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Gaza : la trêve prolongée, de nouvelles libérations attendues

De nouveaux otages aux mains du Hamas doivent être libérés ce 28 novembre en échange de prisonniers détenus par Israël, après la prolongation pour deux jours de la trêve dans la bande de Gaza qui offre un répit supplémentaire aux habitants du territoire palestinien dévasté.

Peu avant la fin de la trêve de quatre jours dans la bande de Gaza, les Etats-Unis et le Qatar ont annoncé sa prolongation jusqu’au 30 novembre, 5h GMT, afin de permettre la libération d’environ 20 otages et 60 prisonniers supplémentaires, soit un ratio d’un otage pour trois prisonniers comme les jours précédents. Le gouvernement israélien a reçu la liste de dix otages devant être libérés dans la journée, selon des médias israéliens.   

Cette pause des combats doit permettre en parallèle l’entrée de nouveaux camions d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée pendant sept semaines par l’armée israélienne en représailles à l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué une «lueur d’espoir […] au milieu des ténèbres de la guerre». Malgré l’arrivée via l’Egypte, depuis le 24 novembre, de centaines de camions chargés d’aide d’urgence, les besoins restent immenses et la situation humanitaire «catastrophique», selon un émissaire de l’ONU, dans le petit territoire où 1,7 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre.

L’accord de trêve négocié sous l’égide du Qatar, avec l’appui de l’Egypte et des Etats-Unis, a permis jusqu’à présent la libération de 50 otages détenus à Gaza depuis le 7 octobre, et de 150 Palestiniens écroués dans des prisons israéliennes. Dix-neuf autres otages, en grande partie des travailleurs étrangers en Israël, ont été libérés par le Hamas en dehors du cadre de cet accord.

Cisjordanie : un jeune Palestinien «tué par balle»

Mais en Israël, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, et son gouvernement restent soumis à une très forte pression de l’opinion publique, traumatisée par l’attaque du Hamas, qui exige le retour des otages. L’armée israélienne a estimé qu’environ 240 personnes avaient été enlevées le 7 octobre et emmenées à Gaza.

Les alliés occidentaux d’Israël ont eux aussi multiplié les appels à une extension de la trêve. Dans la nuit, 11 otages israéliens avaient été libérés de la bande de Gaza, dont trois ayant la double nationalité française, Erez et Sahar Kalderon, 12 et 16 ans, et Eitan Yahalomi. 

Les avocats de la famille Kalderon ont exprimé leur «immense joie», mais une joie «incomplète», car le père d’Erez et de Sahar reste aux mains du Hamas. Peu après, Israël a libéré 33 Palestiniens écroués dans ses prisons.

«Je ne peux pas décrire ce que je ressens. C’est une joie indescriptible», a déclaré l’un d’eux, Mohamed Abou al-Humus, en rentrant chez lui à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, où il a étreint sa mère, selon une équipe de l’AFP sur place. «C’est le meilleur sentiment au monde que d’avoir tous ses enfants autour de soi, à ses côtés», a-t-elle réagi.

Mais à Beitunia, en Cisjordanie occupée, où des prisonniers libérés sont arrivés dans un autocar blanc, les célébrations ont été de courte durée : un jeune Palestinien a été «tué par balle» lors de heurts avec les forces israéliennes, selon le ministère palestinien de la Santé.

Une trêve indéterminée

Peu avant la reconduction de la trêve, le bureau du Premier ministre israélien avait accepté d’inclure «50 prisonnières» parmi lesquelles Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne arrêtée début novembre, à la liste des Palestiniens susceptibles d’être libérés.

Pendant ce temps, les médiateurs s’activent en coulisses pour prolonger encore la trêve au-delà du 30 novembre, afin d’augmenter les libérations et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, dont l’entrée dans la bande de Gaza est soumise au feu vert d’Israël.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se rendra une nouvelle fois en Israël et en Cisjordanie occupée d’ici à la fin de semaine, pour rencontrer Benjamin Netanyahou et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il «insistera sur le besoin de continuer à fournir une aide humanitaire à Gaza, d’assurer la libération de tous les otages et d’améliorer la protection des civils à Gaza», a indiqué un responsable américain.

Côté israélien, l’armée et le gouvernement ont réitéré ces derniers jours leur intention de reprendre à terme les combats, afin de «détruire» le Hamas, «s’assurer que la bande de Gaza ne sera jamais une menace à la sécurité d’Israël et libérer tous les otages». Le gouvernement s’est d’ailleurs mis d’accord dans la nuit sur une rallonge «de guerre» de 30,3 milliards de shekels (7,5 milliards d’euros).

Gaza : des besoins «sans précédent», selon l’ONU

En Israël, 1 200 personnes, en grande majorité des civils, selon les autorités, ont été tuées dans l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas, inédite dans l’histoire du pays. 

En représailles, Israël a promis d’«anéantir» le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu’à la trêve.

Dans la bande de Gaza, 14 854 personnes, dont 6 150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées par les frappes israéliennes, selon le gouvernement du Hamas.

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, le territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre en état de siège total par Israël, et subit depuis de graves pénuries d’eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d’électricité. Plus de la moitié des logements de la bande de Gaza ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l’ONU.

«La situation humanitaire à Gaza reste catastrophique et nécessite l’entrée urgente d’une aide supplémentaire, et ce de manière fluide, prévisible et continue pour soulager les souffrances insupportables des Palestiniens à Gaza», a déclaré dans la nuit l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland.

Les besoins sont «sans précédent» dans le territoire, où «200 camions par jour pendant au moins deux mois» seraient nécessaires, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

«Nous souffrons, car nous n’avons pas de nourriture, pas d’eau, ils ne nous apportent aucune aide. Nos cinq enfants n’ont pas non plus de couches», a déploré Fouad Hara, un Palestinien originaire de la ville de Gaza, déplacé par les combats dans le sud du territoire.

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