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Gilets jaunes frappés dans un Burger King : la hiérarchie policière ne sera pas poursuivie

En 2018, lors de l'acte 3 des Gilets jaunes, une intervention policière musclée avait eu pour cadre un établissement de restauration rapide à Paris. En cas de procès, les deux responsables des forces de l'ordre ne comparaîtront pas.

Le commandant de la compagnie de CRS accusée de violences sur des Gilets jaunes dans un Burger King parisien le 1er décembre 2018 et son supérieur commissaire de police ont été placés sous le statut de témoins assistés dans cette procédure et ne comparaîtront pas en cas de procès.

CRS le soir du premier décembre 2018 aux alentours de l'Arc de triomphe (image d'illustration).

Gilets jaunes : trois CRS placés en garde à vue pour les violences du Burger King en 2018

Le 31 mars 2022, Gilbert S., 57 ans, s’est désigné dans un courrier à la juge comme responsable de l’intervention dans ce Burger King proche des Champs-Elysées, et a aussi ciblé Patrice R., 54 ans, commissaire et ce jour-là courroie de transmission des ordres de la préfecture de police.

Une douzaine de CRS étaient entrés dans le fast-food et avaient frappé plusieurs manifestants et au moins un journaliste, certains allongés au sol, à l’aide de matraques. La scène avait été filmée par plusieurs journalistes.

«Si des personnels doivent être mis en examen et renvoyés devant un tribunal, alors je mérite à l’évidence le même sort, tout comme les autres autorités présentes devant cet établissement et qui ont validé, au moins tacitement par leur inaction, le mode opératoire utilisé», a-t-il écrit, selon des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance ce 16 février.

La peur de «passer de vie à trépas», se défend un CRS

Dans ce dossier symbolique des manifestations des Gilets jaunes et proche de sa fin, neuf CRS ont été mis en examen depuis juin 2020 pour des violences aggravées sur les manifestants, dont le dernier, Frédéric P., le 26 janvier. 

Depuis le début de l’enquête, la compagnie basée à Chalon-sur-Saône présente son intervention comme indissociable du chaos de l’acte 3 des Gilets jaunes, avec à Paris des violences, d’importantes dégradations à l’Arc de Triomphe, l’éborgnement d’un manifestant par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) et, au Puy-en-Velay, l’incendie de la préfecture.

La juge d’instruction parisienne a accepté la requête du commandant de la CRS 43 en le convoquant, ainsi que Patrice R., pour des mises en examen pour «abstention volontaire d’empêcher des violences aggravées». Une journée durant, Gilbert S. a raconté en octobre un interminable face-à-face avec «l’insurrection» et la peur de «passer de vie à trépas».

Il a reconnu l’emploi par ses troupes dans l’après-midi de procédés «pas réglementaires» pour se défendre, annoncés par radio à sa hiérarchie : «Tirs tendus de lacrymogène, lancés en cloche de grenade de désencerclement, etc.»

L’un des responsables reconnaît une perte de «discernement»

D’après Gilbert S., l’intervention au Burger King n’est qu’un épisode de cette journée «la plus dure de sa carrière». Dans le restaurant, ses troupes sont «très rudes», pensant déloger des «pilleurs». Elles «ont perdu leur discernement», concède-t-il.

Qui aurait dû stopper l’intervention ? Lui et le commissaire, estime Gilbert S., qui se sent «responsable». «La hiérarchie a peut-être à endosser une part de responsabilité. Si j’avais été lucide, [les CRS] n’intervenaient pas», cède-t-il encore, alors que selon un de ses subordonnés, le capitaine Jérôme P., il a donné l’ordre d’intervenir. En interrogatoire en décembre, le commissaire Patrice R. évoque lui aussi la peur de mourir et un climat de «guerre», mais conteste «clairement» avoir ordonné de déloger les manifestants. 

Sur le moment, les violences identifiées par la justice lui apparaissent «quand même dans le raisonnable, vu ce qu’on a vu dans la journée». «Oui, [les CRS] y vont un peu fort, [mais] ça va vite, [il] y a l’effet tunnel, [et] plusieurs autorités [sont] imbriquées», se défend-il.

Gilbert S. et Patrice R. sont ressortis témoins assistés des interrogatoires : en cas de procès, ils ne comparaîtront pas.

Un an après les violences reprochées à la police dans un Burger King à Paris, où en est l’enquête ?

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