Les sociétés de journalistes des médias publics France 24 et RFI se sont insurgées après des déclarations d'Emmanuel Macron sur l'influence médiatique internationale de la France, qui les assimileraient selon eux à des «porte-voix» de l'Etat.
Les Sociétés de journalistes (SDJ) de France 24 et RFI ont protesté le 2 septembre après des déclarations d’Emmanuel Macron la veille.
Devant les ambassadeurs français réunis à l’Elysée, le président de la République avait appelé à «assumer une stratégie d’influence et de rayonnement de la France». Dans ce discours qui pointait «le narratif, russe, chinois ou turc» en Afrique, Emmanuel Macron a exhorté «à mieux utiliser le réseau France Médias Monde [FMM], qui est absolument clé, qui doit être une force pour nous». «France 24, média du groupe FMM, n’est en aucun cas la voix officielle de la France», a répliqué la SDJ de la chaîne de télévision d’information continue, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
La Société des journalistes réaffirme l’indépendance éditoriale de la rédaction de #France24. pic.twitter.com/GpsYptQjYq
— La SDJ de France 24 (@SDJ_France24) September 2, 2022
«Elle est un média de service public, pas un média gouvernemental. Elle n’est pas, non plus, un opérateur de la diplomatie d’influence», a insisté la SDJ de France 24.
Dans un communiqué distinct, son homologue de la radio RFI, qui appartient également à France Médias Monde, a martelé que ce groupe n’était «pas le porte-voix de l’Elysée».
Non, M. Macron, FMM n'est pas le porte-voix de l'Élysée. Nous ne céderons jamais une once de notre indépendance. pic.twitter.com/N6m6pvV2zV
— SDJ de RFI (@sdjrfi) September 2, 2022
«Nos journalistes ne sont en aucun cas et ne seront jamais un outil au service de votre communication et de votre politique», poursuit la SDJ de RFI, radio très écoutée en Afrique. «Nous ne céderons jamais une once de notre indépendance», prévient encore la radio, selon qui «ces phrases jettent soupçon et discrédit sur le travail de [ses] correspondants».
La suppression de la redevance, le début d’une perte d’indépendance ?
Cette polémique intervient aussi dans la foulée de la suppression de la redevance qui finance l’audiovisuel public, votée en août après une promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
Les opposants à la suppression de la redevance craignent que l’audiovisuel public perde de son «indépendance» en étant soumis aux aléas budgétaires décidés par l’Etat, au lieu d’un mode de financement dédié. Le groupe France Médias Monde réunit France 24 (en français, en anglais, en arabe et en espagnol), RFI (en français et 15 autres langues) et Monte Carlo Doualiya, radio en langue arabe.
Devant les diplomates le 1er septembre, Emmanuel Macron avait également «assumé de pouvoir toujours continuer à parler à tout le monde» y compris la Russie, considérant néanmoins que «la division de l’Europe» était «un des buts de guerre de la Russie». En visite à Alger le 26 août, Emmanuel Macron avait fustigé des puissances comme la Russie, la Chine ou la Turquie qui verraient la France comme un «ennemi» et auraient un «agenda d’influence, néocolonial et impérialiste» en passant notamment selon lui par des relais médiatiques.
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