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Quel ordre mondial la Russie construit-elle et pourquoi est-ce important pour les Ukrainiens ?

Selon l'opposant ukrainien Viktor Medvedtchouk, l’Ukraine est gérée par des dirigeants affolés, bornés et avides. Selon lui, les Ukrainiens se rappelleront qu'ils font avant tout partie du monde russe.

Cet article a été initialement publié sur RIA Novosti par Viktor Medvedtchouk.

Les frontières stratégiques de la Russie, comme celles de toute autre puissance mondiale, sont éloignées de son territoire. Elles s’appuient non pas sur la force militaire ou la volonté de remanier la carte politique, mais sur les principes d’égalité, de bénéfice mutuel et de partenariat. Tel est l’esprit du nouvel ordre international qui vient peu à peu succéder à l’architecture unipolaire. C’est ce dont Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, a parlé lors du marathon « Znanié. Pervyé » organisé par la société russe Znanié.

Les propagandistes occidentaux cherchent à présenter ces déclarations comme la justification d’une prétendue « politique de conquête » de la Russie, surtout aux yeux des Ukrainiens. L’interprétation qu’ils tentent de leur donner est que la Russie serait incapable d’exister sans conquérir ses voisins, et c’est pourquoi cet État devrait être réduit à néant, fractionné en petits pays, écarté de la « civilisation ». Pourtant, en réalité, c’est le contraire.

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C’est précisément le plan occidental qui consiste à détruire la civilisation russe pour évincer un concurrent puissant. La Russie a déjà été plusieurs fois qualifiée de « pays barbare », l’objectif étant d’organiser une nouvelle croisade pour lui apporter « la culture et la liberté », ou plutôt en réalité de tenter une nouvelle fois de l’anéantir. La Russie, elle, s’élève contre les nouveaux croisés pour les envoyer là où elle a déjà envoyé leurs ancêtres.

La leçon du cosaque Khmelnitski 

À en croire l’idéologie nazie d’aujourd’hui, érigée en idéologie d’État dans l’Ukraine actuelle, Bogdan Khmelnitski [chef cosaque du XVIIe siècle ayant mené un soulèvement contre la noblesse polonaise et conclu un traité avec la Russie] est un véritable séparatiste et un agent du Kremlin. Alors que sans Khmelnitski, sans les cosaques, l’Ukraine n’aurait jamais existé. Elle aurait subi l’influence polonaise et catholique, et ses régions méridionales seraient restées sous l’autorité turque. Bien plus, c’est à cette époque-là que quatre régions polonaises ont été rattachées à l’Ukraine, régions qui font toujours partie du pays.

Pour l’Occident, ce n’étaient pas des Ukrainiens, mais des Russes – ce qui était juste ! – et ils voulaient les poloniser. Les événements du XVIIe siècle ont été une guerre civile de grande envergure dont l’issue a déterminé quelle direction suivre à l’avenir. Comme nous pouvons le constater, ses populations n’ont pas voulu prendre la voie de l’Occident et ce, parce que les représentants de la « civilisation occidentale » ne voyaient en elles que des serfs et des esclaves, alors que pour les Russes, c’étaient des frères, y compris dans la foi.

Séparatisme ou retour ?

Voilà la question : quelle est la différence entre la situation actuelle et celle d’antan ? L’Occident ne considère toujours pas les Ukrainiens comme dignes de sa protection, il ne fait que leur livrer des armes. Il encourage de plus les attaques ayant pour cible l’unique Église orthodoxe canonique, il tente de gommer la mémoire de l’unité des peuples qui existait autrefois.

L’Ukraine ne s’est pas formée comme un État autonome, elle a fait partie de l’Empire russe, elle n’a accédé au statut d’État que sous l’URSS. La brève période de la République populaire ukrainienne était due à l’occupation allemande et non pas à un mouvement de libération nationale. En 1991, quand l’Ukraine a accédé à son indépendance à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, aucun mouvement de libération nationale n’a surgi.

