La diplomatie hongroise a annoncé un accord avec la Russie permettant d'augmenter son approvisionnement en gaz, conformément aux demandes formulées par Budapest au mois du juillet en prévision de l'hiver.
Le ministère hongrois des Affaires étrangères a déclaré le 13 août que les négociations avec la Russie avaient abouti à la conclusion d’un «accord» qui permettrait à Gazprom d’augmenter ses livraisons de gaz dans le pays via le gazoduc Turkstream qui approvisionne la Hongrie en passant par la Serbie.
«C’est le devoir du gouvernement hongrois d’assurer un approvisionnement sûr en gaz pour le pays, et nous sommes à la hauteur», a ajouté sur Facebook Tamas Menczer, un haut fonctionnaire du ministère. Il a fait savoir que jusqu’à fin août, 2,6 millions de mètres cubes supplémentaires arriveront quotidiennement par Turkstream, précisant que des négociations étaient en cours concernant le mois de novembre.
En juillet, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, s’était rendu à Moscou pour réclamer la livraison de 700 millions de mètres cubes supplémentaires, qui viendraient s’ajouter aux 4,5 milliards livrés chaque année à Budapest avant le conflit en Ukraine.
Dépendant à 85% du gaz russe, la Hongrie est farouchement opposée à toutes sanctions européennes sur l’énergie et est discrètement soutenue sur ce point par plusieurs autres pays qui craignent pour leur approvisionnement. Viktor Orban a également fait pression pour obtenir une exemption des sanctions de l’UE sur les importations de pétrole brut russe.
Winter is coming
Les pressions pour mettre fin définitivement à tout échange énergétique avec la Russie bouleversent l’Europe, beaucoup de pays en dépendant et les alternatives étant peu nombreuses.
«Si on regarde la situation sur le marché, on voit clairement – que ça nous plaise ou non, qu’on le veuille ou non – que sans les ressources de la Russie, il est impossible d’obtenir 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz. On peut rêver, on peut se faire des illusions, mais la réalité physique reste la réalité physique. Sans ressources russes, il est tout simplement impossible d’acheter une telle quantité de gaz supplémentaire en Europe», avait déclaré le chef de la diplomatie hongroise lors de sa visite à Moscou, disant redouter l’arrivée de la «période de chauffage».
«L’Europe doit se préparer à une rupture totale de son approvisionnement en gaz russe. C’est pourquoi les États membres se sont accordés pour réduire de 15% leur demande de gaz entre le 1er août et le 31 mars prochain », avait de son côté expliqué sur Twitter la Commission européenne le 7 août, accusant la Russie d’utiliser le gaz pour faire pression sur l’Europe.
L'Europe doit se préparer à une rupture totale de son approvisionnement en gaz russe.
C'est pourquoi les États membres se sont accordés pour réduire de 15% leur demande de gaz entre le 1er août & le 31 mars prochain ↓#REPowerEUpic.twitter.com/xbuoObsgm4
— Commission européenne 🇪🇺 (@UEFrance) August 7, 2022
Le 20 juillet, la Commission a présenté un plan baptisé «Economiser le gaz pour un hiver sûr» visant à cette réduction de consommation. Il a été validé par les pays membres de l’Union européenne le 26 juillet.
Mais les incertitudes demeurent et certains pays s’apprêtent à passer un hiver difficile. En Allemagne, qui dépendait à 55% du gaz russe avant l’opération militaire lancée par Moscou en Ukraine (35% en juin), et dont 50% des foyers dépendent du gaz pour le chauffage, des mesures sont déjà prises, comme la baisse de la température du chauffage à 19 degrés dans les bâtiments publics.
Craignant une pénurie de gaz, l’Allemagne limite la température de ses bâtiments publics à 19 degrés