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Greenwashing ? La COP28 sera présidée par le PDG d’un géant pétrolier émirati

Le PDG de la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis a été désigné président de la conférence de l'ONU sur le climat prévue cette année dans ce pays riche du Golfe, suscitant de vives critiques parmi les militants écologistes.

Le ministre émirati de l’Industrie, patron du géant pétrolier ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company) et envoyé spécial pour le changement climatique, Sultan Ahmed al-Jaber, sera le premier PDG à présider une COP (la COP 28) selon un communiqué publié par l’agence de presse officielle WAM, le 12 janvier.

Des militants de Greenpeace et d'Extinction Rebellion devant un jet privé à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol, le 5 novembre.

Amsterdam : des centaines d’activistes écologistes investissent le tarmac de l’aéroport Schiphol

«Nous apporterons une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions», a promis Sultan Ahmed al-Jaber, cité dans le communiqué. «L’action climatique est une immense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable. Le financement est la clé», a-t-il ajouté. 

Le ministre émirati dirige la compagnie pétrolière nationale depuis 2016 mais aussi Masdar, l’entreprise émiratie d’énergies renouvelables. Cette double casquette lui vaut de nombreuses critiques de la part des militants écologistes.

«Cela va plus loin que confier au renard la charge du poulailler»

«La nomination de Sultan Ahmed al-Jaber à la présidence de la COP28, alors qu’il occupe le poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi constitue un conflit d’intérêts scandaleux», a ainsi réagi Harjeet Singh, de l’organisation Climate Action Network International, en dénonçant l’influence des lobbyistes des combustibles fossiles. 

Pour Teresa Anderson, d’ActionAid, «cela va plus loin que confier au renard la charge du poulailler».

Sous forme de moquerie, l’ONG internationale contre la pauvreté Oxfam ironise sur le fait qu’«une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, après la COP28, nous sommes en mesure de vous annoncer les présidents des autres sommets mondiaux pour les mois à venir», en dévoilant les visages de l’ancien préfet Didier Lallement ou le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen.

Pour le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, «cette décision est très inquiétante et crée un dangereux précédent, mettant en péril la crédibilité des Emirats arabes unis à accueillir la COP28». «Il n’y a pas de place pour l’industrie des énergies fossiles dans les négociations mondiales sur le climat», insiste-t-il.

Emirats arabes unis : un pays au double discours ?

Le pays du Golfe, qui figure parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, plaide pour une sortie progressive des hydrocarbures. Il estime toutefois à plus de 600 milliards de dollars (environ 554 milliards d’euros) par an les investissements nécessaires dans l’industrie pétrolière et gazière d’ici 2030, pour répondre à la demande.   

Les Emirats ont envoyé le plus grand contingent de lobbyistes de l’industrie à la COP27 organisée en novembre en Egypte.  Cette édition a permis l’adoption d’une résolution sur l’indemnisation des pays les plus pauvres pour les dégâts causés par le changement climatique. Mais elle n’a pas réussi à faire progresser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour maintenir l’objectif de limiter le réchauffement de la planète. Et la question d’une moindre utilisation des énergies fossiles a été à peine mentionnée dans les textes. 

Les Emirats arabes unis, quatrième pollueur mondial

Les Emirats ont connu, grâce au pétrole, une croissance fulgurante depuis les années 1970, mais ils cherchent à diversifier leur économie. 

Le pays – classé quatrième plus grand pollueur au monde par habitant en 2019 par la Banque mondiale – s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050, en misant sur les technologies de capture de carbone et les énergies vertes.    

Les Emirats sont «un investisseur majeur dans les énergies renouvelables chez eux et à l’étranger», a souligné l’ancien responsable du climat à l’ONU Yvo de Boer en apportant son soutien à Sultan Ahmed al-Jaber.   

La COP28 se tiendra à Dubaï en novembre et décembre.

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