Les partis chiites ont perdu la majorité au parlement libanais lors des élections législatives du 15 mai. Fait inédit : des mouvements réformateurs et laïcs issus des protestations de 2019 ont fait leur entrée dans l’Hémicycle.
Le plus grand bloc parlementaire du Liban, mené par le puissant mouvement armé chiite Hezbollah, a perdu sa majorité au Parlement, selon les résultats définitifs des élections législatives annoncés le 17 mai par le ministre de l’Intérieur. Le mouvement chiite et ses alliés politiques qui avaient le soutien d’environ 70 des 128 députés du Parlement sortant, n’ont pas obtenu les 65 sièges nécessaires pour conserver une majorité après les élections législatives du 15 mai. Pour rappel, le Hezbollah est le seul mouvement qui ne s’est pas désarmé à l’issue de la guerre civile libanaise.
Anticipant sa défaite historique, le Hezbollah a d’ailleurs mis en garde ses adversaires dans un message de Mohammad Raad, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah. « Nous vous acceptons en tant qu’adversaires au Parlement, mais nous ne vous accepterons pas en tant que boucliers protégeant les Israéliens […] Faites attention à votre discours, à votre comportement et à l’avenir de votre pays», a-t-il lancé ans un discours retransmis par la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar. «N’attisez pas les flammes de la guerre civile», a-t-il ajouté.
Les Forces libanaises, parti chrétien qui fait partie de la classe politique quasiment inchangée depuis trois décennies et fermement opposé au Hezbollah, ont annoncé avoir obtenu au moins 18 sièges, contre 15 sièges en 2018. La formation devient ainsi le premier parti chrétien au sein de l’Assemblée, aux dépens du parti du président Michel Aoun (Courant patriotique libre), allié du Hezbollah, mais d’une courte tête seulement puisque ce dernier a obtenu 17 sièges.
Les candidats issus de la contestation populaire de 2019 au Liban ont quant à eux obtenu au moins 13 sièges au Parlement, toujours selon les résultats définitifs des élections législatives annoncés le 17 mai. Comme le relève l’Orient le jour, ces mouvements contestataires réclament que l’Etat dispose du monopole de la violence physique légitime, jusque-là assumée par les milices armées qui prospèrent au Liban depuis la guerre civile. Autre fait inédit, deux candidats indépendants ont réussi à décrocher au Liban-Sud un siège qui était détenu par les alliés du Hezbollah depuis trois décennies.
En revanche, il n’est pas certain que les nouvelles formations créent une alliance, mais tout au plus des ententes ponctuelles sur des dossiers comme l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Ils pourraient également se ranger dans l’opposition aux partis traditionnels et se positionner en faiseurs de roi pour la formation du nouveau gouvernement.
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