Opposés à l'investiture de l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron Jérôme Peyrat, condamné pour violences conjugales, des militants LREM de Dordogne affirment qu'ils soutiendront la députée sortante si elle se présente à nouveau.
Les militants du comité LREM de Terrasson et Sarlat en Dordogne ont apporté leur soutien à la députée sortante Jacqueline Dubois, qui n’a pas fait mystère de sa déception de ne pas avoir été investie au profit de son adversaire LR de 2017 Jérôme Peyrat, ancien conseiller de l’Elysée condamné en 2020 pour violences conjugales.
Il a trahi ma confiance en sa parole donnée
«Si notre députée sortante venait légitimement à se représenter, les militants seraient nombreux à lui apporter leur soutien et à faire campagne à ses côtés, assumant les conséquences potentielles d’un tel engagement», écrivent-ils.
En Dordogne, l’investiture de Jérôme Peyrat, ancien conseiller d’Emmanuel Macron condamné pour violences conjugales, passe très mal auprès des militants LREM. Mais au niveau national, c’est silence radio. https://t.co/iyrKpxRMqUpic.twitter.com/otoNKsmzyt
— Ellen Salvi (@ellensalvi) May 15, 2022
La députée de la 4e circonscription de Dordogne avait publié un communiqué après que les noms des candidats macronistes investis ont été divulgués dans lequel elle disait envisager une candidature dissidente. «Je connais monsieur Peyrat depuis 25 ans. Il m’avait assuré qu’il ne serait pas candidat […] Il a trahi ma confiance en sa parole donnée», avait-elle écrit. Elle avait rappelé au passage qu’elle avait battu en 2017 ce candidat, «homme d’appareils et de cabinets, rarement présent dans les instances territoriales» et qui n’avait «pas su prédire la victoire d’Emmanuel Macron».
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⬇️⬇️ Retrouvez mon communiqué de presse publié ce jour : #Circo2404pic.twitter.com/824XBs72DT
— Jacqueline Dubois (@Jacqlinedubois) May 10, 2022
Le communiqué des militants LREM de Dordogne reprend les mêmes arguments sans jamais évoquer la condamnation. Ils s’interrogent par ailleurs sur la capacité de Jérôme Peyrat à défendre la «Grande cause du quinquennat, justement celle des femmes».
Jérôme Peyrat a été condamné à 3 000 euros d’amende avec sursis en 2020 pour violences suivies d’ITT supérieure à huit jours envers son ex-compagne. Cette dernière l’accusait de l’avoir frappée au visage et d’avoir tenté de l’étrangler dans une voiture en décembre 2019. Lui disait avoir voulu la «maîtriser» après qu’elle eut jeté par la fenêtre des vêtements, ses lunettes et tenté d’arracher la clef de contact, au risque de provoquer un accident.
L’ouverture de l’enquête avait forcé celui qui est aujourd’hui maire du village de La Roque-Gageac et conseiller régional à démissionner de son poste de conseiller à l’Elysée où il était chargé des relations avec les élus locaux.
Une réunion laissant les mécontents «montrer leur désaccord avec leurs responsables» était prévue le 16 mai avec les autres composantes de la majorité présidentielle (dont Horizons et Territoires de progrès) à l’initiative des militants locaux, qui au passage reprochent à Jérôme Peyrat de ne pas avoir pris contact avec eux. De son côté, l’entourage de l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron a minimisé la fronde en rappelant à Franceinfo que ce mouvement émanait seulement de deux des trois comités que compte la circonscription.
Une affaire qui «touche à l’intime»
Quant à la condamnation même, Jérôme Peyrat a expliqué à France bleu que cette affaire «touche à l’intime» et «a des répercussions sur [sa] famille», et il a appelé à aller voir de« très près les faits, ce qui s’est exactement passé et que l’on aille voir la décision de justice qui [le] concerne».
«Je risquais jusqu’à 5 ans de prison, certes avec sursis, et 75 000 euros d’amende, et finalement le juge a décidé d’assortir du sursis la peine, presque symbolique, requise. Cela vient reconnaître que je ne suis pas un homme violent, chroniquement alcoolique, armé, tout ce dont j’ai pu être accusé dans cette affaire…», avait-il déclaré en 2020 à l’issue du jugement.
Son ex-compagne était, elle, poursuivie dans une procédure distincte pour outrage et appels malveillants à l’encontre de son ex-compagnon. Pendant le procès, le ministère public a eu du mal à établir les faits et à démêler «la parole de l’un contre la parole de l’autre».
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