Chroniques

Manifestations propalestiniennes aux États-Unis : une bombe à retardement pour Biden

Il est difficile de se débarrasser de l’impression que l’agitation des étudiants américains est la deuxième édition des manifestations Black Lives Matter. Celles-ci avaient sérieusement affaibli la position de Donald Trump en 2020. L'actuel mouvement propalestinien pourrait ruiner la campagne 2024 de Joe Biden.

Cet article a été initialement publié sur RT en langue russe par Kirill Benediktov, politologue et auteur du Cygne noir, biographie de Donald Trump.

Les États-Unis sont secoués par les manifestations d’étudiants. D’une côte des États-Unis à l’autre, de Boston à Los Angeles, des étudiants et des lycéens descendent dans les rues, ils bloquent des salles de classe, ils installent des campements, ils brûlent des drapeaux américains et hissent ceux de la Palestine. La direction de l’université Columbia ayant fait intervenir le 17 avril la police pour démanteler un campement d’étudiants installé en solidarité avec le peuple palestinien, des camps de tentes similaires sont apparus dans une cinquantaine de campus à travers le pays, ainsi qu’au Canada, en Australie et dans certains pays européens.

Parmi les revendications des étudiants : instaurer un cessez-le-feu permanent à Gaza, mettre fin à l’aide militaire fournie à Israël par les États-Unis, forcer les universités à renoncer à acheter des actions des trafiquants d’armes et des entreprises qui profitent de la guerre, ainsi qu’amnistier les étudiants expulsés et les professeurs licenciés en raison des mobilisations. Et il faut dire que ceux-ci sont déjà nombreux : au moins 2 300 étudiants, professeurs et activistes appartenant au mouvement de solidarité avec les Palestiniens ont été arrêtés dans 50 établissements d’enseignement d’une dizaine d’États américains.

On pouvait prévoir qu’il y aurait des partisans du peuple palestinien martyr dans un pays multinational et multiconfessionnel tel que sont les États-Unis, mais le fait que les enfants de ce creuset des élites américaines, à savoir des universités de l’Ivy League et d’autres établissements pour ceux qui ne sont pas comme les autres, sont à la tête du mouvement de solidarité avec les Palestiniens est une surprise, surtout pour le Parti démocrate et l’administration Biden.

Les manifestants s’en prennent autant à Joe Biden qu’aux tristement célèbres militaires israéliens. Ils appellent le président actuel «Joe le génocidaire», et bien que les principaux médias aient d’abord tenté de présenter ce surnom comme une invention malveillante des trumpistes, personne ne se soucie désormais de savoir qui a été le premier à l’inventer. Ce surnom s’est fermement attaché à lui, tout en sapant la cote de popularité déjà en baisse du président en exercice. Le 22 mars, alors que les manifestations d’étudiants n’étaient pas encore entrées dans leur phase active, cette cote s’élevait à 40,7%, contre 38,6% aujourd’hui. Perdre deux points de pourcentage en moins d’un mois et demi dans une année marquée par les élections ne représenterait peut-être pas une catastrophe pour le président au pouvoir, mais c’est un signal d’alarme.

Des soutiens financiers des démocrates impliqués

Quelque chose de semblable, voire de plus dramatique, s’est déjà produit dans l’histoire récente des États-Unis. Début mai 2020, la cote de popularité de Donald Trump était de 49%, un chiffre bien plus élevé que celui de Joe Biden aujourd’hui. Mais entre fin mai et début juin de la même année, elle s’est effondrée d’au moins 10% pour atteindre 39%. Et que s’est-il passé fin mai 2020 aux États-Unis ? La mort de George Floyd, toxicomane noir et récidiviste, qui est tout de suite devenu idole pour les Afro-Américains et icône du mouvement Black Lives Matter.

Il est difficile de se débarrasser de l’impression que l’agitation actuelle des étudiants est la deuxième édition des émeutes de Black Lives Matter. Celles-ci avaient sérieusement affaibli la position de Donald Trump qui semblait presque inébranlable début mai 2020.

Il s’avère également que les sponsors des manifestations d’étudiants actuelles et des émeutes de Black Lives Matter il y a quatre ans sont les mêmes. Une investigation menée par le média Politico a prouvé que parmi les donateurs soutenant certains groupes d’étudiants les plus radicaux qui se prononcent contre Biden et Israël figurent les sponsors les plus importants du Parti démocrate, notamment Soros, les Rockefeller et les Pritzker (Penny Pritzker, membre éminent de ce clan, est la représentante spéciale des États-Unis pour la reconstruction de l’économie ukrainienne). Prenons, par exemple, le fonds Tides Foundation financé par le mégadonateur du Parti démocrate George Soros et précédemment soutenu par le fonds de Bill et Melinda Gates. Ce fonds-là finance la Voix juive pour la paix et le mouvement IfNotNow qui ont coordonné les protestations à l’université Columbia et sur plusieurs autres campus. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les manifestations en soutien aux Palestiniens ne revêtent pas de caractère manifestement ethnique ou même religieux, car ce sont les étudiants, professeurs et activistes de confession non seulement musulmane, mais aussi juive qui y participent. Une autre caractéristique de ces manifestations est que dans de nombreuses universités, elles ont été organisées par des agitateurs extérieurs qui semblaient sortis de nulle part. À l’université du Texas à Austin, par exemple, 79 personnes ont été arrêtées pour émeute, dont 45 n’avaient aucun rapport avec l’université.

