La Pologne refuse de payer de nouvelles doses de vaccins anti-Covid. Le pays justifie ainsi sa décision ainsi par les stocks importants dont il dispose et la charge financière que représente l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens sur son sol.
La Pologne refuse de recevoir et de payer de nouvelles livraisons de vaccins anti-Covid, a annoncé le 19 avril le ministre polonais de la Santé, indiquant que son pays disposait toujours de 25 millions de doses non utilisées.
«A la fin de la semaine dernière, nous avons eu recours à la clause de force majeure et informé à la fois la Commission européenne et le principal fabricant de vaccins [Pfizer] que nous refusions de recevoir ces vaccins et que nous refusions également d’effectuer les paiements», a déclaré Adam Niedzielski à la télévision d’informations en continu TVN24. «Cette situation entraînera un conflit juridique. En fait il a déjà lieu», a-t-il ajouté. Il a par ailleurs souligné que le contrat portant sur les vaccins avait été signé «entre la Commission et les producteurs» et que son pays n’était pas directement partie à ce contrat.
«Nous sommes très déçus par l’attitude de la Commission et des producteurs», a encore indiqué Adam Niedzielski, ajoutant que son pays avait cherché en vain à étaler les livraisons sur plusieurs années et soulignant les coûts élevés des vaccins.
Selon lui, la Pologne, pays de 38 millions d’habitants, dispose toujours de 25 millions de doses de vaccins, alors que 67 à 70 millions d’autres ont été commandées. Actuellement, environ 51% des Polonais ont été entièrement vaccinés, 59% ont reçu une seule dose, et le taux de vaccination a fortement baissé, selon les données du ministère de la Santé.
La Pologne invoque la charge financière que représente l’accueil de millions de réfugiés ukrainiens sur son sol
«Le contrat que nous avons conclu avec une seule société s’élève à six milliards de zlotys (1,3 milliard d’euros) jusqu’à la fin de 2023, et cette année il s’élève à plus de 2 milliards», a-t-il déclaré, ajoutant que la Pologne se trouvait actuellement sous pression financière en raison de l’afflux de réfugiés ukrainiens. «Nous estimons donc également qu’à l’échelle de l’UE, nous sommes en droit d’attendre que des instruments spéciaux, qui nous donneront au moins plus de flexibilité dans ces contrats, soient conçus pour nous», a-il déclaré.
A Bruxelles, la Commission européenne a indiqué avoir été informée de la décision de Varsovie. «Les Etats membres sont liés par leurs obligations contractuelles mais la Commission comprend bien sûr la position difficile dans laquelle se trouve la Pologne et continuera à faciliter les discussions entre le gouvernement polonais et le fabricant afin de trouver une solution pragmatique à cette situation spécifique à laquelle est confronté le pays», a déclaré le 19 avril Stefan De Keersmaecker, porte-parole de la Commission.
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