Alors que des journalistes ont révélé une «utilisation douteuse» des subventions accordées par le fonds contre le séparatisme crée après l'assassinat de Samuel Paty, une partie de sa famille a expliqué être «particulièrement heurtée».
Une partie de la famille de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un islamiste radicalisé, a déclaré le 4 avril être «particulièrement heurtée» par de récentes révélations sur une «utilisation douteuse des subventions dédiées» à un fonds contre le séparatisme créé après son assassinat.
Le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements
Dans un communiqué, elle explique être «particulièrement heurtée par les récentes révélations de France 2, concernant l’utilisation douteuse des subventions dédiées au Fonds Marianne […] et l’absence de contrôle de l’utilisation de ces subventions».
«Le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements», ajoute-elle.
Selon le communiqué, Virginie Le Roy, avocate d’une partie de la famille, a écrit à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Vie associative, et à Sonia Backes, secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté, «pour leur faire part de ses diverses interrogations».
Des subventions intrigantes
Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, avait annoncé en avril 2021 le lancement d’un «fonds Marianne pour la République», de 2,5 millions d’euros, visant à «financer des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes notamment sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne».
Une enquête conjointe de l’hebdomadaire Marianne et de France 2 diffusée le 29 mars a décrit une gestion de l’argent de ce fonds qui serait opaque, avec une liste de bénéficiaires tenue secrète.
D’après l’enquête, l’association qui serait son principal bénéficiaire, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), aurait utilisé ce fonds pour un site internet et des publications sur les réseaux sociaux très peu suivies, mais aussi et surtout pour salarier deux de ses ex-dirigeants.
Cela entrerait en contradiction avec les status de cette association, selon l’avocat de sa nouvelle direction, Cyril Fergon, joint par l’AFP.
L’un de ces deux ex-dirigeants, Mohamed Sifaoui, directeur de la communication du club de foot le SCO d’Angers mais aussi journaliste réfugié politique en France après avoir échappé à quatre attentats en Algérie dans les années 90, a annoncé sur Twitter «des procédures judiciaires à l’encontre de tous ceux» qui le diffament.
Au sujet du «fonds Marianne», j’ai décidé de lancer des procédures judiciaires à l’encontre de tous ceux qui me diffament.
De plus, je mets à la disposition de toute enquête administrative et/ou judiciaire informations et documents utiles et nécessaires pour rétablir la vérité.
— Mohamed Sifaoui (@Sifaoui) April 3, 2023
Le secrétariat d’Etat à la Citoyenneté a indiqué le 29 mars à l’AFP avoir saisi l’inspection générale de l’administration d’un audit sur la question.
Sollicité par l’AFP, le parquet de Paris a indiqué qu’un signalement au titre de l’article 40 du code de procédure pénale de Christian Gravel, président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), était à l’analyse.
Samuel Paty était inquiet pour sa sécurité avant son assassinat, selon le rapport final d’enquête