France

Emmanuel Macron confronté à l’échec du plan «Marseille en grand»

Emmanuel Macron est en déplacement surprise à Marseille au lendemain d’une opération anti-drogue «Place nette XXL», alors que 49 personnes sont mortes dans des narcomicides depuis janvier. Les riverains qui ont croisé le président ne lui ont cependant pas parlé du trafic. Le plan «Marseille en grand» patine.

Emmanuel Macron et le maire de Marseille, Benoît Payan.

Emmanuel Macron, à Marseille pour trois jours, lance l’acte II du plan «Marseille en grand»

«Le but, c’est de détruire les réseaux et les trafiquants» : Emmanuel Macron s’est ainsi adressé à une femme du quartier de La Castellane ce 19 mars, quelques heures après son arrivée dans la cité phocéenne. Le président de la République effectue une visite surprise dans la ville portuaire au lendemain d’une vaste opération contre le trafic de drogue.

Dans la matinée, Emmanuel Macron a déclaré sur les réseaux sociaux que se déroulait à Marseille et dans d’autres agglomérations du pays «une opération sans précédent […] pour porter un coup d’arrêt au trafic de drogue, assurer l’ordre républicain, faire “place nette”».

Le 18 mars, l’opération «Place nette XXL» a en effet mobilisé des effectifs de police à Marseille et doit se poursuivre plusieurs semaines. D’importantes organisations criminelles ont été visées au cours des dernières semaines, notamment les deux principaux gangs, DZ Mafia et Yoda.

Interpellé sur la précarité, la sécurité et la Palestine

Pour ce treizième déplacement à Marseille en seulement sept ans, le président a échangé avec des riverains qui ne lui ont pas parlé de la question des stupéfiants mais d’autres problèmes.

Ainsi, le président a-t-il vu une jeune fille lui demander si elle pourrait avoir une nouvelle maison alors que le problème du logement fait partie des enjeux du plan «Marseille en grand» lancé par Emmanuel Macron en 2021.

En déplacement surprise à Marseille mardi 19 mars 2024, le président Macron a rejoint les ministres de la Justice et de l’Intérieur au lendemain d’une opération anti-drogue « Place nette XXL ». Les riverains qui ont croisé le président ne lui ont cependant pas parlé du trafic.

Une mère de famille a également informé le président de sa volonté de quitter le quartier et son trafic, ce à quoi Emmanuel Macron a répondu : «Il ne peut pas y avoir de quartiers qui sont abandonnés.» Enfin, au volet international, une vieille dame a fait part de son inquiétude sur la situation à Gaza. La question palestinienne était d’ailleurs au cœur des préoccupations de nombreux riverains, dont l’un a évoqué le «deux poids deux mesures» entre le traitement du conflit entre l’Ukraine et la Palestine.

Le député de La France insoumise Thomas Portes a d’ailleurs réagi à cet échange et affirmé sur X (ex-Twitter) : «Emmanuel Macron ne fait rien pour stopper le génocide du peuple palestinien. Il protège l’État israélien par un silence complice.»

Le plan «Marseille en grand» patine

Le président a par ailleurs eu un échange houleux avec un jeune garçon et une dame sur le rôle des forces de police. Le jeune homme a ainsi asséné au président : «Calmez vos petits CRS», alors que son interlocutrice a accusé la police de lancer des bombes lacrymogènes à la sortie des classes.

Accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et du garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti, le président avait également à ses côtés la secrétaire d’État à la ville Sabrina Agresti-Roubache. Il devrait revenir dans l’après-midi sur son programme «Marseille en grand» qui, selon un rapport de la Chambre régionale des comptes, récemment révélé par Marsactu, souffre d’un manque de pilotage. Une critique reprise par le chroniqueur Joseph Macé-Scaron sur CNews qui estime que «pas un cinquième du budget n’a été dépensé».

Son déplacement était scruté de près alors que l’année 2023 a été meurtrière à Marseille où 49 personnes ont trouvé la mort dans des règlements de compte sur fonds de narcotrafic. «Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille», s’était inquiétée début mars Isabelle Fort, responsable du service «criminalité organisée» du parquet de Marseille, devant la commission sénatoriale d’enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogue en France. 

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