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«La Russie ne peut pas perdre» : le regard d’Orban sur l’avenir de l’Europe

Lors d'un discours à Zurich fin novembre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a dévoilé sa vision de l’avenir de l’Union européenne.

Cet article a été initialement publié sur RT en langue anglaise par Russian Market, blogueur financier basé en Suisse.

Au cœur de Zürich, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est exprimé dans un discours dont la résonnance a dépassé les grandes salles de réunion pour se propager à tout le paysage politique européen.

Fin novembre, le discours prononcé lors du jubilé du magazine suisse Die Weltwoche est apparu comme une analyse géopolitique en profondeur, une ode à la résilience économique de la Hongrie, et un plaidoyer en faveur des alliances pragmatiques, en particulier avec la Russie. Ce discours, souvent étouffé par les grands médias, mérite pourtant d’être soigneusement analysé, tant il pourrait remodeler les contours de la politique européenne.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban avant d’assister à une table ronde du Conseil européen, à Bruxelles, le 14 décembre 2023 (photo d’illustration)

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Dans les couloirs où se discute l’avenir de l’Union européenne, l’affirmation d’Orban selon laquelle l’Europe a renoncé à son auto-détermination a touché la corde sensible. Sa critique de la transformation de la Commission européenne en organe politique dépourvu de la gouvernance nécessaire reflète le sentiment de ceux qui réclament un pouvoir fort.

L’appel du Premier ministre au retour de politiciens capables et d’envergure n’est pas sans évoquer le souvenir de l’époque où Helmut Kohl et Jacques Chirac commandaient aux destinées de l’Europe. Et Orban de noter à juste titre que leur absence dans l’exercice du pouvoir et la prise de décisions a laissé un vide que les bureaucrates ne sauraient combler.

Il affirme que l’Europe se trouve dans un état d’autonomie affaiblie, avec une part de PIB dans l’économie mondiale sur le déclin. Orban a frappé les esprits en annonçant une projection selon laquelle l’Allemagne serait le seul pays à se classer dans les dix premières économies mondiales – et encore, à la dixième place.

En abordant la crise migratoire, Orban a rappelé son opposition à la politique des «bras ouverts» de Merkel, plaidant pour la force, les barrières et le contrôle aux frontières. Si Orban comprend les souffrances endurées par les migrants, sa posture de fermeté met en exergue l’engagement de la Hongrie à défendre, au-delà de ses propres frontières, les frontières de l’Europe. Dans une analyse critique, il a souligné les manquements de l’Union européenne, mentionnant son incapacité à se dépêtrer du processus complexe d’élargissement, ainsi qu’à gérer les conflits régionaux.

L’Europe centrale : un bastion de pluralisme et de souveraineté

En positionnant l’Europe centrale (avec la Hongrie en chef de file) comme une région libérée de l’hégémonie progressiste, des batailles de coalitions et du piège de l’immigration, Orban a présenté ce qu’il appelle «le modèle hongrois» : un projet consistant à faire passer le travail avant le «social».

En mettant en avant sa politique familiale, les restrictions migratoires et son ouverture aux investissements, qu’ils viennent de l’Est ou de l’Ouest, la Hongrie se présente comme une nation qui fixe son propre cap, sans se laisser intimider par les directives de Bruxelles.

La détermination d’Orban à se protéger de l’immigration illégale et des charges financières aggravées par le manque de soutien de l’UE qui en découlent sont autant de témoins d’un engagement à préserver une autonomie face aux pressions extérieures.

Du pragmatisme en géopolitique

L’approche pragmatique en géopolitique d’Orban est certainement l’un des aspects les plus intéressants de son discours. En reconnaissant que l’Europe doit se préparer à de probables bouleversements en cas d’alternance politique aux États-Unis, Orban démontre sa capacité à comprendre un échiquier mondial en perpétuelle évolution.

Au sujet du conflit en Ukraine, l’appel d’Orban à un «plan B» et l’exhortation à une analyse plus réaliste de la situation défient directement les stratégies occidentales. Conscient des enjeux géopolitiques complexes, il a encouragé l’Europe à reconsidérer sa réponse. Le conflit aurait dû être circonscrit au niveau local. Au lieu de cela, il a été globalisé, ce qui est mauvais pour tout le monde, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Viktor Orban au Conseil européen le 14 décembre 2023.

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L’analyse par Orban du conflit en Ukraine est marquée du sceau du réalisme pragmatique. «Sur le champ de bataille, il est maintenant évident que l’Ukraine ne gagnera pas. La Russie ne peut pas perdre.» Cette simple analyse souligne la finesse avec laquelle Orban comprend la dynamique géopolitique en Ukraine. Il s’agit tout simplement de reconnaître la complexité des enjeux, en exhortant à réévaluer les stratégies et, faut-il le noter, à engager le dialogue avec Moscou.

Souvent critiqué, l’engagement diplomatique d’Orban vis-à-vis de la Russie révèle un dirigeant qui comprend la complexité des motivations de Moscou. Plutôt qu’une condamnation sans appel de la Russie, il invite à comprendre la Russie moderne, reconnaissant l’importance de la sécurité par le maintien de la stabilité. Un point de vue qui tranche avec celui exprimé dans les cercles politiques occidentaux. Cette démarche équilibrée pourrait faire office de pont en vue d’un dialogue avec la Russie, et d’une compréhension plus approfondie du rôle de la Russie sur la scène mondiale.

Orban a souligné ce qu’il considère comme une opportunité importante pour la Hongrie dans le contexte de la Chine. Il a mis l’accent sur la nécessité de coopérer avec Pékin, et a fait part de son désaccord avec l’idée selon laquelle il faudrait mettre la Chine hors du jeu économique européen.

Le soutien indéfectible d’Orban à l’ancien président Donald Trump a occupé le devant de la scène

En déclarant : «Je suis pro Trump», Orban a souligné la résistance de Trump aux courants politiques dominants. Et d’ajouter : «Seul le poisson crevé va dans le sens du courant, et ce n’est pas le genre de Trump.» Ce soutien témoigne de son admiration pour le concept «l’Amérique d’abord», qui correspond à l’engagement de la Hongrie à privilégier ses intérêts nationaux. Malgré son record européen de longévité en poste, Orban considère que son discours a été marginalisé par les médias dominants.

Il révèle cependant un chef capable de nager à rebours des forts courants politiques européens, mettant en avant la souveraineté nationale, le triomphe économique et le pragmatisme géopolitique, avec un tonitruant «mon pays d’abord».

Sa démarche diplomatique, en particulier son plaidoyer en faveur d’un dialogue ouvert avec la Russie, défie le discours ambiant, car il engage à une réévaluation des forces sur la scène politique européenne.

Tandis que nous déroulons soigneusement le fil du discours d’Orban, se dévoile une histoire qui s’oppose au statu quo, et qui montre à l’Europe la voie à suivre vers un avenir plus équilibré, plus diversifié et mieux adapté. Tel que présenté par Orban, le modèle hongrois émerge non seulement comme une expérience unique, mais encore comme un changement potentiel de paradigme dans la manière avec laquelle le leadership européen est perçu et exercé.

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