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«Fichage d’éleves» lors de l’Aïd ? Sonia Backès tente d’éteindre la polémique

«Fichage» ou simple «étude d’impact de fêtes religieuses» ? Le 21 mai, Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la citoyenneté, a répondu à ceux qui s’indignaient que la police ait demandé des statistiques d’absentéisme à l’école lors de l’Aïd.

«Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ne pratique bien évidemment aucun fichage des élèves en fonction de leur confession.» Cette déclaration lancée le 21 mai par Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la citoyenneté, suffira-t-elle à étouffer la polémique ?

Les mères accompagnatrices bientôt officiellement autorisées à porter le voile lors de sorties scolaires (image d'illustration).

Le voile islamique restera finalement autorisé lors des sorties scolaires

Des chefs d’établissements scolaires ont récemment reçu des messages leur demandant l’impact de la fête de l’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du ramadan, sur l’absentéisme. Dans l’Hérault, ils provenaient du rectorat, qui a envoyé dès le lendemain un mail demandant de ne finalement pas en tenir compte. En Haute-Garonne, c’est la police, via les services de la préfecture, qui s’est fendue du courriel controversé, a-t-on appris le 19 mai. «À la demande des services de renseignements et pour effectuer un bilan sur cette journée, nous vous sollicitons pour connaître le pourcentage d’absentéisme le vendredi 21 avril, lors de la fête de l’Aïd. Merci de nous faire un retour rapidement», indiquait le message du 26 avril dernier.
Une demande qui émanait des «renseignements territoriaux», selon Marie-Cécile Périllat, co-secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire de Haute-Garonne (FSU 31), qui affirme avoir contacté l’auteur du mail en question. «C’est très inquiétant que les renseignements territoriaux assimilent une pratique religieuse, une fête musulmane très populaire, à une question de sécurité intérieure. En quoi cela concerne les renseignements territoriaux ?», s’inquiétait encore la responsable du syndicat d’enseignants.

«Dérives islamophobes» ?

François Piquemal, professeur d’histoire-géographie et député La France insoumise (LFI) de la 4e circonscription de Haute-Garonne ainsi qu’Agathe Roby, conseillère municipale LFI de Toulouse, se sont publiquement indignés de cette demande. Ils ont demandé des explications au rectorat et à la ville de Toulouse. AMC, le groupe d’élus d’opposition dont ils font partie, s’est fendu d’un communiqué dénonçant «une entorse grave aux principes fondamentaux de notre République».

De son côté, Jean-Luc Moudenc, maire Les Républicains (LR) de la ville rose, s’est également déclaré «extrêmement choqué qu’un tel comptage, basé sur l’appartenance religieuse d’écoliers, notamment toulousains, ait pu être demandé». La CGT Education rappelle pour sa part que l’Aïd «est un motif d’absence autorisée accordée par l’Education nationale depuis 2004», fustigeant «ces tentatives de fichage».

Le 19 mai dernier, le syndicat Sud Éducation dénonçait «les dérives islamophobes» et rappelait «que la liberté de conscience est une liberté fondamentale» accordée à tous les citoyens et «qu’il ne saurait y avoir de la part de l’Éducation nationale de fichage ethnique ou en lien avec une appartenance religieuse ou supposée».

Aïd al-Fitr, absentéisme record selon certains élus de droite

Même son de cloche pour la Ligue des droits de l’Homme (LDH) avec Jean-François Mignard, président de la LDH31 (Haute-Garonne), pour qui il s’agit «d’un ciblage discriminant».

Une accusation que réfute catégoriquement Sonia Backès : «Aucune donnée nominative n’a été ni demandée ni recensée à aucun moment.» «Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire», s’est-elle justifiée.

Du côté de la droite, plusieurs élus se sont indignés de l’absentéisme en ce jour de fête. Le 24 avril dernier, Florence Portelli, maire Les Républicains (LR) et vice-présidente de la région Ile-de-France, s’indignait auprès du Figaro qu’il manquait «400 élèves sur les 2 000 personnes scolarisées en cours élémentaire à Taverny» lors de l’Aïd al-Fitr. «En plus d’être ingérable pour les enseignants, c’est un immense gaspillage pour la cantine scolaire : les parents n’ont pas prévenu, et une quantité importante de nourriture a dû être jetée», déplorait encore l’élu, pour qui le fait d’être mis devant le fait accompli pose de graves soucis d’organisation pédagogique. «Dans une autre ville du Val-d’Oise, un autre élu recense plus d’un tiers d’élèves absents. A Paris, un conseiller d’arrondissement comptait seulement 20% d’élèves présents au primaire», relevait également le quotidien.

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