Les professionnels du secteur ont organisé une manifestation devant l'Assemblée nationale afin de faire entendre leurs difficultés face à l'explosion de leurs factures d'énergie. De nombreuses faillites pourraient en résulter en 2023, selon eux.
Une «manifestation historique», selon la formule employée par la Confédération française de la boucherie-charcuterie et des traiteurs (CFBCT). Ce 29 novembre, les professionnels du secteur venus de toutes les régions ont en effet décidé, «pour la première fois depuis 20 ans», de se rassembler devant l’Assemblée nationale pour alerter sur la hausse «exorbitante» des coûts de l’énergie, qui menace leur activité.
Les artisans se sont regroupés aux abords de l’Assemblée dans une «ambiance chaleureuse», selon des journalistes présents sur place.
Les #bouchers se regroupent à Paris pour manifester contre l'explosion de leurs factures énergétiques.
Ambiance chaleureuse près de l'Assemblée Nationale. pic.twitter.com/OiKM5udAjJ
— Josselin Colnot (@JossClnt) November 29, 2022
«Les bouchers et leurs clients ne sont pas des vaches à lait» ou «Les bouchers refusent de se faire allumer», pouvait-on lire parmi les slogans affichés par les manifestants. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, était présent, ainsi que plusieurs autres élus de la Nupes, dont le socialiste Jérôme Guedj. Le député du Rassemblement national Frédéric Falcon a également annoncé avoir participé à la manifestation tandis que la chef de file du parti Marine Le Pen a exprimé son soutien sur Twitter.
« Nous on ne veut pas répercuter l’augmentation des prix sur ce qu’on vend aux gens, les gens ne sont pas des vaches à lait, on est là pour leur vendre de la qualité ».
Des bouchers venus de tout le pays manifestent devant l'Assemblée contre l'explosion du prix de l'énergie. pic.twitter.com/4sIJNnZS01
— L'insoumission (@L_insoumission) November 29, 2022
Les bouchers refusent de se faire allumer rassemblement devant l'assemblee nationale pic.twitter.com/eMoSb61uN6
— fed boucherie IDF (@fed_idf) November 29, 2022
Selon les artisans, les factures d’énergie pourraient tripler, voire davantage. «Aujourd’hui, un professionnel qui paye 1 000 euros [pour se fournir en énergie chaque mois] peut très bien avoir une facture multipliée par trois ou quatre», a ainsi expliqué le président de la Confédération Jean-François Guilhard sur BFM TV. De telles hausses empêcheront tout investissement ou recrutement, et, au-delà, risquent de déboucher sur une vague de défaillances de ces petites entreprises en 2023.
Des artisans inquiets pour leur avenir
De surcroît, les professionnels rechignent à répercuter ces hausses sur leurs prix de vente, conscients que leurs clients affrontent également des difficultés. «La population n’est pas très sereine car elle fait face à ces augmentations de la même façon que nous», a ainsi indiqué au micro de France Bleu Jorge De Carvalho, patron de trois établissements dans les Yvelines, qui se dit «inquiet pour l’avenir de la filière».
«Si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités dans les semaines qui viennent, nous assisterons collectivement à la mort de nombreuses entreprises artisanales», a alerté la CFBCT dans son communiqué. Selon elle, les dispositifs actuels déployés par le gouvernement, comme le bouclier tarifaire, «ne répondent en effet pas à toutes les problématiques de nos petites et moyennes entreprises».
D’après l’organisation professionnelle, les autorités n’auraient pas saisi «l’ampleur de la situation et les conséquences économiques et sociales dramatiques que la crise énergétique commence d’ores et déjà à engendrer». Il faudrait, selon la Confédération, s’inspirer de l’Allemagne ou de l’Espagne, qui ont pris des mesures visant à plafonner la hausse du coût de l’énergie.
Outre la manifestation devant le Palais Bourbon, la CFBCT a proposé aux artisans du pays d’«éteindre symboliquement leurs lumières en signe de protestation contre la hausse du coût de l’énergie». Selon CNews, «d’autres professions pourraient également se mobiliser», l’Union nationale de la poissonnerie française (UNPF) ayant déjà annoncé soutenir l’initiative des bouchers-charcutiers. Fin octobre, les boulangers avaient organisé une journée de «deuil» pour dénoncer eux aussi la hausse des prix de l’énergie.
Journée de «deuil»: 500 boulangeries protestent contre la hausse des prix de l’énergie