Aucun mouvement de cargos pour le transport des céréales ukrainiennes en mer Noire n'a été validé ce 30 octobre, a annoncé le Centre de coordination conjointe, au lendemain de l'attaque de drones ayant visé des navires russes au large de la Crimée.
«Un accord conjoint n’a pas été trouvé au Centre de coordination conjointe (JCC) concernant les mouvements de sortie et d’entrée des cargos le 30 octobre» : dans un communiqué publié dans la nuit du 29 au 30 octobre, le JCC – chargé de superviser l’accord international pour le transport des céréales ukrainiennes en mer Noire signé l’été dernier – a fait savoir qu’aucun mouvement de cargo n’avait été validé pour le 30 octobre.
La veille, Moscou avait suspendu sa participation à l’accord signé le 22 juillet à Istanbul, en raison d’une attaque de drones contre ses navires et contre des navires civils qui prennent part à la sécurisation du «couloir céréalier», qualifiée «d’acte terroriste mené par le régime de Kiev avec la participation de spécialistes britanniques».
Le JCC, qui réunit des délégués de Russie, d’Ukraine, de Turquie et de l’ONU à Istanbul, précise qu’il a été informé par la Russie de ses «préoccupations pour la sécurité des cargos» et les a transmises aux délégations turque et ukrainienne.
«Le coordinateur des Nations unies pour l’Initiative sur les céréales en mer Noire, Amir Abdullah, a été notifié aujourd’hui [29 octobre] par la délégation russe auprès du JCC de ses préoccupations concernant la sécurité de mouvement des navires marchands», écrit le JCC. «M. [Amir] Abdullah a porté [ces préoccupations] à l’attention des délégations turque et ukrainienne auprès du JCC», ajoute-t-il. «Le JCC examine les récents développements, en évalue l’impact sur ses opérations et débat des prochaines étapes», conclut-il.
Neuf cargos ont pu emprunter le 29 octobre le corridor maritime en mer Noire et «plus de dix autres» sont prêts à en faire autant dans les deux sens, précise le Centre qui supervise la bonne application de l’accord. Celui-ci prévoit notamment une inspection des cargos empruntant le Bosphore dans les deux sens, à vide et chargés, par cinq équipes composées de huit inspecteurs, deux Russes, deux Ukrainiens, deux Turcs et deux délégués par les Nations unies. Le JCC comptait cette semaine plus de 170 cargos en attente d’inspection au large d’Istanbul.
L’accord céréalier, conclu en juillet sous égide de l’ONU et de la Turquie, avait permis l’exportation de plusieurs millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens depuis le début du conflit en février. Ce blocage avait contribué à la flambée des prix alimentaires. Néanmoins, ces dernières semaines, les autorités russes avaient formulé des critiques quant à l’application de cet accord par toutes les parties. Moscou a ainsi affirmé que les exportations ukrainiennes allaient majoritairement vers l’Europe et non vers les pays pauvres, mais aussi que ses propres exportations de denrées alimentaires et d’engrais continuaient de pâtir des sanctions occidentales antirusses. Selon la Russie, ces sanctions, même si elles ne visent pas directement ses produits agricoles, perturbent les chaînes financières et logistiques.
La Défense russe accuse Kiev d’avoir ciblé des navires participant aux exportations de céréales