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TikTok dans le viseur du Congrès américain : des «méthodes de voyou», selon Pékin

La Chine a dénoncé ce 14 mars des «méthodes de voyou» après un vote au Congrès américain qui renforce la menace d'interdiction aux États-Unis de l'application chinoise TikTok, au nom de la «sécurité nationale». Selon la direction de l’entreprise, 300 000 emplois seraient menacés par la mesure.

Manifestation en faveur de TikTok devant le Congrès américain, le 12 mars 2024 (image d'illustration).

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«Si un soi-disant prétexte de sécurité nationale peut être utilisé pour écarter arbitrairement des entreprises performantes d’autres pays, alors il n’y a plus d’équité ni de justice», a fustigé face à la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, ce 14 mars.

«Quand quelqu’un voit une bonne chose d’une autre personne et veut la lui prendre, ce sont assurément des méthodes de voyou», a-t-il ajouté.

Pékin n’a pas caché sa colère au lendemain de l’adoption par la Chambre américaine des représentants d’une proposition de loi qui demande au réseau de couper tout lien avec la Chine. C’est un développement majeur pour l’application, même si l’issue du vote à venir au Sénat reste incertaine.

«Le texte voté à la Chambre américaine des représentants va à l’encontre du principe de concurrence loyale et des règles internationales en matière d’économie et de commerce», a estimé Wang Wenbin.

«Les États-Unis doivent […] cesser les pressions destinées à écarter injustement des entreprises étrangères» de leur marché, a de son côté déclaré un porte-parole du ministère chinois du Commerce, avertissant que la Chine prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour défendre ses entreprises.

La proposition de loi obligerait ByteDance, la société mère de TikTok, à vendre l’application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux États-Unis. Aucun acquéreur potentiel ne s’est pour l’instant officiellement manifesté.

300 000 emplois menacés aux États-Unis ?

Peu avant la réaction officielle chinoise, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, avait appelé ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis à réagir. «Faites-vous entendre», a-t-il lancé sur TikTok et sur le réseau social X (ex-Twitter) après le vote, à moins de huit mois de l’élection présidentielle de novembre.

«Nous ne cesserons pas de vous défendre et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, y compris en exerçant nos droits légaux, pour protéger cette formidable plateforme que nous avons construite avec vous», a-t-il ajouté.

Le dirigeant a estimé que la loi mettait en danger «300 000 emplois» aux États-Unis, menaçant notamment de priver des «petites entreprises qui dépendent de TikTok» de «milliards de dollars» de revenus.

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que l’application de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d’espionner et de manipuler les citoyens américains.

Le groupe chinois conteste farouchement ces allégations, nie avoir transmis des informations aux autorités chinoises et assure qu’il refuserait toute requête éventuelle en ce sens.

Incertitude au Sénat

Le texte de loi, adopté à une large majorité de 352 voix sur 432 élus, «n’interdit pas TikTok», a fait valoir le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. «Il vise à solutionner des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec un réseau social», a-t-il expliqué.

«Ce processus a été mené en secret et le texte présenté en urgence pour une raison : il s’agit d’une interdiction», a réagi un porte-parole de TikTok auprès de l’AFP. 

Le sort du projet de loi est incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s’opposent à une mesure aussi radicale à l’encontre d’une application extrêmement populaire. Le chef de file des démocrates à la chambre haute, Chuck Schumer, a simplement pris acte du vote, le 13 mars, sans se prononcer.

Le président américain Joe Biden a déclaré qu’en cas d’adoption au Sénat, il promulguerait le texte. 

 

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