrôler l’immigration, j’ai subi des pressions et j’ai ressenti un abandon général. Le gouvernement français m’a pressé de démissionner. L’Allemagne n’était pas encline à me soutenir. La Commission européenne, manifestement hostile à mon égard, souhaitait mon départ», a-t-il ajouté.
Basée à Varsovie, Frontex est l’une des agences politiquement les plus exposées de l’Union européenne. Rassemblant des garde-côtes et des garde-frontières, ses moyens ont été régulièrement renforcés pour faire face à l’afflux de migrants aux frontières européennes.
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