Après le drame de Nanterre, une cagnotte a vu le jour pour soutenir le policier à l’origine du décès du jeune Nahel. Plus d’un million d’euro a été récolté en quelques jours, suscitant de vives réactions politiques.
Un peu moins d’une semaine après le drame de la mort de Nahel, la plateforme recueillant des dons à destination du policier accusé d’avoir tiré sur le jeune homme a dépassé le million d’euros sur le site gofundme.fr avec plus de 50 000 donateurs – très loin devant une cagnotte analogue pour la famille du jeune homme tué.
1 million d’euros.
Leur monde s’écroule.
Le nôtre renaît.
Merci et bravo !
— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) July 3, 2023
Indignation dans les rangs de la gauche NUPES
«Ça ne va pas dans le sens de l’apaisement» : ces mots ont été lâchés par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti sur la chaîne BFMTV. Si le Garde des Sceaux estime que « chacun peut exprimer ses sentiments et participer à une cagnotte », il déplore la réussite d’une initiative qui vient de sa droite.
En effet, à l’initiative de la cagnotte en ligne on retrouve un homme : Jean Messiha. Ancien haut-fonctionnaire, ce dernier a grenouillé dans divers partis de droite, écrivant dans l’organe du RPR Une certaine idée de la droite il y a deux décennies, avant de passer au Rassemblement National et brièvement dans le parti Reconquête d’Éric Zemmour. L’initiateur de la cagnotte a vanté la réussite de sa mobilisation en dépit d’un « djihad gaucho-progressiste » pour la bloquer.
La cagnotte pour la famille de Nahel quatre fois moins importante
L’initiateur de cette levée de fonds éclair a en effet suscité la colère à gauche. Le député LFI du Nord David Guiraud a ainsi dénoncé, alors que la cagnotte en était à un demi-million, «500 000 € pour l’assassin de Nahel, le message assumé c’est : tuez des arabes et vous deviendrez millionnaires». Même son de cloche du côté de la présidente du groupe LFI à l’Assemblée Mathilde Panot, qui a réclamé la suppression de cette levée de fonds. L’eurodéputé Europe Ecologie Les Verts Karima Delli a fait une demande analogue sur les réseaux sociaux.
Près d'1 million d'euros pour la cagnotte de la honte initiée par l'extrême-droite.
Rappel : le policier est mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
Je demande à la plateforme @gofundme de suspendre la collecte et de restituer les fonds.
— Karima Delli (@KarimaDelli) July 3, 2023
La cagnotte en soutien à la famille du jeune garçon tué a rapporté, elle, moins d’un quart de celle pour le policier soit près de 250 000 euros avec cinq fois moins de participants. Cette initiative a néanmoins probablement été ralentie par un nombre important de fausses cagnottes de soutien présentes à sur la plateforme Leetchi.
Soutien partiel à droite
Initialement lancée sur la plateforme Leetchi, cette deuxième cagnotte a été maintenue par la plateforme en dépit des protestations. GoFundMe considère que ce fonds ne viole pas ses critères d’utilisation. Le sénateur Reconquête de Marseille Stéphane Ravier a salué ce succès et invité le président à en tirer les conséquences politiques. Le vice-président du parti de Reconquête Guillaume Peltier s’est, lui, contenté de relayer sur les réseaux sociaux la barre d’un million atteinte en début d’après-midi.
Côté Rassemblement National, les élus n’ont pas évoqué la cagnotte initiée par un transfuge de leur parti considéré comme sulfureux. La réaction de la gauche mélenchonniste face à ce succès n’a cependant pas manqué d’agacer à droite, à l’image de maître Thibault de Montbrial qui a dénoncé l’attitude de la LFI face à cette levée de fonds.
« Tuez des arabes et vous deviendrez millionnaires » @GuiraudInd ose tout.
Les limites de l’infamie de #LFI sont sans cesse repoussées.
Le rôle moteur joué dans la plus totale irresponsabilité par ces gens dans la haine qui brûle le pays doit être dénoncé sans répit. #Emeuteshttps://t.co/GhMuCqO95m— Thibault deMontbrial (@MontbrialAvocat) July 3, 2023
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort du jeune Nahel, à Nanterre, ont embrasé les zones sensibles à travers l’Hexagone. Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre les violences policières ou l’Etat ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.