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L’emblème d’une division SS n’est pas un signe nazi, selon la Cour suprême ukrainienne

Annulant la décision de première instance, la haute juridiction ukrainienne a jugé que l'emblème de la division «Galicie», responsable de massacres pendant la Deuxième guerre mondiale, ne pouvait être assimilé à un signe d'appartenance au nazisme.

Un lion très polémique. Ainsi que le rapporte l’agence RIA Novosti, la Cour suprême ukrainienne a mis un terme le 5 décembre à une affaire vieille de 5 ans dans laquelle cet emblème de la division Waffen-SS «galicienne n°1», ou division «Galicie», était âprement discuté puisqu’il s’agissait de déterminer si celui-ci tombait sous le coup de la loi de 2015, qui proscrit à la fois les propagandes communiste et nazie.

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Si le tribunal de première instance avait estimé que l’emblème tombait bien sous le coup de l’interdiction des symboles nazis, la Cour suprême a infirmé ce jugement, n’y voyant pas un signe d’appartenance ou une référence au symbolisme du IIIe Reich.

«La Cour suprême a mis fin à une longue épopée judiciaire», a déclaré sur Facebook l’avocat de l’Institut ukrainien de mémoire nationale, Viatcheslav Iakoubenko, qui soutenait que ce symbole n’entrait pas dans le champ des interdictions de la loi de 2015. L’avocat a souligné que le dossier était désormais définitivement clos.

L’affaire avait débuté en 2017, lorsque l’Institut de mémoire nationale, saisi sur cette question, avait indiqué que les symboles de la division SS ne relevaient pas de la loi. Cette réponse avait conduit le président du comité des juifs d’Ukraine, Edouard Dolinsky, à intenter une action en justice contre l’Institut, donnant lieu à la première décision de justice en mai 2020.

Des commémorations polémiques dénoncées dans le passé

En avril 2021, un défilé polémique honorant la mémoire de la 14e division SS «galicienne n°1», ou Division «Galicie», s’était déroulé à Kiev et avait été condamné par le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un court communiqué. «Nous tenons à rappeler que la propagande des régimes totalitaires, en particulier du régime nazi, est strictement interdite en Ukraine», avait alors affirmé le ministère. «La défaite du nazisme a été une victoire pour notre peuple», avait déclaré pour sa part la présidence ukrainienne, condamnant la manifestation. Volodymyr Zelensky avait alors annoncé qu’une enquête avait été demandée au ministère de l’Intérieur pour traduire en justice «tous ceux qui ont enfreint la loi».

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Le rassemblement avait été condamné par l’ambassadrice d’Allemagne en Ukraine et avait provoqué de vives protestations de la diplomatie israélienne, choquée par cet hommage à une unité responsable, parmi d’autres éléments de la SS, de «certains des pires crimes» commis pendant la Deuxième Guerre mondiale. De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova avait dénoncé «l’impunité totale» dont disposaient «les adeptes de l’idéologie nazie-fasciste en Ukraine» selon elle, affirmant qu’ils bénéficiaient «du soutien des autorités du pays».

Plus récemment, le président russe Vladimir Poutine avait qualifié les Ukrainiens arborant ces insignes de la division SS «Galicie» de «scélérats», et dénoncé, dès le déclenchement de l’offensive en Ukraine, la présence d’éléments «néo-nazis» dans l’armée régulière de Kiev. 

Depuis le début du conflit, plusieurs polémiques ont éclaté au sujet du recours aux symboles nazis au sein des forces ukrainiennes, alors que l’opération militaire russe entamée en février a notamment été justifiée par Moscou par la nécessité de «dénazifier» le pays, et que ce motif invoqué est régulièrement tempéré ou remis en cause au sein du paysage politico-médiatique occidental.

Début novembre, la Russie a présenté à l’ONU un projet de résolution relatif à la «lutte contre la glorification du nazisme et du néonazisme» sous toutes ses formes, auquel les démocraties occidentales se sont opposées, y voyant un prétexte utilisé par Moscou pour «justifier une agression territoriale» contre son voisin.

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