Il s’est avéré facile de rattacher les terres ukrainiennes à la Russie : les modes de vie des deux populations ne se distinguaient pas, les Russes et les Ukrainiens provenant du même peuple, alors que le nationalisme ukrainien était l’amusement des nobles pro-polonais, ces nobles n’étant souvent pas des Ukrainiens ethniques. Pour un Ukrainien, vivre dans l’Empire russe était un bien, car dépendre de la noblesse polonaise, agitée et corrompue, pouvait lui coûter la vie.

«L’Ukraine est gérée par des dirigeants affolés, bornés et avides, dont beaucoup ne sont pas des Ukrainiens ethniques»

Cet état de choses fait sa réapparition aujourd’hui. L’Ukraine est gérée par des dirigeants affolés, bornés et avides, dont beaucoup ne sont pas des Ukrainiens ethniques et considèrent leurs citoyens comme des bêtes de somme et de la chair de canon.

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Qui étaient les citoyens ukrainiens de 1991 ? Des Ukrainiens ethniques ? Ceux qui l’étaient, parlaient-ils ukrainien ? La propagande nazie évoque le lourd héritage de l’« occupation soviétique », mais c’est du délire. Les Russes ethniques ne sont jamais venus conquérir l’Ukraine. C’est généralement l’Ukraine qui demandait à être libérée des Polonais, des Suédois, des Allemands, des Turcs.

En 1991, l’Ukraine était peuplée non pas d’Ukrainiens, mais de Soviétiques – de Russes, pour utiliser la terminologie contemporaine. Aujourd’hui, tous les Russes ne sont pas forcément des Russes ethniques, il est donc aujourd’hui extrêmement facile à un Ukrainien de devenir russe d’esprit– tout comme à n’importe quel moment de l’histoire. D’où la haine des propagandistes occidentaux vis-à-vis de tout ce qui est soviétique ou russe, de tout ce qui relève de l’histoire commune des deux peuples. L’Ukraine d’aujourd’hui est toujours peuplée de Russes. En témoigne le fait qu’aucun président ukrainien n’a su se faire élire sans l’assistance des forces pro-russes. Dès qu’il faisait le nobliau et oubliait ses racines russes, il se voyait immédiatement remplacé par un autre.

Les Ukrainiens n’ont pas oublié qu’ils font partie du monde russe

Les régions ayant intégré la Russie se sont immédiatement souvenues de leurs racines russes, il n’est pas question pour elles de retourner en arrière. L’Occident l’avait très bien compris, voilà pourquoi il a investi des milliards dans la propagande antirusse en Ukraine. Il a misé sur le conflit dans le Donbass qui a permis d’embraser l’Ukraine entière. Sauf que ce conflit a accéléré encore davantage le retour des régions ukrainiennes dans le giron russe.

« Je commencerai par dire que ce qui est en train de se passer en Ukraine est un cas particulier », a déclaré Dmitri Medvedev. « Il ne s’agit pas d’étendre les frontières de notre État par la méthode de l’occupation efficace, et l’Ukraine n’est pas un rei occupandi. Nous défendons nos territoires qui ont toujours constitué la Russie historique et qui le seront toujours. Nos actions sont une réponse, forcée mais assez efficace, à la politique russophobe menée par le régime des adeptes de Bandera et par le camp occidental, à leur volonté de détruire notre État. »

L’objectif de la guerre de l’information menée par l’Occident est de faire des Russes – quelle que soit leur ethnicité – des zombies, pour leur faire oublier qu’ils sont russes, pour les mettre au service d’autres pays. On a proposé aux Ukrainiens de se souvenir de leur « ukraineté », mais le fait est que les Ukrainiens font partie du monde russe et de l’histoire russe et, par conséquent, personne n’a rien oublié.

Ukraine : une histoire falsifiée

On a donc inventé à l’Ukraine une histoire falsifiée dont on exigeait qu’elle se souvînt. On a imposé à l’Ukraine l’idée que la Russie n’avait fait que la piller et qu’éliminer tout ce qui était ukrainien, que la lutte contre la Russie était la vraie vocation de l’Ukraine. « Nos ennemis ne cessent de répéter que la Russie viserait essentiellement à s’emparer des terres ukrainiennes, de leurs richesses incalculables : du blé, de l’acier, du gaz, du charbon. En réalité, l’Ukraine dirigée par des adeptes de Bandera ne possède rien de spécial au niveau économique, rien de ce que la Russie n’aurait pas dans des volumes plus importants – contrairement à l’Occident », rappelle Dmitri Medvedev.

