Le chef de la diplomatie européenne a reconnu qu’il n’y avait pas de consensus au sein de l’Union pour un embargo sur le pétrole et le gaz russes. Quant aux Etats-Unis, ils le redoutent par crainte d’une envolée des cours qui les affecterait.
Lors d’une réunion à Paris, le 21 avril, de l’association Lena News, qui rassemble huit grands quotidiens européens, le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Josep Borrell, a douché les espoirs de ceux, comme la France ou la Pologne, qui souhaitent imposer un embargo sur le pétrole et le gaz russe.
Pour autant que je sache, en ce moment, il n’y a pas de proposition sur la table concernant le pétrole et le gaz
«Pour autant que je sache, en ce moment, il n’y a pas de proposition sur la table concernant le pétrole et le gaz […] Quelle est la meilleure façon de faire ? Une taxe ? Une interdiction? De nombreux économistes ont dit que le plus rationnel serait de rendre le pétrole et le gaz russes plus chers afin de créer un incitant à chercher d’autres sources. Aucune de ces propositions n’a recueilli l’unanimité requise», a déclaré Josep Borrell, cité par Le Figaro.
Quant à un embargo sur le gaz, pour le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ce «sera très difficile parce que certains Etats membres ont déjà dit qu’ils opposeraient leur veto à toute décision collective».
Paradoxalement, les Etats-Unis, soutien le plus déterminé de l’Ukraine contre la Russie, ont une position ambiguë sur la question d’un embargo européen sur les hydrocarbures russes.
Les Etats-Unis réservés sur un embargo européen
«Nous devons être prudents avec une interdiction européenne complète des importations de pétrole […] cela augmenterait clairement les prix mondiaux du pétrole, [et] aurait un impact néfaste sur l’Europe et sur d’autres parties du monde», a reconnu, selon l’AFP, la secrétaire étasunienne au Trésor Janet Yellen, lors d’une conférence de presse, à Washington le 21 avril. «Dans le cas du pétrole et du gaz naturel, la situation de l’Europe est clairement différente de celle des Etats-Unis. Nous avons interdit les importations russes d’énergie de tous types, mais nous importions très peu de Russie. Ce n’est pas vrai pour l’Europe», a-t-elle ajouté.
Deux jours auparavant, la Banque américaine JP Morgan avait prévenu qu’un embargo européen sur le pétrole russe pourrait projeter le cours du baril de Brent à 185 dollars. Une inquiétude majeure pour le gouvernement des Etats-Unis qui fait déjà face à une très forte inflation en grande partie causée par la hausse des cours de l’énergie.
Au sortir des restrictions imposées aux économies occidentales aux nom de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, les cours du baril de brut fluctuaient déjà au dessus de 90 dollars. Depuis le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine, ils ont largement dépassé le seuil des 100 dollars.
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