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«Il a d’autres priorités» : le Kremlin répond au possible retrait de la Légion d’honneur de Poutine

Le porte-parole du Kremlin a réagi aux propos d’Emmanuel Macron, selon lesquels il pourrait retirer au président russe la Légion d’honneur remise en 2006 par Jacques Chirac. Le président français dit vouloir choisir «le bon moment pour le faire».

«Je ne crois pas que ce soit un problème pour monsieur Poutine et que cela puisse devenir sa priorité. Il a d’autres priorités, que les citoyens russes connaissent très bien» : lors d’un point presse le 10 février, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi à l’annonce d’Emmanuel Macron selon laquelle il pourrait retirer à Vladimir Poutine sa Légion d’honneur.

Jacques Chirac et Bachar el-Assad, en juin 2001 à Paris

Bachar el-Assad rend sa légion d’honneur à la France, «esclave» des Etats-Unis

«Je ne m’interdis rien pour le reste, mais ce n’est pas une décision que j’ai prise aujourd’hui. Elles sont toujours lourdes de sens et je pense qu’il faut apprécier le bon moment pour le faire», avait répondu à ce sujet le président français à un journaliste, à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles, dans la nuit du 9 au 10 février.

La veille, le président français avait remis à Volodymyr Zelensky, lors de son passage à Paris, la Grand’Croix de la Légion d’honneur. Il s’agit de la plus haute distinction qu’un président français puisse décerner à un homologue. «Un élément de justice et de reconnaissance de notre pays» à l’égard du président ukrainien, a expliqué Emmanuel Macron depuis Bruxelles.

Vers une «jurisprudence» Vladimir Poutine ?

Mais la cérémonie informelle de remise de la Légion d’honneur à Volodymyr Zelensky à l’Elysée, dont Emmanuel Macron avait tweeté une vidéo, a ravivé les demandes de ceux qui réclament que la France retire cette distinction à Vladimir Poutine.

Jacques Chirac avait remis en septembre 2006 au président russe la Grand’Croix de la Légion d’honneur. Cette décision avait immédiatement soulevé une polémique. «Une décision indigne de la France», s’était ému l’organisation Reporters sans frontières, qui avait notamment tenté en justice d’en priver le président russe.

Retirer la Légion d’honneur à Vladimir Poutine constituerait un précédent, jamais un chef d’Etat en exercice n’ayant encore été dépossédé de cette décoration. Mussolini, Ceaușescu ou encore Kadhafi sont tous morts avec leur décoration tricolore. Au printemps 2018, Emmanuel Macron avait lancé une démarche de déchéance contre Bachar al Assad, mais le président syrien avait pris les devants et rendu sa Légion d’honneur.

Le retrait de cette dernière à un décoré étranger n’est possible que depuis 2010 suite au cas de Manuel Noriega. Condamné pour blanchiment d’argent, cet ex-agent de la CIA et dictateur panaméen décoré en 1987 s’était vu retirer sa Légion d’honneur. Un décret avait été ajouté au code qui régit cette distinction.

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