Le Premier ministre israélien a rejeté une nouvelle fois la possibilité d'un cessez-le-feu à Gaza, devenu selon l'ONU «un cimetière pour les enfants». Il a promis d'y prendre la «responsabilité générale de la sécurité» après la guerre qui entre ce 7 novembre dans son deuxième mois.
«Il n’y aura pas de cessez-le-feu, de cessez-le-feu général, à Gaza, sans la libération de nos otages», a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un entretien télévisé avec la chaîne américaine ABC News le 6 novembre au soir, au cours duquel il a aussi affirmé qu’Israël prendrait «pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité» dans le territoire palestinien après la guerre.
Car «lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas», a-t-il ajouté.
Auparavant, Oussama Hamdane, un haut responsable du mouvement islamiste palestinien au Liban, avait affirmé que le Hamas resterait à Gaza et n’accepterait pas «un gouvernement de Vichy» dans ce territoire qu’il contrôle depuis 2007, en référence au régime collaborationniste français sous l’occupation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.
Les propos de Benjamin Netanyahou interviennent après que le patron de l’ONU Antonio Guterres a réclamé un «cessez-le-feu humanitaire», «plus urgent à chaque heure qui passe» dans le petit territoire palestinien, transformé en «cimetière pour les enfants». «Le cauchemar à Gaza est plus qu’une crise humanitaire, c’est une crise de l’humanité», a-t-il déploré.
Pour le chef du Croissant-Rouge palestinien Younis Al-Khatib, «nous assistons chaque jour à des crimes contre l’humanité. Des milliers et des milliers de civils sont tués […] Nos hommes ont été tués. Nos volontaires ont été tués».
10 022 morts à Gaza selon le ministère de la Santé palestinien
Les bombardements israéliens contre le territoire palestinien, lancés en représailles de l’attaque menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, ont fait 10 022 morts, en majorité des civils dont plus de 4 000 enfants, selon le bilan du ministère de la Santé du Hamas le 7 novembre.
Antonio Guterres a également réitéré sa condamnation des «actes terroristes odieux» du Hamas le 7 octobre et fustigé le mouvement palestinien qui utilise «les civils comme boucliers humains et continue à tirer des roquettes vers Israël sans distinction».
Plus de 1 400 personnes ont péri en Israël d’après les autorités, majoritairement des civils tués le jour de l’attaque du Hamas, la plus meurtrière de l’histoire du pays. Le mouvement islamiste palestinien a également fait plus de 240 otages, emmenés à Gaza.
La Maison Blanche a annoncé que le président Joe Biden avait évoqué avec Benjamin Netanyahou la «possibilité de pauses tactiques (des combats) pour fournir aux civils des opportunités de quitter en sécurité les zones de combats, s’assurer que l’aide parvient aux civils dans le besoin et permettre la potentielle libération d’otages».
Le 5 novembre soir, l’armée israélienne a annoncé l’intensification de sa campagne de bombardement qui doit durer «plusieurs jours» tandis que ses soldats opèrent parallèlement au sol depuis le 27 octobre.
30 soldats israéliens tués depuis le 27 octobre
Les affrontements au sol les plus intenses se déroulent dans le nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza, désormais encerclée et qui abrite selon Israël le «centre» du Hamas. L’armée a également affirmé avoir coupé en deux le territoire, entre nord et sud. Au moins 30 soldats israéliens, selon l’armée, ont été tués depuis le 27 octobre.
Antonio Guterres a par ailleurs déploré le 6 novembre l’aide humanitaire insuffisante arrivant par Rafah, point de passage avec l’Egypte. Avec 569 camions depuis le 21 octobre, «le goutte-à-goutte d’aide n’est rien face à l’océan de besoins».
Un nombre indéterminé de blessés et de binationaux ont pu passer ce jour-là en Egypte via Rafah, a indiqué un responsable, marquant une reprise des évacuations entamée la semaine dernière après une suspension de deux jours.
Washington contribue encore à l’escalade
Alors que la communauté internationale craint toujours une extension du conflit, le ministère américain de la Défense a annoncé qu’un sous-marin avait été déployé au Proche-Orient, à titre de dissuasion.
La tension est forte, notamment en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d’après cette même source.
A Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, une policière israélienne est morte après une attaque au couteau commise par un Palestinien de 16 ans qui a été tué.
Autre foyer de violences, la frontière nord d’Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne d’une part, et le Hezbollah et ses alliés dont le Hamas, des mouvements proches de l’Iran, de l’autre.
Depuis le 7 octobre, 83 personnes ont été tuées du côté libanais, dont au moins 11 civils selon un décompte de l’AFP. Le Hezbollah a fait état de la mort de 61 de ses combattants. Côté israélien, six soldats et deux civils ont été tués.
La tension monte d’un cran entre Tsahal et le Hezbollah après la mort de quatre civils libanais