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L’accord de libre-échange UE-Nouvelle-Zélande suscite l’ire des agriculteurs et des oppositions

L'UE et la Nouvelle-Zélande ont conclu le 30 juin un accord de libre-échange qui suscite des craintes chez les éleveurs français qui redoutent une concurrence déloyale. Plusieurs personnalités politiques ont pointé les dangers de ce traité.

La Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern ont annoncé le 30 juin à Bruxelles la fin de quatre ans de négociations relatives à un accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande. Visant à accroître le commerce bilatéral entre les deux parties, l’accord, conclu au dernier jour de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, fait redouter une concurrence déloyale aux organisations professionnelles agricoles et a été dénoncé par des personnalités politiques de gauche et de droite.  

Selon L’Opinion, «l’Elysée a […] pesé de tout son poids dans la conclusion des négociations» relatives à ce traité. Il s’agit, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, d’«un accord commercial solide et moderne qui apportera des opportunités majeures à nos entreprises, agriculteurs et consommateurs», avec des «engagements sans précédent» sur l’environnement. A ses côtés, la dirigeante néo-zélandaise Jacinda Ardern a salué de «meilleures opportunités pour les petites et grandes entreprises» de son pays.

Accord commercial de pointe

Le traité pourrait, selon Wellington, augmenter la valeur des exportations néo-zélandaises vers l’UE d’environ 1 milliard d’euros par an d’ici 2035, en particulier dans l’agriculture : les kiwis néo-zélandais étaient ainsi jusqu’ici frappés de droits de douane de 8%. Inversement, les exportations de l’UE vers l’archipel du Pacifique, quasi-entièrement exemptes de droits de douane, pourraient augmenter jusqu’à 4,5 milliards d’euros par an, et les investissements européens y gonfler de 80%, via l’accès accru aux secteurs de la finance, des télécommunications ou du transport maritime.

«L’accord intègre des résultats très ambitieux dans les parties liées à l’Accord de Paris, à l’action climatique, au droit du travail, aux subventions à la pêche néfastes [pour l’environnement]», s’est félicité le ministre néo-zélandais du Commerce Damien O’Connor. Pour son homologue Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, cet «accord commercial de pointe» est centré sur «des valeurs partagées, avec la durabilité comme principe cardinal».

«On voudrait tuer l’agriculture française que l’on ne s’y prendrait pas autrement» : vives réactions des éleveurs et des oppositions

Cet enthousiasme n’est guère partagé par les agriculteurs français : Interbev, l’organisation interprofessionnelle du bétail et des viandes, ainsi que le CNIEL (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) se sont alarmés de «l’arrivée de plusieurs milliers de tonnes de produits laitiers, viandes ovines et bovines depuis l’autre bout du monde, sans exigence de respect de nos normes de production», citant des herbicides ou pesticides interdits dans l’UE mais toujours librement utilisés selon eux en Nouvelle-Zélande. La Fédération nationale bovine s’est jointe à ces protestations le 1er juillet dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Dénonçant un «gâchis» et rappelant que la France a déjà perdu un quart de ses éleveurs au cours des dix dernières années, la FNB a déploré l’absence de prise en compte des intérêts des éleveurs français, malgré des précédents. Ainsi, la signature du nouvel accord apporte «la preuve irréfutable que rien, depuis le débat sur le CETA [traité de libre-échange avec le Canada qui avait déclenché une vie polémique], n’a véritablement changé», a-t-elle fustigé.

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Toujours selon L’Opinion, «l’accord trouvé devrait […] essentiellement bénéficier à la Nouvelle-Zélande», qui devrait être avantagée par les différences de standards sanitaires avec l’UE. «On voudrait tuer l’agriculture française que l’on ne s’y prendrait pas autrement», a jugé, dans un entretien à Marianne, l’eurodéputé La France Insoumise (LFI) Emmanuel Maurel, dénonçant «une aberration totale», à la fois sur le plan écologique et sur le plan social, alors que l’UE importe déjà près de 230 000 tonnes de viandes néo-zélandaises, principalement des ovins. Ses critiques sont intervenues à la suite de celles du député LFI François Ruffin qui avait déjà interpellé les autorités françaises sur le contenu de l’accord. Enumérant les produits nocifs employés en Nouvelle-Zélande (altrazine, diflubenzuron), il s’inquiétait dès le 29 juin des conséquences d’un traité signé «dans le dos des Français, des députés, des sénateurs» et a réclamé sa suspension.

Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella a pointé les contradictions de l’UE, qui affiche des ambitions écologiques tout en signant ce type de traités : «S’acharner sur les automobilistes européens sous prétexte d’écologie, puis conclure un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande distante de 20 000 km pour l’importation de produits agricoles imbibés de pesticides : l’UE dans toute son aberration !», a cinglé le président du RN.

L’inquiétude quant à cette concurrence déloyale des producteurs néo-zélandais a aussi été exprimée par la députée européenne Les Républicains Anne Sander, pour qui «cet accord risque de mettre en danger le secteur agricole avec très peu de bénéfices pour les exportations européens». 

L’élue a jugé que «l’agriculture ne [devait] pas servir de monnaie d’échange» dans le cadre de préoccupations plus larges. Selon Emmanuel Maurel, «l’Europe a surtout des visées géopolitiques» avec cet accord, en cherchant à se rapprocher de la Nouvelle-Zélande, pays qui pourrait contrer les ambitions de la Chine dans la zone indo-pacifique. «Convaincue que la diplomatie se fait par le commerce», l’UE chercherait donc à renforcer sa présence «par l’achat de quelques milliers de tonnes de viande», selon l’élu, qui a dénoncé dans Marianne «un sacrifice totalement disproportionné».




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