Le 15 juin au Forum économique de Saint-Pétersbourg, la présidente de la Banque centrale de Russie a pointé la tendance croissante de certains Etats à se détourner de l'euro et du dollar comme monnaies de réserve.
C’est une tendance «incontestable», selon Elvira Nabioullina, présidente de la Banque centrale de Russie : «Beaucoup de pays réfléchissent désormais à diversifier leurs monnaies de réserve.» «Bien que le dollar et l’euro restent les monnaies de réserve», de nombreux pays, ayant en effet observé ce qui est arrivé à la Russie, auraient pris conscience des risques induits par la dépendance au dollar et à l’euro.
«L’émetteur de monnaies de réserve est susceptible d’abuser de ses prérogatives à une échelle limitée», a poursuivi Elvira Nabioullina lors d’une conférence au Forum économique de Saint-Pétersbourg, qui se tient du 14 au 17 juin. «Et quand cela peut avoir des répercussions sur une grande part du commerce mondial, alors tout le monde comprend que cette situation engendre de grands risques», a-t-elle ajouté.
D’après les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), la part du dollar dans les monnaies de réserve mondiales est tombée au taux le plus bas le lancement de l’euro, à 58,36%. Ce changement s’est produit au bénéfice d’autres monnaies, dont la part a atteint son maximum depuis 2012, soit 3,45%.
Selon les données sur la composition en devises des réserves officielles de change (COFER) publiées par le FMI, le yuan représentait 2,88% des réserves de change mondiales au premier trimestre 2022, soit une hausse de 1,8 point par rapport à 2016, date de son introduction dans le panier des droits de tirage spéciaux du FMI, se classant au cinquième rang des principales devises de réserve.
Une intégration intensifiée
En outre, plusieurs pays, dont le Brésil et d’autres grandes économies émergentes d’Asie et du Moyen-Orient, souhaitent que les échanges de pétrole, de matières premières et d’autres biens mondiaux soient facturés dans des monnaies autres que le dollar. Par exemple, le Ghana a pour la première fois acheté en janvier dernier 41 000 tonnes de produits pétroliers avec de l’or dans le cadre de sa politique gold for oil (de l’or contre du pétrole).
La présidente de la Banque centrale russe a par ailleurs réaffirmé la volonté de son pays de s’intégrer dans le système financier mondial : «Cette décision peut sembler contre-intuitive à l’heure des sanctions (…) Néanmoins, je ne pense pas que l’isolation soit la solution. Nous devons nous intégrer avec les pays et les entreprises qui sont disposés à coopérer avec nous, cela nous sera bénéfique.»
En juillet 2022, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré qu’un projet d’élaboration d’une monnaie de réserve commune aux BRICS était en cours d’étude.
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