L'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a atteint un «point de rupture», a mis en garde le 22 février son commissaire général Philippe Lazzarini, dans une lettre adressée au président de l'Assemblée générale de l'ONU.
«C’est avec un profond regret que je dois aujourd’hui vous informer que l’Agence a atteint un point de rupture, avec les appels répétés d’Israël à son démantèlement et le gel des financements de donateurs face à des besoins humanitaires à Gaza sans précédent», a indiqué le 22 février le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, dans une lettre adressée au président de l’Assemblée générale de l’ONU.
«La capacité de l’Agence à remplir son mandat donné par la résolution 302 de l’Assemblée générale est désormais gravement menacé», a ajouté le commissaire général de l’UNRWA dans cette lettre publiée sur X (ex-Twitter).
In just over four months in #Gaza, there have been more #children, more journalists, more medical personnel, and more @UN staff killed than anywhere in the world during a conflict.
It is with profound regret that I must now inform you that @UNRWA has reached a breaking point,… pic.twitter.com/JbQVk72avu
— Philippe Lazzarini (@UNLazzarini) February 22, 2024
L’UNRWA, créée par cette résolution adoptée en 1949, emploie quelque 30 000 personnes dans les territoires occupés palestiniens, au Liban, en Jordanie et en Syrie, où elle gère notamment écoles et hôpitaux.
L’Agence est au centre d’une controverse depuis qu’Israël a accusé 12 d’entre eux d’implication dans l’attaque du 7 octobre menée par le groupe islamiste palestinien Hamas qui a entraîné la mort de 1 160 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP.
«Je crains que nous soyons au bord d’une catastrophe monumentale»
L’ONU s’est immédiatement séparée des employés accusés et une enquête interne a été lancée. Le secrétaire général Antonio Guterres a également confié à un groupe indépendant présidé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna une mission d’évaluation de l’UNRWA et de sa «neutralité».
Mais même si «jusqu’à maintenant, aucune preuve n’a été partagée par Israël avec l’UNRWA», 16 pays ont suspendu leur financement, pour un total de 450 millions de dollars, a précisé Philippe Lazzarini, prévenant que les opérations de l’agence à travers la région «vont être gravement compromises à partir de mars». «Je crains que nous soyons au bord d’une catastrophe monumentale avec des graves implications pour la paix, la sécurité et les droits humains dans la région».
La guerre à Gaza a fait près de 29 500 morts selon le ministère de la Santé du Hamas, qui dirige ce territoire palestinien pilonné sans relâche et totalement assiégé par Israël. Les plus hauts responsables de l’ONU ne cessent de répéter que l’UNRWA n’est pas remplaçable à Gaza, où elle est la colonne vertébrale de l’aide humanitaire.
Alors que «pendant des décennies», cette agence principalement humanitaire «a comblé le vide créé par l’absence de paix ou même de processus de paix», Philippe Lazzarini a réclamé le «soutien politique» de l’Assemblée générale de l’ONU pour permettre la survie de l’UNRWA et une «transition vers une solution politique attendue depuis longtemps», ainsi qu’une réforme de son mode de financement, basé principalement sur des contributions volontaires.
Dans ce contexte, l’objectif de la mission «délicate» du groupe indépendant est de permettre aux donateurs de «retrouver confiance», a indiqué jeudi lors d’une conférence de presse Catherine Colonna.
«Mon but est de remettre un rapport rigoureux, basé sur des preuves et qui aidera l’UNRWA a accomplir son mandat», a-t-elle insisté, précisant qu’elle prévoyait de «faire des recommandations» dans le rapport final, attendu d’ici le 20 avril.
Guterres exhorte les pays ayant suspendu leur aide à l’UNRWA de «garantir» la poursuite de ses opérations à Gaza