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Sous-marins : l’Australie dédommage Naval Group et veut «rétablir une meilleure relation» avec Paris

Canberra a dédommagé Naval Group à hauteur de 555 millions d'euros afin de résoudre le conflit provoqué par la rupture en septembre 2021 du contrat avec le constructeur français de sous-marins au profit du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

L’Australie a dévoilé le 11 juin un accord de compensation massive avec le fabricant français de sous-marins Naval Group, mettant un terme financier à un conflit qui a envenimé les relations entre Canberra et Paris pendant près d’un an.

Affaire des sous-marins : 3,7 milliards d'euros, le prix à payer pour le contribuable australien ?


Affaire des sous-marins : 3,7 milliards d’euros, le prix à payer pour le contribuable australien ?

Le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré que l’entreprise française avait accepté un «règlement juste et équitable» de 555 millions d’euros pour la rupture du gigantesque contrat de 56 milliards d’euros – l’Australie se tournant soudainement vers ses partenaires américains et britanniques –, qui avait occasionné une crise diplomatique entre Paris et Canberra en septembre 2021.

Naval Group a en réaction salué dans un court communiqué un accord «équitable», reprenant le terme du chef du gouvernement australien. L’entreprise française n’a en revanche pas donné d’informations sur le montant de la compensation. Le groupe précise avoir «accompagné» ses partenaires et sous-traitants français et australiens dans leurs démarches. Il remercie enfin ceux qui ont fait avancer «durant plus de cinq ans» ce programme finalement avorté.

«Nous sommes en train de rétablir une meilleure relation entre l’Australie et la France», a déclaré Anthony Albanese, se disant «impatient» de répondre à l’invitation que lui a faite le président Macron de se rendre à Paris «à la première occasion».

«Des décennies» avant la mise en service des sous-marins étasuniens ou britanniques

Au total, l’échec du contrat des sous-marins français aura coûté 2,4 milliards de dollars aux contribuables australiens, a précisé leur Premier ministre, sans qu’ils aient pu en tirer un quelconque bénéfice. Le contrat de sous-marins constitue la pièce maîtresse de la stratégie australienne de défense face à une Chine à l’influence grandissante dans la région sous la présidence de Xi Jinping.

Les sous-marins à propulsion nucléaire pourraient permettre à l’Australie d’opérer de façon plus furtive et plus dissuasive vis-à-vis de la Chine, mais une grande incertitude règne sur l’échéance à laquelle l’Australie pourra effectivement posséder ces appareils. Le premier sous-marin étasunien ou britannique ne sera vraisemblablement pas en service avant des décennies, ce qui laissera un vide pour l’Australie dont la flotte actuelle est vieillissante.

Le choix du pays fournisseur aura d’ailleurs un impact économique important et des implications stratégiques, liant étroitement la marine australienne à celle de la nation choisie. L’ancien ministre de la Défense et actuel leader de l’opposition, Peter Dutton, a déclaré cette semaine qu’il avait été décidé de s’approvisionner auprès des Etats-Unis, une révélation inhabituelle compte tenu de la sensibilité des négociations en cours. Le gouvernement actuel a insisté sur le fait qu’aucune décision n’avait encore été prise.

Paris veut «regarder vers l’avant» avec Canberra

La France «prend acte» de l’accord de compensation entre le fabricant de sous-marins Naval Group et l’Australie qui va permettre une relance des relations avec Canberra, a réagi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu ce même jour. 

«Je prends acte que cet accord convient à Naval Group […] Cet accord est important parce qu’il va nous permettre d’ouvrir une nouvelle page dans notre relation bilatérale avec l’Australie et de regarder vers l’avant», a déclaré le ministre à des journalistes à Singapour.

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Le ministre français devait rencontrer son homologue australien Richard Marles, issu du gouvernement travailliste australien nouvellement élu, en marge de la conférence sur les questions de sécurité Shangri-La Dialogue dans la cité-Etat.

«L’amitié avec l’Australie est précieuse. Ce n’est pas parce qu’un gouvernement dans l’histoire a manqué à sa parole que nous devons oublier notre relation stratégique […] L’Australie a une nouvelle équipe au pouvoir, nous nous réjouissons de pouvoir travailler avec elle», a souligné Sébastien Lecornu.

La France et l’Australie avaient signé en décembre 2016 un gigantesque contrat de 56 milliards d’euros pour la fourniture de 12 sous-marins conventionnels, dérivés des futurs sous-marins nucléaires français Barracuda. En septembre 2021 cependant, le Premier ministre australien d’alors Scott Morrison avait soudainement mis fin au contrat français, annonçant que son pays achèterait des sous-marins à propulsion nucléaire étasuniens ou britanniques dans le cadre du nouveau partenariat AUKUS, un changement majeur pour un pays aux faibles capacités nucléaires.

Scott Morrison s’était alors attiré les foudres du président français Emmanuel Macron qui l’avait accusé de tromperie et a rappelé son ambassadeur d’Australie en signe de protestation. Paris avait en outre dénoncé «un coup dans le dos». Les relations entre les deux pays sont restées glaciales jusqu’à l’élection en mai d’Anthony Albanese, de centre gauche. Depuis son arrivée au pouvoir, celui-ci s’est empressé de rétablir les relations tendues avec la France, la Nouvelle-Zélande et les nations insulaires du Pacifique qui reprochaient au gouvernement conservateur précédent sa lenteur en matière de changement climatique.




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