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Quand la Royal Navy troque ses missiles contre des salles de sport

Faute d’armements appropriés, la Royal Navy n’a pas pu participer aux frappes américaines contre les rebelles Houthis au Yémen, relate The Telegraph, limitant la contribution britannique à des frappes de la Royal Air Force menées depuis Chypre.

Chasseur bombardier américain, 4 février 2024.

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«La Grande-Bretagne règne sur les flots», disait la chanson… Ancien empire, fondant sa puissance sur sa domination maritime, le Royaume-Unis a-t-il les moyens de ses ambitions en mer Rouge, où les attaques des Houthis se poursuivent malgré les frappes anglo-américaines ? Une chose est sûre, depuis plusieurs semaines, The Telegraph tire une bordée contre l’amirauté.

Dans un article publié le 4 février, le quotidien britannique s’indigne de voir des «tapis roulant là où les missiles de croisière d’attaque terrestre devraient être». Plus précisément, le fait que les destroyers de Type-45, aient à leur proue une salle de sport en lieu et place d’un système de lancement vertical pouvant accueillir des missiles de croisière. «L’espace n’a jamais été utilisé que comme gymnase pour l’équipage, car la marine ne s’est pas procuré les armes en raison d’un manque de fonds», souligne le quotidien.

Résultat : le HMS Diamond, déployé par Londres en mer Rouge, n’a pas pu attaquer de cibles au sol durant les frappes menées avec les Etats-Unis ces dernières semaines contre les Houthis, du moins celles n’étant pas à portée de canon. Avec leurs dizaines de missiles Aster, les Type-45 sont pour l’heure cantonnés à un rôle de défense antiaérienne.

Quant aux sous-marins nucléaires d’attaque britanniques, bels et bien équipés de missiles de croisière, ceux-ci «ne peuvent pas être partout», confie un historien de la marine. «Ils ont également d’autres tâches à faire en termes de collecte de renseignements, ce qui n’est pas toujours propice à l’apparition et au tir de missiles», a-t-il poursuivi.

Résultat, comme le relatait The Telegraph dans des articles précédents, les frappes anglaises au Yémen ont jusqu’à présent été délivrées par des Eurofighter Typhoon, venus… de Chypre «à 2 400 kilomètres» et réapprovisionnés en vol par des A330 MRTT. Toujours selon le quotidien, les chasseurs britanniques ont «probablement» dû survoler le territoire yéménite afin de larguer leurs bombes – à la «portée limitée» – sur les objectifs les plus en profondeur.

«Des herbivores bien défendus avec des capacités offensives limitées»

Le Diamond aurait éventuellement pu compter sur ses missiles antinavires Harpoon, capables d’effectuer des frappes terrestres… si ceux-ci n’avaient pas été retirés en 2023. Leur remplaçant, développé par les filiales française et britannique du missilier MBDA, n’est pas attendu avant 2030. D’ici là, Londres a opté pour des missiles NSM norvégiens qui «jusqu’à présent», souligne The Telegraph n’équipent qu’«un seul navire, dans le cadre d’un essai» et n’ont «pas encore été tirés».

«C’est clairement un scandale et totalement insatisfaisant», s’indignait auprès du quotidien, fin janvier, un ancien haut responsable de la Défense. «C’est ce qui se produit lorsque la Royal Navy est obligée de prendre des décisions cruciales qui peuvent affecter ses capacités» a-t-il fustigé, avant de poursuivre ; «le Royaume-Uni doit désormais faire voler des avions de la RAF sur des milliers de kilomètres pour faire le travail qu’un missile sol-sol peut faire».

Des inquiétudes également partagées au Royaume-Uni par le législateur. «Lorsque les navires prennent la mer, ils agissent comme des porcs-épics – des herbivores bien défendus avec des capacités offensives limitées», s’alarmait le Comité parlementaire de la défense britannique dans un rapport publié le 14 décembre. Le tout alors que Londres nourrit des ambitions dans la région indopacifique.

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