Adopté à une large majorité par la Chambre des représentants, l'«Assad Regime Anti-normalization Act» doit maintenant passer au Sénat. Ce texte vise notamment à interdire aux États-Unis de «reconnaître ou de normaliser leurs relations avec tout gouvernement syrien dirigé par Bachar al-Assad» et prolonge jusqu'en 2032 les sanctions de la loi César.
Alors que la Syrie parachève son retour sur la scène régionale au Moyen-Orient, Washington continue de se positionner à contre-courant. En effet, la Chambre des représentants a adopté le 14 février une proposition de loi interdisant aux Etats-Unis de «reconnaître ou de normaliser leurs relations avec tout gouvernement syrien dirigé par Bachar al-Assad».
Voté à 389 voix pour et 32 voix contre, l’«Assad Regime Anti-normalization Act» doit maintenant être soumis au Sénat avant d’être signé par le président Joe Biden. Cette proposition remonte à mai 2023 et prolonge jusqu’en 2032 la loi César adoptée en 2019.
Ce régime de sanctions, qui entend priver le gouvernement syrien de ressources, notamment en gelant l’aide à la reconstruction du pays, empêche également les entreprises travaillant avec le gouvernement syrien de commercer avec l’extérieur et d’importer des produits.
La Syrie vit toujours sous le coup des sanctions occidentales, alors qu’elle vient de sortir d’une décennie de guerre. La livre syrienne ne cesse de chuter et les pénuries de gaz, d’essence et d’électricité sont quotidiennes. Avant la guerre en 2011, il fallait 50 livres syriennes pour obtenir un dollar. Aujourd’hui, le billet vert vaut 8 400 livres syriennes, soit une multiplication par 168 en l’espace de 12 ans. En 2023, selon les chiffres de l’ONU, 90% de la population vivait sous le seuil de pauvreté.
90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté
Cette initiative législative a notamment été l’apanage du président républicain de la sous-commission des affaires étrangères du Moyen-Orient, Joe Wilson. Sur la plateforme X (ex-Twitter), l’élu a posté le 15 février une photo avec des représentants de l’opposition syrienne, tout en tenant le drapeau de l’armée syrienne libre. «Pour ceux qui envisagent de normaliser ou de faire des affaires avec le meurtrier de masse Assad, la Chambre des représentants est majoritairement favorable à une Syrie libre», a commenté Joe Wilson.
D’ailleurs, le représentant américain avait fait le déplacement en août dernier dans la banlieue d’Alep, en territoire contrôlé par les rebelles, en compagnie de la républicaine Victoria Spartz et du démocrate Dean Phillips.
«En adoptant cette législation bipartite, les États-Unis ont envoyé un message clair et retentissant à Assad et à ses soutiens», a surenchéri dans un communiqué Brendan Boyle, parrain démocrate du projet de loi et membre du caucus syrien de la Chambre des représentants. «En tant qu’organisation humanitaire qui a travaillé sur ce projet de loi depuis le début de son idée, nous sommes fiers de voir une législation qui tient pour responsables le régime d’Assad et ceux qui normalisent avec les criminels de guerre», a pour sa part déclaré Mouaz Moustafa, directeur exécutif de l’organisation syrienne Syrian Emergency.
Le vote de ce projet de loi intervient alors que le gouvernement de Bachar al-Assad reprend langue avec ses partenaires régionaux. La Syrie a notamment réintégré la Ligue arabe en mai dernier. Les ambassadeurs émirati et saoudien ont repris leur fonction à Damas et les délégations syriennes multiplient les déplacements aux quatre coins du Moyen-Orient. Or, le maintien des sanctions américaines entrave la réintégration régionale de la Syrie. En effet, si diplomatiquement le pays est de nouveau admis dans la région, économiquement les échanges sont insuffisants notamment en raison des mesures coercitives de Washington.
En plus de ses sanctions, les États-Unis occupent illégalement une partie du territoire syrien. Avec plus de 900 hommes, ils sont présents à l’est de l’Euphrate pour soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement composées de Kurdes, et empêchent de facto le gouvernement syrien de remettre la main sur une partie de ses ressources pétrolières.
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