Lors d’une interview à la télévision américaine, donnée le 16 mai depuis Kharkov, le président ukrainien a estimé que le «monde» était responsable des échecs des forces ukrainiennes face à l’armée russe dans cette région.
Alors que l’armée ukrainienne essuie des revers dans la région de Kharkov, dans le nord-est de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, en visite dans un hôpital de la ville éponyme, a tenu le «monde» pour responsable de la situation.
«Les brigades ne sont pas entièrement équipées à cause du paquet que nous avons attendu huit mois», a-t-il déclaré à une équipe de la chaîne américaine ABC News, alors qu’il rendait visite à des soldats ukrainiens blessés au front. Une allusion claire aux délais pris par le Congrès des États-Unis pour octroyer à Kiev une enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire. «C’est la faute du monde», a-t-il répondu à un journaliste, alors que celui-ci l’interrogeait sur une responsabilité américaine.
«Le monde a donné à Poutine la possibilité de l’occuper», a poursuivi le président ukrainien. Avant d’ajouter : «Maintenant, le monde peut aider.» Volodymyr Zelensky a alors enchaîné sur une nouvelle demande d’aide militaire. Selon lui, le déploiement de «seulement deux systèmes Patriot» dans la région de Kharkov empêcherait l’armée russe de l’emporter.
Trois fois plus grande que Paris, la ville de Kharkov comptait près de 1,5 million d’habitants avant l’éclatement du conflit en février 2022. Une ville que «nous ne pouvons pas nous permettre de perdre», a assuré Volodymyr Zelensky au journaliste américain.
Face au recul de Kiev, les Occidentaux dans la surenchère
Depuis une semaine, l’armée russe a annoncé la libération d’une dizaine de localités de cette région frontalière de la Russie. Le 10 mai, le président ukrainien affirmait qu’une offensive avait été lancée par les forces russes dans la région, appelant ses alliés occidentaux à renforcer leur soutien militaire. Le chef du GUR, Kirill Boudanov, a quant à lui alerté sur l’absence de réserves des forces ukrainiennes. «Toutes nos forces sont soit ici [dans la région de Kharkov], soit à Tchassov Iar», a-t-il indiqué le 14 mai, déclarant avoir utilisé tout ce qu’ils avaient en matière d’effectifs. «Nous n’avons personne d’autre dans la réserve», a-t-il ajouté.
Le même jour, l’Élysée annonçait qu’Emmanuel Macron avait détaillé «les livraisons des prochains jours et prochaines semaines en soutien de l’effort militaire ukrainien», sans donner davantage de précision. Au même moment, en visite à Kiev, le chef de la diplomatie américaine a déclaré : «C’est à l’Ukraine de prendre ses décisions sur la manière dont elle mène cette guerre», fermant ainsi les yeux sur les frappes menées par Kiev sur le sol russe.
Une déclaration qui s’ajoute à celle de plusieurs ministres européens, dont le chef de la diplomatie britannique qui au début du mois avait déclaré son soutien à des frappes ukrainiennes menées en Russie à l’aide d’armements britanniques.
À Moscou, la diplomatie russe a mis en garde les chancelleries occidentales contre toute attaque sur son sol menée avec des armements qu’elles ont fournies à Kiev. Le Kremlin avait estimé que, par leurs déclarations provocatrices, les responsables occidentaux attisaient délibérément les tensions face au risque d’effondrement de l’armée ukrainienne.