Alors que la présidente de la Commission européenne a proposé d'instaurer un tribunal spécial pour juger «les crimes de la Russie» en Ukraine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov souligne qu'une telle initiative serait dénuée de «légitimité».
Réagissant à la proposition de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen d’instaurer des tribunaux visant à juger «les crimes de la Russie» en Ukraine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a fait part de sa condamnation.
«En ce qui concerne les tentatives de créer des tribunaux, ils n’auront aucune légitimité, ne seront pas acceptés par nous et seront condamnés par nous», a-t-il ainsi répondu, interrogé ce 1er décembre en conférence de presse.
Alors que l’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement de crimes de guerre, le porte-parole a par ailleurs souligné que la Russie enquêtait sur les «crimes du régime de Kiev».
«Nos enquêteurs mènent un travail intense et très méticuleux pour constater tous les crimes du régime de Kiev. Ce travail est effectué sur une base quotidienne, à chaque heure, en fait», a ainsi expliqué Dmitri Peskov, soulignant que le conflit avait débuté en 2014 avec les bombardements sur le Donbass.
«Il est également très important de joindre à [cette enquête] les informations, les données sur les crimes commis par ce régime depuis 2014, et qui n’ont malheureusement pas provoqué non plus de réaction critique de la part de ce qu’on appelle “l’Occident dans son ensemble”», a-t-il conclu sur le sujet.
Bruxelles veut juger la Russie… et saisir ses fonds gelés
Le 30 novembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen avait annoncé vouloir «mettre en place un tribunal spécial soutenu par les Nations unies pour enquêter et poursuivre en justice les crimes d’agression de la Russie». La création d’un tel tribunal a été réclamée à plusieurs reprises par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
La présidente de la Commission avait en outre fait savoir, lors de la même prise de parole, que Bruxelles envisageait de faire payer Moscou pour les destructions matérielles en Ukraine. «Avec nos partenaires, nous veillerons à ce que la Russie paie pour les ravages qu’elle a causés en utilisant les fonds gelés des oligarques et les actifs de sa banque centrale», a-t-elle affirmé. L’UE a déjà bloqué 300 milliards d’euros de réserves de la Banque centrale russe et a gelé 19 milliards d’euros d’avoirs appartenant à des oligarques russes, comme elle l’a rappelé.
«A court terme, nous pourrions créer […] une structure pour gérer ces fonds et les investir. Nous utiliserons ensuite ces fonds pour l’Ukraine», a précisé Ursula von der Leyen.
Le représentant permanent de la Russie à l’ONU a vu dans les deux propositions un lien, estimant que le tribunal spécial proposé par Ursula von der Leyen visait en réalité à donner une base légale à l’utilisation par Bruxelles des fonds russes gelés. «Il est clair qu’ils essaieront de justifier cela par une résolution adoptée par l’Assemblée générale [de l’ONU] pour tenter de donner une forme de légitimité à cet acte illégal», a souligné le représentant russe.
Pour Lavrov, il est impossible de restaurer les relations avec l’Occident en matière de sécurité