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«Bruxelles abuse de son pouvoir» : la Hongrie fustige l’accord européen sur la réforme de l’asile

Au lendemain d’un accord entre les ministres de l’Intérieur européens, ouvrant notamment la voie à une relocalisation contraignante des migrants au sein de l’UE, le gouvernement hongrois condamne un passage en force des instances européennes.

«Bruxelles abuse de son pouvoir. Ils veulent délocaliser les migrants en Hongrie par la force». Ce 9 juin au matin, Viktor Orban a fustigé l’accord décroché la veille sur la refonte de la politique d’asile au sein de l’UE. «C’est inacceptable ! Ils veulent transformer la Hongrie en pays d’immigrés par la force», poursuit le Premier ministre hongrois, dans son message posté sur Facebook.

Le 8 juin au soir, la présidence suédoise de l’UE annonçait être parvenue à dégager une majorité sur ce dossier sensible et bloqué depuis des années. «Je suis extrêmement heureuse et très fière», a déclaré à la presse Maria Malmer Stenergard, ministre suédoise des Migrations. «Pour être honnête, je ne pensais pas vraiment que je serais là à dire cela», a-t-elle confié.

20 000 euros par migrant refusé

Réunis à Luxembourg, les ministres de l’Intérieur des 27 ont adopté deux règlements, ouvrant la voie à leur examen au Parlement européen. En l’occurrence, la mise en place d’une procédure d’examen accélérée pour les demandeurs d’asile ayant statistiquement le moins de chance de se voir accorder le statut de réfugié et celle d’un «mécanisme de solidarité».

La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni lors d'une conférence de presse à Rome, le 11 novembre 2022, au cours de laquelle elle a dénoncé la «réaction agressive» de la France à l'accueil d'un navire de sauvetage de migrants rejeté par Rome.

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Ce dernier obligera les Etats membres à choisir entre accueillir sur leur sol des migrants arrivés dans les pays sous forte pression migratoire ou à verser une compensation financière. De l’ordre de 20 000 euros par migrant refusé, cette dernière sera versée sur un fonds géré par la Commission européenne afin de financer des projets liés à la gestion de l’immigration.

Une obligation «signifiant que les Etats membres n’auront plus leur mot à dire sur qui réside sur leur territoire», a fustigé le vice-ministre hongrois de l’Intérieur, Bence Retvari. Celui-ci a également critiqué un processus «bafouant les valeurs européennes», soulignant que les textes n’avaient été soumis que «quelques minutes, au mieux une demi-heure» avant le vote. «Les gouvernements pro-migration ont «fait pression» sur leurs partenaires, a déploré le responsable hongrois.

Des textes qui pourraient être adoptés avant le prochain scrutin européen

L’adoption de ces textes nécessitait l’aval de 15 des 27 Etats membres, représentant au moins 65% de la population de l’UE. La Hongrie et la Pologne ont voté contre. D’autres Etats, comme l’Italie, qui subit une pression migratoire toujours plus forte en Méditerranée, se sont félicités de cet accord.

«Nous avons écarté l’hypothèse selon laquelle l’Italie et tous les Etats membres de première entrée seraient payés pour garder les migrants irréguliers sur leur territoire», a déclaré dans un communiqué le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi. «L’Italie ne sera pas le centre d’accueil des migrants au nom de l’Europe», a-t-il ajouté.

«Ce ne sont pas des décisions faciles pour tous ceux qui sont autour de la table, mais ce sont des décisions historiques», a salué la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. «Tout cela n’est pas parfait, mais c’est en faisant ce compromis que nous arriverons à être plus efficaces et surtout à faire vivre l’Union européenne», a déclaré pour sa part le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a dû quitter la réunion en raison de l’attaque au couteau survenue à Annecy et où plusieurs enfants en bas âge ont été gravement blessés par un demandeur d’asile syrien.

Du côté de Bruxelles, la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johanssson a salué une «étape très importante». La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a évoqué une «percée», soulignant que son institution était prête à débuter les pourparlers.

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