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Liban : l’émissaire américain joue la carte de l’opposition au Hezbollah

Le diplomate américain Amos Hochstein a fait une visite de quelques heures à Beyrouth. Médiateur dans le conflit entre le Hezbollah et l'armée israélienne, il a appelé les partis libanais de l'opposition à affermir leurs positions concernant le désarmement de la milice chiite.

Troupes israéliennes à la frontière libanaise (image d'illustration).

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Le contraire aurait été étonnant. Lors de sa visite expresse au Liban le 4 mars, l’émissaire des États-Unis Amos Hochstein en a profité pour s’entretenir avec l’opposition au Hezbollah. 

Le diplomate américain a rencontré le chef du Parlement Nabih Berry, le Premier ministre Nagib Mikati, le chef de l’armée Joseph Aoun, le chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib, le ministre de l’Énergie Walid Fayad, ainsi que le vice-président du Parlement Élias Bou Saab.

En apparence, Amos Hochstein a défendu la solution diplomatique, «seule issue pour mettre fin aux hostilités» entre l’armée israélienne et le Hezbollah. «Si des garanties politiques ne sont pas offertes sur un arrêt des opérations militaires du Hezbollah à l’avenir, la trêve à Gaza ne changera rien pour le Liban», a-t-il toutefois fait savoir, selon une source diplomatique libanaise citée par L’Orient-Le Jour.

Le 4 mars, le même média avait rapporté qu’Amos Hochstein se rendait au pays du Cèdre avec «une proposition». Cette dernière, en trois étapes, prévoit une cessation des hostilités, le déploiement de l’armée libanaise à la frontière et la résolution des litiges frontaliers.

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Cependant, l’émissaire des États-Unis s’est également entretenu avec l’opposition au parti chiite libanais, notamment le chef des Kataëb Samy Gemayel, le numéro deux des Forces libanaises Georges Adwan, le député Michel Moawad et le leader druze Walid Joumblatt, rapporte un article de L’Orient-Le Jour.

D’après des sources du quotidien libanais, Amos Hochstein aurait enjoint les différents partis à insister davantage dans leurs positions sur l’importance du déploiement de l’armée au Liban-Sud et sur la nécessité de changer le statu quo militaire dans la région, faute de quoi «la guerre contre le pays sera dévastatrice», tout en préconisant sur le long terme une solution diplomatique pour la résolution du contentieux israélo-libanais. 

Après la réunion avec l’émissaire américain, Samy Gemayel a appelé au désarmement de toutes les milices, en visant expressément le Hezbollah, conformément aux résolutions onusiennes, déterrant à cette occasion la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en 2004. «Il s’agit là d’une des conditions pour l’édification d’un État», a-t-il martelé, avant d’ajouter : «À la fin de la guerre, les choses ne pourront plus continuer de la même façon […] parce que nous n’accepterons plus de vivre comme des citoyens de second degré au sein de notre pays.»

«Nous avons insisté sur l’importance de nous entraider pour appliquer la résolution 1701 [adoptée en 2006 et soulignant la nécessité pour le Liban d’exercer un contrôle gouvernemental entier sur son territoire] et pour soutenir l’armée afin de lui permettre de préserver la sécurité aux frontières», a quant à lui déclaré Georges Adwan, cité par L’Orient-Le Jour.

De son côté, le numéro deux du Hezbollah Naïm Qassem a réitéré la position du parti en affirmant que les opérations de la milice chiite continueraient tant que la guerre à Gaza n’aurait pas pris fin. Le même jour que la visite de l’émissaire américain, l’aviation israélienne a procédé le 4 mars à plusieurs raids sur le Sud-Liban, tuant trois secouristes de la défense civile de l’Association de santé islamique, organe du Hezbollah. 

«Nous n’avons pas encore utilisé toutes nos armes. Les réserves d’armes pour une guerre ouverte n’ont pas encore été déployées, et l’ennemi le sait», a lancé le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad, dans un discours tenu à Kfar Melki, village du caza de Saïda, selon le média du parti Al-Manar.

Depuis le 8 octobre, les tensions entre Tsahal et le Hezbollah ne cessent de s’accentuer, faisant planer la menace d’une intervention au sol d’Israël. Escarmouches, frappes de missiles et de drones se succèdent depuis l’éclatement du conflit entre le Hamas gazaoui et l’État hébreu. Alors que les raids de Tsahal se limitaient majoritairement à un rayon de cinq kilomètres à la frontière, depuis peu, l’aviation israélienne a étendu ses frappes vers Baalbeck, Saïda ou encore Nabatiyé.

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