Chroniques

La faim dans le monde n’est pas la pire menace alimentaire pour l’humanité

Il y a plus d’obèses que d’affamés dans le monde : cela peut sembler une bonne nouvelle, mais ce n’est pas le cas, souligne le journaliste américain Robert Bridge.

Cet article a été initialement publié sur RT International par Robert Bridge. Journaliste américain, il est l’auteur de Minuit dans l’Empire américain, qui décrit comment les entreprises et leurs serviteurs politiques détruisent le rêve américain.

 

La Journée mondiale de l’obésité a été célébrée cette semaine. Avec plus d’un milliard de personnes touchées dans le monde, l’obésité est désormais considérée comme plus dangereuse pour la santé mondiale que la faim. Les chiffres sont stupéfiants.

Au milieu du XXe siècle, un caméraman a pris une photo inoubliable en noir et blanc montrant des milliers d’Américains en train de se faire bronzer sur Coney Island, à New York. Ce qui frappe le plus sur cette photo emblématique, outre le nombre de plagistes, c’est l’absence de cellulite excessive dans les maillots de bain et les bikinis. Malheureusement, ces jours heureux sont révolus.

L’obésité touche aussi bien les riches que les pauvres

Alors que la faim touche principalement les pays pauvres, l’obésité représente un fléau unique, en ce sens qu’elle touche aussi bien les riches que les pauvres. Entre 1990 et 2022, les taux d’obésité dans le monde ont quadruplé chez les enfants et doublé chez les adultes, selon une nouvelle étude du Lancet (l’Organisation mondiale de la santé définit l’obésité comme le fait d’avoir un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 30 kg/m²).

Dans la liste des dix pays les plus touchés par l’obésité établie par l’OMS, il peut être surprenant de constater que de petites nations polynésiennes, les Tonga et les Samoa américaines, affichaient en 2022 la plus forte prévalence d’obésité chez les femmes, tandis que ces mêmes Samoa américaines et Nauru affichaient les taux les plus élevés chez les hommes. Sur ces îles paradisiaques, plus de 60% de la population adulte était cliniquement obèse. Parmi les autres surprises, l’Égypte qui occupe la dixième place en matière d’obésité des femmes, et le Qatar avec la dixième place au niveau de l’obésité chez les garçons.

Les États-Unis, poids lourds de l’obésité

Parmi les pays riches, les États-Unis représentent un poids lourd, se situant au dixième rang mondial pour l’obésité chez les hommes. Il est choquant de constater que le taux d’obésité des adultes américains est passé de 21,2% en 1990 à 43,8% en 2022 pour les femmes, et de 16,9% à 41,6% en 2022 pour les hommes, ce qui place cette nation de 330 millions de consommateurs de fast-food au 36e rang mondial pour les taux d’obésité les plus élevés chez les femmes et au 10e rang mondial chez les hommes. Pour comparer, le taux d’obésité chez les adultes au Royaume-Uni est passé de 13,8% en 1990 à 28,3% en 2022 chez les femmes, ce qui place le pays au 87e rang mondial, tandis que le taux d’obésité chez les hommes est passé de 10,7% à 26,9%, ce qui donne le 55e rang.

Chez les enfants, l’étude révèle que le taux d’obésité aux États-Unis est passé de 11,6% en 1990 à 19,4% en 2022 pour les filles (22e place dans le monde), et de 11,5% à 21,7% pour les garçons (26e place).

Compte tenu de la vitesse à laquelle la donne change chez les Américains, on pourrait prédire que les États-Unis domineront les classements dans quelques années seulement, engendrant ce qui pourrait être considéré comme une situation d’urgence nationale.

Une culture de la malbouffe

Rien de tout cela n’aurait dû être imprévisible. Après tout, à quoi s’attend une société qui n’est même pas capable de garer sa voiture et de faire quelques pas pour entrer dans un restaurant ? Et ce ne sont pas des soupes et des salades maison qu’ils commandent au guichet du service au volant. La malbouffe servie dans les fast-foods regorge de sodium permettant de prolonger sa durée de conservation, ainsi que d’acides gras saturés qui font augmenter le taux de cholestérol dans l’organisme, obstruent les vaisseaux sanguins et empêchent la circulation normale du sang, ce qui entraîne des maladies cardiovasculaires. Sans même parler du sirop de maïs à haute teneur en fructose que l’on trouve dans les boissons au cola.

Le véritable défi consiste toutefois à lutter contre l’obésité à une époque où tant de personnes sont devenues accros à une vie sédentaire, aux commandes en ligne. Il n’est probablement pas surprenant que les mêmes personnes qui exigent de la bouffe rapide et frite veulent également un remède facile.

Pas de pillule miracle

Les Américains, inquiets à l’idée de devoir s’acheter une nouvelle garde-robe, se sont tournés vers diverses pilules amaigrissantes, comme l’Ozempic, un antidiabétique détourné en pilule coupe-faim qui a notamment été décrié par quelqu’un comme Elon Musk. À cause de la baisse potentielle des profits de la malbouffe, la banque d’investissement Morgan Stanley a paniqué jusqu’à publier un livre blanc expliquant comment les pilules amaigrissantes pourraient faire baisser d’environ 3% la consommation d’aliments de grignotage par les Américains.

Mais les Américains ont-ils vraiment besoin d’un nouveau médicament pour lutter contre la surcharge pondérale, ou existe-t-il une meilleure solution, plus naturelle ?

En 2022, l’Organisation mondiale de la santé a adopté un plan de lutte contre l’obésité qui prévoit un certain nombre de changements dans le mode de vie, notamment la promotion de l’allaitement maternel, des restrictions sur la commercialisation d’aliments et de boissons malsains auprès des enfants, l’étiquetage nutritionnel et des normes d’activité physique dans les écoles.

Si l’OMS parvenait à rallier les Big Business à cette initiative, celle-ci pourrait avoir un impact.

Pourquoi les États-Unis ne trouvent pas assez de troupes pour nourrir leurs ambitions impériales

 

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