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Sous la pression de la filière alcool, le gouvernement a-t-il annulé des campagnes de prévention ?

Selon Radio France, deux campagnes de prévention sur l’alcool auraient été annulées par le ministère de la Santé. Des professionnels de santé accusent l’exécutif d’avoir cédé au «lobby de l’alcool» et fait marche arrière pour de «faux prétextes».

Deux campagnes élaborées par Santé publique France ont été annulées par le ministère de la Santé, selon une enquête de Radio France publiée le 11 septembre. Commandées en prévision de la Coupe du monde de rugby, elles devaient permettre de faire coïncider cet événement festif avec des contenus de prévention en matière de consommation d’alcool.

L'entrée principale de la Cour des comptes française à Paris, le 25 février 2020 (image d'illustration).

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Les professionnels de santé, contactés par la cellule investigation du groupe public, s’insurgent contre des lobbies qui auraient fait pression jusqu’au sommet de l’Etat. Pour la directrice du plaidoyer au sein de l’association Addictions France, interrogée par Radio France, «les pressions effectuées par les alcooliers sur les pouvoirs publics et en particulier l’Élysée» sont prégnants.

Des pressions jusqu’à l’Elysée ?

Derrière l’offensive des défenseurs de l’alcool se trouverait l’association Vin et société, qui assure représenter quelque 500 000 acteurs de la filière alcool. Suite à la diffusion en début d’année d’une campagne intitulée «la bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool», soulignant un paradoxe dans le fait de «trinquer» à la «santé» avec de l’alcool, Vin et société a adressé mi-janvier un courrier «incendiaire» à l’Elysée, épinglé par Radio France dans son enquête.

Fustigeant une campagne au «slogan inepte», l’association viticole estime qu’à travers cette campagne, «qui ne montre aucune scène de consommation excessive d’alcool», ce sont «les moments de convivialité des Français qui sont directement ciblés».

L’association France Addictions, mobilisée durant la Coupe du monde de rugby, estime de son côté que la consommation d’alcool même modérée augmente «le risque de cancers et de maladies cardiovasculaires». Contacté par Radio France, le ministère de la Santé se défend en évoquant «un nombre important de campagnes portées par l’Etat» qui pousse à «revoir les priorités».

Deux campagnes qui passent à la trappe

En novembre 2022, c’est la direction générale de la Santé (DGS) qui avait demandé à Santé publique France de plancher sur une campagne ayant pour thème «alcool et rugby», dont la diffusion devait avoir cours en septembre pendant la compétition, relate Radio France. Le scénario était prêt et visait à intégrer des éléments faisant écho à ce sport avec des slogans du type «Ne laissez pas l’alcool vous mettre KO», précise l’article.

Renvoyant à des révélations mi-juillet du Canard enchaîné, passées sous les radars médiatiques, l’autre campagne annulée l’aurait été au début de l’été, assure Radio France. Celle-ci avait une portée plus générale, voulant souligner l’impact que l’alcool pouvait avoir sur la santé des consommateurs, et insistait sur les risques d’AVC. Une campagne financée pour rien et qui, selon l’auteur de l’enquête, a nécessité «plus d’un an de travail».

Les deux campagnes avaient été annulées lorsque le ministère de la Santé se trouvait sous la houlette de François Braun, juste avant que ce dernier ne passe la main à Aurélien Rousseau. Son successeur estime pour sa part qu’il n’y a pas eu d’annulation de campagne, mais des «briefs créatifs non retenus».

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