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Croissance réévaluée à la baisse : Bruno Le Maire annonce 10 milliards d’euros d’économies à faire pour l’État

C’est au 20h de TF1 que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé le 18 février devoir raboter en urgence le budget de l’État de 10 milliards d’euros. La faute à une croissance qu’il avait prévue à 1,4% et qui se situe finalement à 1%. Une annonce qui suscite déjà un vif débat sur les prévisions erronées du ministre, accusé d'avoir menti.

Le ministre de l'Economie et des Finances (illustration).

«Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe», déclare Bruno Le Maire

«Bruno Le Maire n’a pas réussi à mettre l’économie russe à genoux mais il a réussi à plomber la nôtre», a taclé le chroniqueur Guillaume Bigot sur les ondes de Sud Radio ce 19 février, rappelant la phrase prononcée par le ministre de l’Économie qui, dès le mois de mars 2022, promettait de provoquer l’effondrement de l’économie russe.

Pourtant, les prévisions de croissance pour 2024 sont de 2,6% pour Moscou et désormais de seulement 1% pour Paris. En effet, le ministre de l’Économie a annoncé le 18 février sur le plateau de TF1 que ses prévisions de croissance à 1,4% étaient révisées de 0,4 point à la baisse. Un changement qu’il attribue à un «nouveau contexte géopolitique» et à « une récession en 2023 en Allemagne».

Pour faire face à ce réajustement, Bruno Le Maire s’est engagé à réaliser « 10 milliards d’économies immédiates» sur le budget de l’État. Une restriction qu’il justifie ainsi : «On gagne moins en recettes fiscales, on dépense moins, c’est du bon sens .»

Sa majorité s’est empressée d’approuver cette mesure, à l’image de Jean-René Cazeneuve, rapporteur général de la commission des finances, qui a évoqué  «des décisions difficiles, mais responsables». «Le désendettement de la France doit être notre cap politique», a-t-il ajouté.

10 milliards d’économies à trouver… mais où ?

Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel qui a suggéré de «ponctionner les 100 milliards d’euros versés aux actionnaires en 2023». Et d’ajouter : «À 10%, ça représente 10 milliards d’euros sans pénaliser l’action publique ni les Français.»

Ce 19 février, sur France 2, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave évoquait déjà un axe d’économie envisagé en annonçant une révision à la baisse du budget du dispositif «MaPrimeRénov’» qui vise à aider les particuliers pour rénover un logement. En rabotant sur ce dispositif, le ministre a provoqué la colère d’élus de gauche, à l’image de l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau. «Cette austérité sacrifie en priorité la transition écologique et la solidarité», a-t-il dénoncé.

Le ministre a «menti»

Ces réajustements suscitent de surcroît des inquiétudes sur la rigueur des prévisions publiques en matière de croissance… ou la sincérité des déclarations ministérielles, jusque dans les rangs de la majorité. Sont par exemple rapportés dans les colonnes du Figaro les propos d’un parlementaire Renaissance qui déclarait déjà mi-janvier : «Avec une prévision aussi haute, nous passons un peu pour des peintres.»

Plusieurs observateurs estimaient en effet que les prévisions de croissance à 1,4% n’étaient pas tenables. Le député des Républicains Pierre-Henri Dumont estime ainsi que Bruno Le Maire «admet avoir menti au Parlement. Dans toute démocratie normale, le budget aurait dû être censuré par le Conseil constitutionnel et le ministre viré».

Des accusations aussi formulées par le président du groupe Rassemblement national au Conseil régional de Normandie, Guillaume Pennelle : «Il a menti éhontément sur la prévision du taux de croissance devant l’Assemblée nationale et demande aujourd’hui aux Français de se serrer encore un peu plus la ceinture.» 

La députée RN Laure Lavalette rappelle de son côté qu’Emmanuel Macron a «passé par 49.3 un budget déficitaire, basé sur des prévisions de croissance faussées». Avant de tacler : «Ces gens détruisent tout et continuent de donner des leçons à tout le monde.»

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