C’est une marque de fabrique de toutes les manifestations financées par George Soros à travers le monde, de la Serbie à la Californie

Il y a bien sûr des contre-manifestations organisées par des groupes israélo-américains et sionistes. À l’université du Mississippi, des centaines d’étudiants ont battu le pavé pour protester contre des activistes propalestiniens, en brandissant des drapeaux américains et des pancartes avec des slogans en soutien de l’ancien, et peut-être futur, président américain Donald Trump. À l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill, des manifestants propalestiniens ont décroché un drapeau américain pour le remplacer par celui de la Palestine. Toutefois, la Bannière étoilée a été immédiatement hissée par des membres de la fraternité d’étudiants Pi Kappa Phi, tout de suite devenus la cible de bouteilles vides et de pierres. L’action de la fraternité a trouvé un écho à travers tous les États-Unis : 500 000 dollars ont été collectés pour eux sur la plateforme GoFundMe, alors que Donald Trump a publié sur son réseau social Truth Social une vidéo promotionnelle faisant l’éloge de ces courageux étudiants patriotes.

Biden dans l’impasse

La gauche, compatissante avec le peuple palestinien, est sérieusement effrayée par le fait que la confrontation au sein des campus universitaires pourrait renforcer le soutien à l’ancien président américain de la part des jeunes. «On peut être extrêmement frustré par l’administration Biden à cause de sa politique à l’égard d’Israël et de la bande de Gaza mais la difficulté est que dans le monde réel où l’on vit, on est obligé à faire face à bien des choses. D’autre part, j’espère que la majorité des jeunes gens et des manifestants ne veulent pas que Donald Trump, raciste, sexiste et homophobe, qui ne reconnaît pas la réalité du changement climatique, soit élu président des États-Unis», a déclaré Bernie Sanders, sénateur âgé de 82 ans, dans une interview à USA Today. D’après lui, les manifestations anti-israéliennes dans des universités à travers les États-Unis, provoquées par la politique menée par la Maison Blanche, sont capables de ruiner la présidence de Biden et de devenir son «Vietnam».

En effet, les manifestations propalestiniennes sur les campus américains, c’est un cadeau inattendu pour Donald Trump, qui tombe à pic six mois avant les élections. Alors que Biden et sa position bâtarde à propos d’Israël : «Nous le soutenons en général mais en condamnons les outrances», sont devenus une cible tant pour les républicains que pour l’aile gauche de son propre parti, Trump défendant l’État hébreu d’une manière cohérente ne gagne que des faveurs de la part de «l’intifada estudiantine».

Il n’y a qu’une chose qui cloche : les personnes qui financent ce banquet ne sont pas partisans de l’ancien président américain (et c’est dire !). Par exemple, George Soros, qui a la réputation d’être un des ennemis les plus farouches de Donald Trump. Il est peu probable que les parrains des manifestations veuillent aider Trump à redevenir président. Quel est alors leur vrai but ?

Il se peut que les mégadonateurs des démocrates qui financent actuellement les manifestations anti-israéliennes dans des universités américaines, aspirent effectivement à affaiblir la position de Biden mais non pas pour faciliter la tâche à Trump mais pour forcer Joe le génocidaire, s’immergeant de plus en plus dans les profondeurs d’Alzheimer, à renoncer à participer aux élections de 2024 en faveur d’un autre candidat qui aurait plus de chances de l’emporter sur le «raciste, sexiste et homophobe». Ce n’est pas par hasard que l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a publié l’autre jour une «information confidentielle sensationnelle» : Biden annoncerait en août, dans le cadre de la réunion du Parti démocrate, son retrait de la course présidentielle et désignerait à sa place Michelle, l’épouse de l’ancien président américain Barack Obama. Et bien que Michelle elle-même ait affirmé plusieurs fois ne pas vouloir faire de la politique et que les représentants de celle-ci aient déclaré, une fois l’article du Spiegel publié, que Michelle ne se porterait pas candidate pour les présidentielles et qu’elle soutenait entièrement Biden et Harris dans leur campagne électorale, il n’y a pas de fumée sans feu, comme on le sait.

D’autant plus que c’est la fumée du drapeau américain qui brûle.

Le point de vue de l’auteur peut différer de celui de la rédaction.

États-Unis : le Congrès examine un projet de loi visant les manifestations propalestiniennes

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