France

La mobilisation contre la réforme des retraites fait ressurgir le spectre des violences policières

Alors que les images des forces de l'ordre molestant des manifestants contre la réforme des retraites fleurissent sur les réseaux sociaux, Gérald Darmanin a annoncé que onze enquête avaient été ouvertes par l'IGPN ces dernières semaines.

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux. Une femme, immobile et visiblement coincée contre un mur, recevant un coup de matraque dans le quartier de Châtelet ou encore un manifestant se voyant asséner un coup de poing au visage par un policier. Les grandes journées de mobilisation de ces dernières semaines contre la réforme des retraites ont débouché sur des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, ramenant le débat sur les violences policières au cœur de la société.

Onze enquêtes ouvertes par l’IGPN, selon Gérald Darmanin

Le 24 mars, sur Cnews, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que «onze enquêtes de l’Inspection générale de la police nationale [IGPN] sous l’autorité des magistrats [avaient] été ouvertes depuis une semaine».

Des policiers interpellent un manifestant sur la place de la Concorde à Paris, le 17 mars 2023 (image d'illustration).

Avocats, magistrats et personnalités de gauche dénoncent la répression des manifestations

«Il se peut que, individuellement, les policiers et les gendarmes, souvent sous le coup de la fatigue, commettent des actes qui ne sont pas conformes à ce qu’on leur a appris à l’entraînement et à la déontologie», a-t-il ajouté.

Selon l’AFP, citant une source proche du dossier, le parquet de paris a ouvert au moins trois enquête pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique.

La veille déjà, sur Twitter, la préfecture de police de Paris avait mis en ligne un message commentant une vidéo de ce qui est présenté comme un SDF, molesté par la police et qualifié par les forces de l’ordre de «gros lard» et de «sac à merde». «Des rappels à l’ordre fermes ont été effectués. Dans le cas d’espèce, une enquête administrative a été lancée par la Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité», avait fait valoir la préfecture.

La gauche dénonce une «dérive dictatoriale»

Plusieurs personnalités de gauche se sont saisies de ces clichés pour dénoncer les violences commises par les forces de l’ordre à l’encontre des manifestants. C’est le cas notamment de Louis Boyard, député du Val de Marne au sein de la Nupes, qui a accusé l’exécutif de «dérive dictatoriale» dans un message mis en ligne sur Twitter le 23 mars.

S’exprimant le même jour à l’Assemblée nationale à propos des manifestations non déclarées, Antoine Léaument, député de l’Essonne issu du même groupe à l’Assemblée nationale, a lui critiqué «la répression de ces manifestations par la matraque et par l’amende». 

Darmnin accuse «l’extrême gauche» de vouloir «attaquer la République»

De son côté, Gérald Darmanin a fait état le 24 mars de «457 interpellations» et de «441 policiers et gendarmes blessés» le 23 mars en France lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Il a affirmé en outre qu’il y avait eu «903 feux de mobiliers urbains ou de poubelles» à Paris lors de la manifestation.

Le cortège parisien place de la Bastille, le 23 mars 2023 (image d'illustration).

«Télé Versailles» : une historienne critique la couverture des manifestations par BFMTV (VIDEO)

Gérald Darmanin a souligné, selon lui, la «radicalisation» des manifestants en pointant du doigt la violence de «l’extrême gauche». «L’extrême gauche veut attaquer la République», a-t-il insisté, en estimant qu’il fallait «un message collectif de condamnation». «Le pays doit se réveiller et condamner l’extrême gauche et les factieux. Ils sont peu nombreux mais ils sont extrêmement violents», a-t-il poursuivi.

Malgré les nombreuses interpellations en marge des manifestations, notamment celle du 23 mars, il n’a cependant pas précisé combien de personnes avaient été poursuivies. A titre d’exemple, dans la nuit du 16 au 17 mars, 292 personnes avaient été interpellées en marge d’un rassemblement contre la réforme des retraites, donnant lieu à 283 classements sans suite. Une situation qui avait poussé le Syndicat de la magistrature à réagir pour souligner que l’autorité judiciaire n’était pas «au service de la répression du mouvement social».

Un député belge appelle son gouvernement à «condamner la répression» du mouvement social en France

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