Les députés ont adopté le 9 mai une résolution demandant d’inscrire Wagner sur la liste européenne des organisations terroristes. En réaction, le patron de la société militaire privée russe s’en est violemment pris à l'action française en Afrique.
331 voix pour, aucune contre : le 9 mai au Palais Bourbon, les députés ont adopté un texte non contraignant «visant à appeler la France et l’Union européenne à inscrire le groupe militaire privé Wagner sur la liste des organisations terroristes».
Les membres de Wagner poursuivent une stratégie globale, du Mali à l'Ukraine, de soutien à la politique d'agression hybride du régime de Poutine contre nos démocraties. Ses méthodes relèvent du terrorisme. Notre assemblée se prononce aujourd’hui. pic.twitter.com/dqUXc737aG
— Benjamin Haddad (@benjaminhaddad) May 9, 2023
«Non, les membres du groupe Wagner ne sont pas de simples mercenaires attirés par l’appât du gain», a lancé à ses homologues le député Renaissance Benjamin Haddad, porteur de la proposition de résolution, dépeignant une «armée du chaos» qui «soutient les régimes despotiques».
«Ils poursuivent une stratégie, globale, du Mali à l’Ukraine, de soutien à la politique d’agression du régime de Poutine contre nos démocraties. Ils sont un instrument de guerre hybride», a poursuivi l’élu parisien, au cours d’une allocution ponctuée d’attaques à l’encontre du Rassemblement national (RN).
Terroriste, une «indication à géométrie variable», fustige LFI
Avant le vote, le groupe La France insoumise (LFI) a tenu à faire part de son désaccord de principe, notamment quant à l’usage du terme «terroriste». «Vous l’avez tellement galvaudé», a ainsi interpellé Ersilia Soudais, depuis la tribune de l’Assemblée nationale. Pour la députée insoumise, c’est la «privatisation de la guerre» qui doit être condamnée, l’élue rappelant notamment que les dix plus grosses sociétés militaires privées «sont américaines, britanniques et canadiennes» et que la France n’est pas en reste.
.@ErsiliaSoudais fait part de ses doutes quant au fait de qualifier le groupe Wagner "d'organisation terroriste". "N'avez-vous pas peur que la portée symbolique de cette proposition de résolution ne se heurte fortement au principe de réalité ?"#DirectAN#GroupeWagnerpic.twitter.com/DW3Jq7Prqv
— LCP (@LCP) May 9, 2023
«Que ce soit Blackwater, Black Shield ou Wagner, elles sont toutes dans le collimateur de la justice pour des crimes de guerre. De ce fait, nous ne comprenons pas pourquoi seule Wagner doit être inscrite sur la liste européenne des organisations terroristes», développe l’élue de Seine-et-Marne, «c’est pourquoi nous refusons de cautionner une indication à géométrie variable».
«Ne risque-t-on pas de s’aliéner tous ces pays africains en déclarant que leur principal sous-traitant de sécurité intérieure est une organisation terroriste ?», interroge-t-elle également, après avoir souligné que les hommes de Wagner ont supplanté ceux «de l’ONU, de l’OTAN ou de la France» dans plusieurs pays du continent africain.
Wagner «n’a pas mis de bombe en France» déclare Dupont-Aignan
Les «mots ont un sens», estime pour sa part Nicolas Dupont-Aignan, lequel a déclaré au micro d’un journaliste de LCI qu’il ne voterait pas la «motion de circonstance» d’un «pouvoir aux abois». «Je ne vote pas n’importe quoi n’importe comment», assène-t-il, tout en répétant n’avoir «aucune sympathie pour cette milice», mais soulignant : «Pour l’instant elle n’est pas terroriste, elle n’a pas mis de bombe en France !»
«Le groupe Wagner n’est pas un groupe terroriste,il ne pose pas de bombe en France,je ne voterai pas là résolution»annonce Nicolas Dupont-Aignan à @LCI@TF1Info
NDA ajoute:«Je ne soutiens pas Zelensky»
Et ma question #toutestpol provoque un vif débat avec Sacha Houlié. #9maipic.twitter.com/0EChfCloLb— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) May 9, 2023
«Macron a décidé que la SMP Wagner est une organisation terroriste, pendant ce temps, dans de nombreux pays du monde, la SMP Wagner sauve des mains des Français et des Américains un grand nombre de personnes», a de son côté réagi Evgueni Prigojine, fondateur et patron de Wagner.
Prigojine défend son action en Afrique
«Nous avons sauvé un pays entier qui s’appelle la République centrafricaine, nous avons sauvé des dizaines de milliers de vies des mains des bandits, des terroristes et, le plus important, des mains des Français qui se moquaient tout simplement d’eux», assure l’oligarque, dans un message particulièrement véhément où il accuse les troupes françaises d’exactions.
Depuis plusieurs années, la diplomatie russe a constamment souligné la nécessité de ne pas confondre les actions de la société militaire privée Wagner et celles de ses troupes régulières. Entre autres, la Fédération de Russie n’est pas présente en République centrafricaine.
Les derniers militaires français ont quitté la Centrafrique