France

Mayotte : tensions sur fond d’évacuation d’un camp de migrants

L'occupation d'un stade par des demandeurs d'asile africains cristallise les tensions à Mayotte. Ce 25 janvier, les habitants ne décolèrent pas malgré le début de l’évacuation de ce camp de fortune.

À Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, le démantèlement d’un camp de migrants installé à proximité du stade du quartier de Cavani a débuté ce 25 janvier. Ils sont près de 500 demandeurs d’asile, venus du Congo-Brazaville, du Rwanda, du Burundi ou de Somalie, à être installés dans ce camp de fortune.

Cette évacuation s’inscrit dans un climat de tensions alors que, dans des témoignages recueillis par l’AFP, on apprend que la population est «excédée par la situation». «On se fait sans cesse casser nos voitures, on est victimes d’attaques. L’arrivée des réfugiés africains, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase» déplore auprès de l’agence de presse une habitante de Sada, dans l’ouest de Mayotte.

Les premiers migrants sont arrivés «début 2022», précise à l’AFP Gilles Foucaud, directeur adjoint de l’association Solidarité Mayotte. Mais depuis fin novembre, alors que leur nombre grimpait, le collectif a fait de son évacuation son cheval de bataille. Des Mahorais en colère ont dressé des barrages et l’évacuation du stade pourrait ne pas suffire à assurer un retour à la normale, relate l’AFP. En effet, ce département est paralysé depuis le 22 janvier par des blocages routiers.

«C’est devenu un moulin»

«Mayotte n’est plus une porte d’entrée, c’est devenu un moulin», s’agace un gréviste. Et d’ajouter : «On vit en prison. Il n’y a pas une maison qui n’est pas encerclée de barreaux, tout ça parce qu’on laisse tout le monde rentrer chez nous.». Un autre gréviste, Cervo, un représentant du collectif affirme : «On a appris au moins une chose de la France : la grève. Quand la population ne se soulève pas, elle n’est pas entendue.»

Conséquence : la majorité des services publics fonctionnent au ralenti ou sont fermés, et plusieurs établissements scolaires n’accueillent plus d’élèves depuis le 22 janvier. Des mairies sont bloquées.

Avec seulement quelques barrages, les manifestants sont parvenus à bloquer la circulation et paralyser ce département français d’environ 310 000 habitants situé dans l’océan Indien.

Neuf mois après l’opération Wuambushu, l’exécutif à la peine

Le 24 janvier, le Premier ministre Gabriel Attal a assuré au Sénat que le camp serait démantelé à partir de ce 25 janvier, une promesse déjà faite par le préfet de Mayotte Thierry Suquet. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin s’est quant à lui engagé à ce qu’une quarantaine de personnes ayant obtenu l’asile soient rapatriées dans l’Hexagone.

Le malaise est profond à Mayotte alors que l’opération Wuambushu lancée en avril 2023 n’a pas eu les résultats escomptés. Celle-ci avait été organisée à des fins de lutte contre la délinquance et l’immigration irrégulière et visait notamment à tarir le flux d’arrivées des Comores voisines.

Un échec alors que la fin d’année 2023 a été marquée par une recrudescence des violences : pillage et incendie d’habitations à Bandraboua (nord) début novembre, heurts répétés entre bandes de villages adverses, jusqu’à la mort de trois jeunes en un peu plus d’une semaine en décembre, lors d’affrontements qui ont traumatisé l’archipel.

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