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France : «L’école de la République attaquée», un rapport sénatorial tire la sonnette d’alarme

Un rapport sénatorial publié ce 7 mars dresse un constat très sévère sur l’état de «l’école de la République». Insultes, agressions verbales et parfois physiques, menaces ou encore islamisme, plus de trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, les sénateurs s'inquiètent de l'état de l'enseignement dans le pays.

«L’école de la République est en danger» : c’est le constat sans appel du sénateur Laurent Lafon (UDI), lors de sa présentation du rapport sénatorial présenté ce 7 mars à la presse.

Avec le sénateur François-Noël Buffet (LR), celui-ci a présenté un document de 117 pages ainsi que «38 recommandations pour protéger l’école ainsi que l’ensemble du personnel qui y travaille et restaurer l’autorité de l’institution scolaire». Se donnant pour objectif de défendre la laïcité «à la française», les élus ont égrené les difficultés rencontrées dans les établissements français.

Le taux d’incidents graves augmente

Le rapport sénatorial avait été initié suite à l’envoi d’un courrier au président du Sénat Gérard Larcher par la sœur de Samuel Paty, comme l’a expliqué Laurent Lafon lors de la conférence de presse de présentation. 

Le premier constat est celui de la «violence endémique» pour laquelle les sénateurs estiment que «30 ans de politiques publiques ont tenté de trouver une solution, sans grand succès». Est ainsi constatée une augmentation du taux d’incidents graves dans les établissements scolaires du secondaire. Pour 1 000 élèves, il était ainsi de 12,3 lors de l’année scolaire 2021-2022 et est passé à 13,7 en 2022-2023.

La veille de la publication, le 5 mars, de graves échauffourées ont d’ailleurs eu lieu dans la ville de Cachan, dans le Val-de-Marne. Un événement auquel a réagi le sénateur Lafont sur le réseau social X (ex-Twitter) : «La tolérance zéro envers ces violences doit être notre ligne de conduite indiscutable.»

12% des élèves disent avoir vu une arme dans leur établissement

Le document évoque même un «phénomène généralisé». Près des deux tiers des établissements du second degré ont déclaré au moins un incident grave, alors que «12% des élèves» ont déclaré au rapport Pisa de l’OCDE avoir vu un élève avec un couteau ou une arme à feu dans leur établissement durant le mois précédant l’enquête. Le pourcentage d’enseignants du second degré concernés par «des menaces avec ou sans objets dangereux» est enfin estimé à 11,9% pour l’exercice étudié (2018-2019).

En outre, est pointée du doigt la «solitude des enseignants», expliquée notamment par la remise en cause de l’autorité de l’institution et par une «autocensure croissante» ainsi qu’une profession «ébranlée par les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard».

«Une remise en cause profonde de la laïcité»

Lors de la présentation du rapport, le sénateur Laurent Lafon a alerté sur une «hausse alarmante de nombre de remises en cause» des valeurs de la République. Un phénomène qui, selon lui, touche toutes les matières. Il estime également que la perception de la laïcité a changé et qu’elle est « désormais perçue par un nombre croissant et désormais majoritaire d’élèves comme une interdiction […] et un principe conçu contre les religions».

Il observe de surcroît un phénomène générationnel chez les jeunes enseignants «de plus en plus sensibles aux notions de laïcité ouvertes ou plurielles». Une vision de la laïcité qu’il qualifie lui-même de «remise en cause profonde de la laïcité telle que la République la défend». Le sénateur préconise ainsi de promouvoir la laïcité de manière «proactive».

Le rapport détaille de son côté les «contestations d’enseignement et les remises en cause des valeurs de la République au sein de l’institution scolaire», avec notamment la «contestation d’enseignement sur la naissance de l’islam», «la remise en cause de l’existence du génocide arménien» ou encore le «refus de faire un exposé sur la déconstruction du complot».

Parmi les préconisations des sénateurs, on retrouve un hommage tous les ans au mois d’octobre pour les enseignants assassinés, mais aussi faciliter la mise en place de dispositifs sécuritaires (caméras, liens avec la police) dans les établissements.

Samuel Paty était inquiet pour sa sécurité avant son assassinat, selon le rapport final d’enquête

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