France

Attaque au couteau à Paris : Darmanin admet un «ratage» dans le suivi psychatrique du suspect

Toujours en garde à vue, le jihadiste qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris le 2 décembre au soir avait fait allégeance au groupe Etat islamique avant son passage à l'acte, qui pose la question du suivi psychiatrique de certains jihadistes.

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Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin a admis le 4 décembre qu’il y avait eu «manifestement un ratage» dans le suivi «psychiatrique» de l’auteur présumé de l’attentat mortel au couteau près de la tour Eiffel samedi soir à Paris.

«Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique, les médecins ont considéré à plusieurs reprises qu’il allait mieux», a déclaré Gérald Darmanin sur la chaîne BFMTV. Interpellé après l’attaque qui a fait un mort et deux blessés, Armand Rajabpour-Miyandoab, un individu de nationalité française et d’origine iranienne de 26 ans, était fiché pour radicalisation islamiste et soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré.

La garde à vue de l’auteur présumé de l’attaque mortelle au couteau près de la tour Eiffel à Paris se poursuit ce 4 décembre. La mère du suspect avait d’ailleurs signalé fin octobre la potentielle dangerosité de son fils, fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT) selon une source proche de l’enquête, a indiqué la veille le procureur anti-terroriste, Jean-François Ricard.

L’attaque est survenue à quelques mois des JO-2024 à Paris et moins de deux mois après celle d’Arras (Nord) qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal «urgence attentat». 

S’exprimant en langue arabe dans une vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab y apportait «son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones», a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse le 3 décembre au soir.

«Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X», ouvert début octobre et qui comportait «de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine», selon le magistrat.

En garde à vue, l’assaillant n’a pas choisi de garder le silence et «s’exprime», selon une source proche du dossier. Trois autres personnes, membres de sa famille ou de son entourage, sont en garde à vue.

Les faits se sont déroulés samedi vers 20h30 GMT dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine. 

Le touriste tué au couteau, âgé de 23 ans, était de nationalités allemande et philippine, et se trouvait avec deux autres personnes d’origine philippine. Il a reçu «deux coups de marteau et quatre coups de couteau», a indiqué le magistrat.

L’assaillant a crié à plusieurs reprises «Allah akbar» et déclaré être «muni d’une ceinture d’explosifs», selon le procureur antiterroriste.

Il s’en est aussi pris, avec un marteau, à deux hommes, un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, légèrement blessés.

Il a été maîtrisé par les forces de l’ordre à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique peu après l’attaque et placé en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. L’enquête est ouverte pour «assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes». 

Troubles psychiatriques

La mère de l’assaillant avait informé les autorités qu’elle s’inquiétait pour son fils qui «se repliait sur lui-même», a souligné le procureur. 

Les services de police avaient tenté en vain de faire en sorte qu’il soit examiné par un médecin et de le faire hospitaliser d’office, ce qui n’a pas été possible en l’absence de troubles, selon une source proche du dossier. Sa mère, en outre, ne voulait pas demander l’hospitalisation forcée de son fils. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu’il «allait mieux», toujours selon la même source.

«Issu d’une famille sans aucun engagement religieux», il s’est converti à l’islam à l’âge de 18 ans, en 2015, et a «très rapidement» versé dans «l’idéologie jihadiste», selon le procureur. 

«La création de ce compte X début octobre, puis l’inquiétude le même mois de la mère peuvent interroger sur un acte préparé depuis plusieurs semaines», a analysé une source proche du dossier. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer quand les armes de l’agression ont été achetés.

Fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), selon une source proche de l’enquête, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme, après un projet d’action violente en 2016 à la Défense, quartier d’affaires à l’ouest de Paris. Il était sorti en 2020 de prison après quatre ans de détention.

Les enquêteurs vont désormais se pencher sur le suivi médical de l’auteur, un homme au “profil très instable, très influençable”, selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP.

«L’évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention, conduisait le Pnat (Parquet national antiterroriste) à requérir la réalisation d’une nouvelle expertise psychiatrique», a rappelé Jean-François Ricard en conférence de presse. 

«A la suite de cette dernière, l’auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. Ce suivi était effectif jusqu’à la fin de la mise à l’épreuve le 26 avril 2023», a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réclamé le 3 décembre au soir que les autorités «puissent demander une injonction de soins» pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l’acte, à l’issue d’une réunion interministérielle.

Environ 5 200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1 600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5 000 personnes ont des troubles psychiatriques.

 

Attaque au couteau à Paris : le parquet antiterroriste chargé de l’enquête

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