« Pour nous, la richesse essentielle de l’Ukraine est tout autre. La richesse ultime que nous ne céderons à personne et à aucun prix, ce sont ses habitants. Ils nous sont proches. Les Anglo-Saxons cherchent progressivement à les transformer en zombies. Une grande partie de la population ukrainienne s’est retrouvée aujourd’hui perplexe, outrée, elle subit un stress profond et est totalement désorientée. Notre mission est de lui montrer qui est qui, de la délivrer de sa stupeur antirusse, de la faire revenir dans notre domaine. Le concept d’une Ukraine qui n’est pas la Russie, avancé par un des ex-leaders du pays, doit disparaître à jamais. L’Ukraine est sans aucun doute la Russie. »

Medvedev ne parle nullement de l’« occupation » inévitable de l’Ukraine. Il veut dire que l’Occident a poussé Kiev à un bras de fer avec Moscou, ce qui a créé la situation observée actuellement. « Si l’Ukraine n’était pas tombée dans le piège extrêmement stupide posé par les États-Unis et leurs alliés pour contrer notre pays en créant une anti-Russie, la situation aurait été différente. Comme notre président l’a souligné à juste titre, si l’on ne s’était pas mis à détruire la Russie sur son territoire historique, rien de tel ne serait arrivé. »

«Aujourd’hui, la justice consiste à démanteler le diktat de l’Occident»

Jamais les responsables russes n’affirment que l’Europe soit forcément un mal, en quoi ils se distinguent des russophobes occidentaux occupant les plus hautes fonctions dans l’Union européenne. Aujourd’hui, en Europe comme en Ukraine, on cherche à détruire le modèle de développement pro-oriental et pro-russe. Mais, par conséquent, la Russie et ses pays amis s’orientent de moins en moins vers le monde occidental. Et c’est l’Europe qui en souffre le plus.

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« En gros, nous étions prêts à poursuivre la même ligne constructive avec l’Union européenne jusqu’à un certain point », fait remarquer Dmitri Medvedev. « Pour rappel, les meilleures années, nos échanges commerciaux ont atteint près de 500 milliards d’euros. Mais les États membres de l’UE ont choisi une autre voie : devenir pour les États-Unis des instrumentum vocale, comme on appelait les esclaves dans la Rome antique. À leur instar, les pays européens sont la propriété de l’Amérique. Et sur son ordre, ils parient sur la confrontation et la destruction de tout ce qui a été soigneusement créé. L’histoire remettra sans aucun doute les choses à leur place. Tôt ou tard, la population européenne jugera sévèrement ses traîtres pour avoir sacrifié son bien-être à leurs maîtres d’outre-Atlantique. Mais il ne s’agit pas de jugement. La question est de savoir quel prix l’Europe devra payer pour ses erreurs fatales et comment cela affectera le destin de centaines de millions d’Européens. »

Les Ukrainiens qui ont fait confiance aux propagandistes antirusses sont devenus européens dans le sens où ils sont vaincus par l’armée russe et réalisent qu’ils ne vaincront pas la Russie. Mais si les citoyens ukrainiens se souviennent un jour non de l’illusion historique, mais de leur vraie histoire, ils comprendront qu’ils sont russes, qu’ils sont indispensables pour construire une Russie nouvelle et forte. Une Russie qui veut bâtir un monde juste pour tous les pays et tous les peuples.

La Russie a toujours remporté la victoire parce que le but de ses guerres n’était pas l’enrichissement ni la volonté d’imposer sa culture et ses règles du jeu, mais la justice dans le contexte d’une époque donnée. Aujourd’hui, la justice consiste à démanteler le diktat de l’Occident. Les conditions mondiales économiques aussi bien que politiques sont déjà en place. Et plus l’Occident s’impliquera dans la guerre, plus il perdra. Moins les Ukrainiens soutiendront cette guerre, mieux cela vaudra pour eux.

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