Le président turc Recep Tayyip Erdogan a insisté sur le danger d'une escalade des tensions au Moyen-Orient en recevant ce 24 janvier son homologue iranien Ebrahim Raïssi, qui l'a indirectement appelé à rompre avec Israël.
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«Nous sommes convenus de l’importance d’éviter toute action susceptible de compromettre plus encore la sécurité et la stabilité de notre région», a affirmé Recep Tayyip Erdogan devant la presse, au côté d’Ebrahim Raïssi, ce 24 janvier à Ankara.
Le chef de l’Etat turc a également appelé à prendre des «mesures urgentes» pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas palestinien, dénonçant une nouvelle fois des «attaques inhumaines» contre les civils gazaouis.
Le président iranien, dont la visite en Turquie intervient sur fond de tensions croissantes dans la région, a appelé devant son hôte à rompre avec Israël, l’ennemi juré de Téhéran, avec lequel Ankara maintient ses relations commerciales.
«Couper les liens avec le régime sioniste […] peut être efficace pour le forcer à mettre fin à toutes ces atrocités», a-t-il lancé, accusant une nouvelle fois les États-Unis d’avoir une responsabilité dans le sang versé à Gaza.
Les deux chefs d’État ont également affirmé leur volonté de lutter contre les menaces terroristes, trois semaines après un double attentat suicide revendiqué par le groupe djihadiste État islamique, qui a fait 89 morts dans le sud de l’Iran. Les soldats turcs ont eux aussi payé un lourd tribut ces dernières semaines dans leur combat dans le nord de l’Irak contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les deux dirigeants ont par ailleurs affiché leur volonté d’accroître leur commerce bilatéral, pour le porter à 30 milliards de dollars.
«État terroriste»
Fervent défenseur de la cause palestinienne, le président Erdogan est l’un des plus virulents critiques d’Israël depuis le début de la guerre à Gaza. Le chef de l’État turc a qualifié Israël d’«État terroriste » et le Hamas – dont la République islamique d’Iran est un des principaux soutiens internationaux – de «groupe de libérateurs».
Recep Tayyip Erdogan, qui a rappelé début novembre l’ambassadeur de Turquie à Tel-Aviv, a toutefois jugé impossible jusqu’ici de «rompre complètement» avec Israël, un pays avec lequel son pays continue de commercer.
Les Iraniens accusent eux Israël d’avoir tué ces dernières semaines un haut responsable iranien en Syrie et le numéro deux du Hamas au Liban, faisant craindre une extension de sa guerre contre le Hamas. Les Gardiens de la Révolution ont mené mi-janvier une attaque au Kurdistan irakien contre «un quartier général» d’où opérait, selon eux, le renseignement extérieur israélien.
Ajoutant à une situation explosive, les rebelles yéménites houthis soutenus par Téhéran, disant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont multiplié ces dernières semaines et encore ce 24 janvier les attaques contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, entraînant en riposte des frappes américano-britanniques sur leurs positions au Yémen.
«Proximité tactique»
Selon des experts, la guerre à Gaza a créé une «proximité tactique» entre Téhéran et Ankara, malgré leurs relations complexes voire dissonantes sur plusieurs dossiers. La Turquie a notamment appuyé les groupes islamistes rebelles en Syrie contre le président Bachar al-Assad, soutenu par Moscou et Téhéran.
Le soutien d’Ankara à l’Azerbaïdjan à propos du territoire disputé du Haut-Karabagh, dont Bakou s’est emparé en septembre 2023 lors d’une offensive éclair, a aussi irrité l’Iran. Téhéran s’inquiète d’une montée en puissance de Bakou dans le Caucase qui alimenterait des ambitions séparatistes au sein de sa propre minorité ethnique azérie. L’Iran voit en outre d’un mauvais œil toute ambition de l’Azerbaïdjan, allié d’Ankara, de se ménager un couloir en territoire arménien vers l’enclave du Nakhitchevan qui longe la frontière nord de l’Iran et pourrait compliquer son propre accès à l’Arménie.
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