Chaque mois depuis février, dans le cadre d’une mission européenne de formation, des instructeurs de l’armée française prodiguent en Pologne un entraînement militaire à des centaines d’Ukrainiens appelés à rejoindre le front.
Le voile se lève davantage sur la contribution de Paris au conflit en Ukraine. Alors que depuis le sommet de l’OTAN de Vilnius Emmanuel Macron a annoncé la fourniture à Kiev de 50 missiles Scalp, de nouveaux chiffres ont été communiqués à la presse le 10 juillet concernant les formations militaires dispensées par l’armée française aux soldats ukrainiens. Une communication orchestrée à l’occasion de la venue du ministre des Armées Sébastien Lecornu dans un camp d’entraînement en Pologne.
Dans ce pays limitrophe de l’Ukraine, la centaine d’instructeurs militaires tricolores auraient formé 1 600 Ukrainiens. Nombre qui s’ajoute aux 3 600 formés en France, pour un total de 5 200 soldats de Kiev passés entre les mains des Français. C’est plus du double que ce qui avait été présenté à la mi-juin, dans une publication du Monde, ou encore de l’objectif de former «jusqu’à 2 000 soldats ukrainiens», annoncé en octobre 2022 par Sébastien Lecornu lors d’une interview au Parisien.
Ces formations militaires sont dispensées par la France dans le cadre de la mission d’assistance à l’Ukraine de l’Union européenne (EUMAM). Annoncée par Bruxelles en octobre 2022, elle avait initialement pour ambition de former 15 000 soldats ukrainiens à l’horizon de mai 2023. Ambition qui a depuis été doublée. «L’objectif est de former 30 000 soldats, y compris les équipes des chars de combat», a ainsi déclaré début février le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d’un déplacement à Kiev.
Le combat d’infanterie au cœur de la formation dispensée par les Français
Officiellement débutée en février, cette mission française en Pologne a pour objectif de «former des bataillons d’infanterie ukrainiens sur une durée de quatre à cinq semaines», soit environ 500 hommes par mois, a précisé à l’AFP un officier détaché par Paris auprès de l’état-major polonais. «Les délais sont très restreints pour tenir compte du besoin de l’armée ukrainienne de disposer rapidement d’unités au combat», concède l’officier, «mais on arrive à des résultats tout à fait corrects», tempère-t-il.
La tâche s’avère d’autant plus complexe que, à la barrière de la langue, s’ajoute une expérience au combat «très inégale» entre les éléments ukrainiens. Ainsi, «d’anciens chauffeurs routiers ou des agriculteurs» cohabitent avec des volontaires étant «passés par Bakhmout», relate Le Monde.
Ces centaines d’Ukrainiens appelés à rejoindre rapidement le front sont formés par les Français au déminage, au secourisme, au combat en milieu urbain ou encore à l’appui d’artillerie, différents domaines où l’armée française a développé son expertise durant les Opex de ces dernières décennies. «Des entraînements plus pointus sont dispensés aux tireurs d’élite, aux chefs de groupe, de section ou de bataillon» précise l’envoyée spéciale du Monde. Celle-ci note l’absence des canons Caesar et des AMX-10 RC, précisant que «les formations liées à ce type d’armement ont lieu uniquement en France».
Ukraine : les soldats formés par les chasseurs alpins ou les paras français maintenant au front
